2010, deuxième année sainte du millénaire
Afiche 2010
Chaque année, la fête de saint Jacques revêt à Compostelle une importance particulière. En 2010, la Galice attend 12 à 15 millions de visiteurs et sans doute plus de 200 000 pèlerins y arriveront à pied ou avec un moyen de locomotion non mécanique dont beaucoup viendront demander leur Compostela, le certificat authentifiant leur pèlerinage.
La Lettre pastorale de l'archevêque de Compostelle publié par l'Agence ZENIT dont le texte est accessible en fin d'article donne le sens spirituel des années saintes. Que sont-elles ? D'où en vient la coutume ?
La Lettre pastorale de l'archevêque de Compostelle publié par l'Agence ZENIT dont le texte est accessible en fin d'article donne le sens spirituel des années saintes. Que sont-elles ? D'où en vient la coutume ?
A l'origine le Jubilé biblique
Le mot jubilé trouve son origine du mot hébreu yobhel qui signifie corne de bélier. L’origine des jubilés est en effet dans une coutume des Hébreux qui, tous les 50 ans, consacraient une année à Dieu. Cette année était annoncée par des sonneries de trompes, faites avec des cornes. C’était une année de fête. A l’échelle des années, l’année jubilaire arrivant après 7 semaines d’années (49 ans) était un peu comme est (ou devrait être) le dimanche, un temps consacré à Dieu. En français courant, le verbe jubiler existe, même s’il est peu employé. Il signifie se réjouir vivement. Mais il a aussi une connotation un peu méchante, jubiler c’est aussi « se réjouir des malheurs d’autrui » dit le Petit Robert. Oublions-la pour retenir que jubiler c’est éprouver une grande joie. Le mot jubilé, lui, désigne une fête marquant un anniversaire important à un double titre. Il s’agit d’un événement unique pour la personne concernée (le mariage, la prêtrise, un doctorat) mais aussi cet anniversaire marque un temps assez long. On ne célèbre pas un jubilé chaque année, c’est un anniversaire exceptionnel. Souvent le premier jubilé marque le cinquantième anniversaire.
Deux références permettront à ceux qui le souhaitent de mieux connaître les jubilés de l’Ancien Testament : Isaïe 61,2 et le chapitre 25 du Lévitique.
Deux références permettront à ceux qui le souhaitent de mieux connaître les jubilés de l’Ancien Testament : Isaïe 61,2 et le chapitre 25 du Lévitique.
Les années saintes à Rome
Dans le Nouveau Testament, Jésus dit qu'il vient annoncer “ une année de grâce du Seigneur ” (Lc 4,16). Cette annonce reprend une coutume consistant à marquer de façon particulière certaines années.
L’Eglise a renoué avec cette coutume sous la forme des années saintes (on dit aussi jubilé ou année jubilaire). A Rome d’abord, le pape Boniface VIII institue un jubilé renouvelable tous les 100 ans, l’année 1300 étant la première de ces années jubilaires. La grâce accordée est une indulgence plénière pour tous ceux qui visiteront chaque jour pendant 15 jours les églises Saint-Pierre et Saint-Paul. Clément VI (1342-1352) prévoit ensuite un jubilé tous les 50 ans, donc un jubilé en 1350. En 1450 Nicolas V (1447-1455) instaure enfin un jubilé tous les 25 ans. Ces années sont appelées années saintes parce qu’elles sont une invitation particulière à se sanctifier.
A la suite de Rome, certains grands sanctuaires, soucieux de renforcer le flux de leurs pèlerins, ont défini des années saintes spécifiques. Ce fut le cas à Compostelle ou au Puy-en-Velay.
L’Eglise a renoué avec cette coutume sous la forme des années saintes (on dit aussi jubilé ou année jubilaire). A Rome d’abord, le pape Boniface VIII institue un jubilé renouvelable tous les 100 ans, l’année 1300 étant la première de ces années jubilaires. La grâce accordée est une indulgence plénière pour tous ceux qui visiteront chaque jour pendant 15 jours les églises Saint-Pierre et Saint-Paul. Clément VI (1342-1352) prévoit ensuite un jubilé tous les 50 ans, donc un jubilé en 1350. En 1450 Nicolas V (1447-1455) instaure enfin un jubilé tous les 25 ans. Ces années sont appelées années saintes parce qu’elles sont une invitation particulière à se sanctifier.
A la suite de Rome, certains grands sanctuaires, soucieux de renforcer le flux de leurs pèlerins, ont défini des années saintes spécifiques. Ce fut le cas à Compostelle ou au Puy-en-Velay.
Pour Compostelle une fausse bulle pontificale
A Compostelle, les années jubilaires sont celles où le 25 juillet, fête de saint Jacques, est un dimanche, en mémoire de la découverte du tombeau de saint Jacques qui aurait été faite un dimanche. Elles se présentent avec une périodicité de 11, 6, 5, 6 ans. Compostelle a longtemps cherché à faire admettre l’antériorité de son année sainte. Ainsi, la Chronique d’Alphonse VII, document rédigé à la gloire de ce roi de Galice fait remonter à 1122 l’octroi par Rome de cette année jubilaire. Un autre document a aussi été mis en avant, une bulle papale de 1179 mais cette bulle est un faux car elle cite le jubilé de Rome qui lui est postérieur. Il est possible que l’année sainte ait été instaurée en 1322 par l’archevêque Béranger de Landore.
