Institut recherche jacquaire (IRJ)

Je ne sais pas quoi vous demander


Rédigé par Pierre Prenat le 6 Juin 2007 modifié le 14 Mars 2023
Lu 68 fois

L'archivage du site de la Fondation nous permet de trouver des articles qui ont encore un air d'actualité. Voici des réponses rédigées par Pierre Prenat, responsable des réponses aux questions sur le pèlerinage reçues sur le site de la Fondation. Nous commençons par la plus insolite.
Elles seront regroupées dans une nouvelle Rubrique : " Questions de pèlerins "



"Je ne sais pas quoi vous demander mais j'espère que vous saurez quoi me répondre"

Voici le texte complet du message reçu de Sonia et la réponse qui lui a été faite.
"Peut-être n'est-ce qu'un lointain rêve, peut-être le début d'autre chose qui me pousse ce lundi sur votre site. Je ne sais pas quoi vous demander, mais j'espère que vous saurez quoi me répondre. Dans l'attente de vous lire..."

Bonjour Sonia. 
Votre message est vraiment très vague. Je vais essayer d'y répondre. Vous voulez avoir quelques précisions sur ce mystérieux et fascinant Chemin de Compostelle. Quelle que soit la raison qui vous pousse à le faire, (et qui ne me regarde absolument pas) vous verrez, c'est une aventure vraiment hors du commun.  
Tout d'abord, on retrouve une façon de vivre simple et naturelle. On marche, c'est la façon la plus naturelle de se déplacer. On n'est pas tenu de faire des exploits, personne n'a à vous juger sur le nombre de kilomètres que vous ferez que ce soit cinq kilomètre une journée ou cinquante une autre. Vous faites comme vous voulez et surtout comme vous pouvez. (il faut apprendre à ménager son corps et surtout à reconnaître ses signes d'alarme. Vous verrez que vous pouvez beaucoup et que vous ne le saviez pas. Bien entendu, je parle d'un chemin fait avec la plus grande simplicité, c'est à dire pas d'hôtel ni de restaurant. Des casses-croûtes et des pique-niques... repas au gîte lorsqu'il y en a un sinon on se débrouille. On retrouve la simplicité et la rudesse des anciens.  
Ensuite, vous allez vers un but, Compostelle. Qu'y a-t-il au bout ? Là est la question. Pour moi, j'ai trouvé :

La patience. C'est long une journée de marche avec la chaleur ou le froid, la soif, la fatigue, quelquefois les douleurs... 
on trouve aussi l'endurance,
L'humilité, finalement on se rend compte qu'on n'est pas meilleur que l'autre qui fait la même chose. On est bien obligé de reconnaître que là on est moins fort qu'on le croyait. Ou alors, on ne se met pas en avant lorsque l'on a mieux résisté... 
Le partage, on partage tout, non seulement ses provisions lorsqu'on chemine avec quelqu'un qui n'a rien ou peu, on partage des idées, on partage les joies ou des peines, etc... l'amitié. Sur le Chemin il se forme une grande famille dont les liens sont quelquefois très solides. On se fait de vrais amis.
La tolérance, on fait le même parcours, on rencontre des gens qui ne nous plaisent pas. On est bien obligé de les supporter. On est dans un dortoir où certains ronflent. Ils n'y peuvent rien. Il faut apprendre à supporter, certains ont des idées à l'opposé des vôtres, il faut bien apprendre à supporter, à accepter la différence. Nous ne sommes plus le centre du monde. Finalement, ce chemin est un apprentissage de la sagesse. Vous verrez, lorsque vous l'aurez fait, toute votre vie sera changée. Il ne faut pas se dire que c'est quelque chose de difficile. Tout le monde peut le faire. J'ai vu un couple de 75 ans qui est parti du Puy, qui ne pensait même pas arriver jusqu'à Conques. Ils étaient à Compostelle deux mois et demi après, tout étonnés d'avoir pu faire tout ce trajet alors qu'ils n'avaient jamais marché auparavant. 
Je ne sais pas si j'ai répondu à vos questions non formulées, je suis prêt à répondre à des questions plus précises. 
Croyez en mon amitié jacquaire