Emmaüs, église de Bessans (Savoie)
Les premiers représentants de l’Eglise sur le terrain, les curés, furent aussi les premiers sollicités par les pèlerins, d’abord pour un toit. En Espagne, ils prirent des initiatives pour l’accueil des pèlerins. En France, l’abbé Ihidoy, curé de Navarrenx pendant 20 ans, a impressionné des milliers de pèlerins par sa capacité d’écoute et d’accueil, laissant des souvenirs inoubliables. Le nombre de curés diminuant inexorablement quand celui des pèlerins augmentait sans cesse, ces occasions de contact de l’Eglise avec le monde pèlerin se raréfièrent. Les pèlerins ne pouvaient plus en espérer le gîte et même ils trouvaient souvent des églises fermées. Ceci chagrinait aussi les amateurs d’art sans besoin d’un lieu de prière. Pour le gîte et le couvert, les propositions commerciales, associatives ou communales n’ont pas manqué, de l’hôtel de tourisme à la chambre chez l’habitant en passant par les gîtes municipaux ou privés. De leur côté, des laïcs chrétiens ont souhaité donner à l’accueil des pèlerins une dimension qui ne se trouvait pas dans ces offres. La création de l’hospitalité Saint-Jacques à Estaing fut la première initiative prise par des laïcs, en accord avec l’Eglise institutionnelle, pour répondre aux besoins spirituels du pèlerin tout en satisfaisant ses besoins matériels.
A l’image de celle d’Espagne, l’Eglise de France ne pouvait ni rester indifférente au mouvement pèlerin, ni se satisfaire d’initiatives individuelles, ni laisser aux associations laïques l’exclusivité des services aux pèlerins. En 1998, elle a créé son propre carnet de pèlerin, la créanciale, délivrée par un responsable religieux ou un représentant accrédité. Remise en mains propres uniquement, « signe d'un accueil confiant et réciproque entre le pèlerin et l'Eglise », elle permet une prise de contact avec les pèlerins au moment de leur départ. L’Eglise leur propose « un dialogue fraternel et confiant ouvrant à un approfondissement spirituel du pèlerinage ». Le principal point de délivrance de ce document est la cathédrale du Puy.
Tout pèlerin a ressenti au cours de sa marche le besoin d’une aide extérieure, souvent dans un moment de grande difficulté. Le moindre verre d’eau offert sous le soleil de la Meseta, une petite tasse de thé proposée dans le brouillard humide et froid d’un col peuvent prendre la dimension de dons inestimables. L’émotion de ces souvenirs est un puissant facteur de mobilisation. Pour « rendre ce qu’ils ont reçu sur le chemin » où ils ont découvert la vertu d’hospitalité certains se font ensuite « hospitaliers ». Ils se mettent au service des pèlerins dans des lieux d’accueil sur le chemin pour quelques semaines chaque année. Ce mouvement spontané s’exprime diversement.
Des bénévoles viennent compléter les effectifs de structures commerciales, leur permettant d’offrir des « tarifs pèlerins » ou un accueil spécifique. Parfois, il n’y a pas de tarif. L’absence de tarif est compensée par le donativo qui, dans le jargon pèlerin, désigne la contribution volontaire donnée par le pèlerin à son départ. Certains pratiquent l’hospitalité en ouvrant leur domicile au pèlerin de passage. D’autres enfin ont changé de vie et ouvert des gîtes permanents sur l’un des chemins de Compostelle. L’hospitalité peut ainsi être pratiquée par tout un chacun, soucieux d’accueillir l’étranger comme il aimerait être accueilli lui-même. C’est le cas le plus général.
Des bénévoles viennent compléter les effectifs de structures commerciales, leur permettant d’offrir des « tarifs pèlerins » ou un accueil spécifique. Parfois, il n’y a pas de tarif. L’absence de tarif est compensée par le donativo qui, dans le jargon pèlerin, désigne la contribution volontaire donnée par le pèlerin à son départ. Certains pratiquent l’hospitalité en ouvrant leur domicile au pèlerin de passage. D’autres enfin ont changé de vie et ouvert des gîtes permanents sur l’un des chemins de Compostelle. L’hospitalité peut ainsi être pratiquée par tout un chacun, soucieux d’accueillir l’étranger comme il aimerait être accueilli lui-même. C’est le cas le plus général.
Elle peut aussi être vécue explicitement comme une des sept œuvres de Miséricorde définies à partir de l’Evangile de Matthieu, « J’étais un étranger et vous m’avez accueilli ». Des accueils chrétiens ont vu le jour, soucieux de « recevoir le pèlerin comme le Christ qui chemine avec le pèlerin comme Il le fit avec les disciples d'Emmaüs » et selon la tradition monastique. Puis des associations de pèlerins ont organisé des chaines d’accueil. L’Eglise avait le souci de poursuivre le dialogue avec tous les marcheurs dont le pèlerinage exprime une quête à laquelle elle pense pouvoir répondre. Elle a reconnu dans ces accueils chrétiens un puissant outil d’évangélisation. Une association d’hospitaliers chrétiens, Webcompostella, est née, sous sa tutelle. Elle représente « l’Eglise du chemin », reconnaît un « évêque du Chemin », parle parfois de « curé du chemin ».
Le pèlerinage chrétien a pris une nouvelle dimension. Comment la société en bénéficiera-t-elle ? Souvent le pèlerin, émerveillé des « rencontres du chemin », ne sait pas voir son voisin de palier. Sera-t-il plus accueillant que cet évêque parlant des pèlerins à un président d’association « Je prends les bons, je vous laisse les autres ».