Néanmoins, le site de la cathédrale du Puy, peu soucieux de vérité historique, n'hésite pas à affirmer encore aujourd'hui :
" La tradition attribue au pape Calixte II (1119-1124), d'accorder en 1122 à Compostelle le premier « jubilé plein de l'année sainte » qui permettait aux pèlerins de bénéficier de l'indulgence plénière (rémission totale des péchés). Par la bulle pontificale Regis Æterni promulguée en 1179, le pape Alexandre III confirmera ce privilège qui fait de Saint-Jacques-de-Compostelle une ville sainte à l'égale de Rome et Jérusalem ".
Dans l'histoire, les années saintes compostellanes ont souvent été l'occasion de rassemblements importants de pèlerins (pèlerins anglais venant en bateau plus nombreux ces années là) ou de manifestations spéciales en Espagne comme le Pas d'Armes de Suero de Quinones.
Le pèlerinage à Compostelle étant tombé dans l’oubli au XIXe siècle, même les années saintes ne voyaient pas un grand nombre de pèlerins. La reconnaissance des reliques par Léon XIII leur a donné un nouvel élan.
Néanmoins, le site de la cathédrale du Puy, peu soucieux de vérité historique, n'hésite pas à affirmer encore aujourd'hui :
" La tradition attribue au pape Calixte II (1119-1124), d'accorder en 1122 à Compostelle le premier « jubilé plein de l'année sainte » qui permettait aux pèlerins de bénéficier de l'indulgence plénière (rémission totale des péchés). Par la bulle pontificale Regis Æterni promulguée en 1179, le pape Alexandre III confirmera ce privilège qui fait de Saint-Jacques-de-Compostelle une ville sainte à l'égale de Rome et Jérusalem ".
Dans l'histoire, les années saintes compostellanes ont souvent été l'occasion de rassemblements importants de pèlerins (pèlerins anglais venant en bateau plus nombreux ces années là) ou de manifestations spéciales en Espagne comme le Pas d'Armes de Suero de Quinones.
Le pèlerinage à Compostelle étant tombé dans l’oubli au XIXe siècle, même les années saintes ne voyaient pas un grand nombre de pèlerins. La reconnaissance des reliques par Léon XIII leur a donné un nouvel élan.
Les années saintes contemporaines
Les premières années saintes du XXe siècle ont été 1909, 1915, 1920, 1926. Les archives en France sont pauvres en documents sur elles. Elles deviennent plus riches à partir de l'année sainte 1937 dont les célébrations ont été réduites à cause de la guerre civile mais qui a été prolongée exceptionnellement en 1938 par le pape Pie IX.
En 1948, première année sainte d’après guerre, Compostelle accueillit des dizaines de milliers de jeunes pour un pèlerinage de la paix auquel l'action catholique espagnole pensait depuis le milieu des années trente.
En1954, un pèlerinage de la Paix fut organisé par Pax Christi et conduit par Mgr. Feltin, cardinal-archevêque de Paris, président de cette association.
1965 marque le début de la promotion contemporaine des chemins de Compostelle par René de La Coste-Messelière qui y organise des chevauchées rappelant les parcours des chevaliers médiévaux. Mais c’est l’année sainte 1982 qui peut être considérée comme la véritable année à l’origine du renouveau contemporain. Le pape Jean-Paul II se fait lui-même pèlerin de Saint-Jacques. De Compostelle il lance son appel à l’Europe qui a marqué les mémoires :
« ô vieille Europe je te lance un cri plein d’amour : retrouve toi toi-même, sois toi-même, découvre tes origines, renouvelle la vigueur de tes racines, revit ces valeurs authentiques qui couvrirent de gloire ton histoire et firent bénéfique ta présence dans les autres continents ».
Et il convoque la jeunesse à Compostelle pour les JMJ (Journées Mondiales de la Jeunesse) de 1989.
L’année sainte 1993, apporte à Compostelle après les JMJ, la première vague approchant 100 000 pèlerins, qui sont près de 160 000 en 1999 dernière année jubilaire du XXe siècle, 180 000 en 2004, première année sainte du nouveau millénaire.
En 1948, première année sainte d’après guerre, Compostelle accueillit des dizaines de milliers de jeunes pour un pèlerinage de la paix auquel l'action catholique espagnole pensait depuis le milieu des années trente.
En1954, un pèlerinage de la Paix fut organisé par Pax Christi et conduit par Mgr. Feltin, cardinal-archevêque de Paris, président de cette association.
1965 marque le début de la promotion contemporaine des chemins de Compostelle par René de La Coste-Messelière qui y organise des chevauchées rappelant les parcours des chevaliers médiévaux. Mais c’est l’année sainte 1982 qui peut être considérée comme la véritable année à l’origine du renouveau contemporain. Le pape Jean-Paul II se fait lui-même pèlerin de Saint-Jacques. De Compostelle il lance son appel à l’Europe qui a marqué les mémoires :
« ô vieille Europe je te lance un cri plein d’amour : retrouve toi toi-même, sois toi-même, découvre tes origines, renouvelle la vigueur de tes racines, revit ces valeurs authentiques qui couvrirent de gloire ton histoire et firent bénéfique ta présence dans les autres continents ».
Et il convoque la jeunesse à Compostelle pour les JMJ (Journées Mondiales de la Jeunesse) de 1989.
L’année sainte 1993, apporte à Compostelle après les JMJ, la première vague approchant 100 000 pèlerins, qui sont près de 160 000 en 1999 dernière année jubilaire du XXe siècle, 180 000 en 2004, première année sainte du nouveau millénaire.