Institut recherche jacquaire (IRJ)

Une béquille pour un dolmen


Rédigé par le 19 Novembre 2015 modifié le 1 Février 2024
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La restauration de ce dolmen fait partie des mesures prises pour répondre aux exigences de l'UNESCO qui s'intéresse à la protection et la gestion des monuments et non des chemins. La publication d'une lettre reçue de Gréalou en réaction à notre article " Quitter l'abri du dolmen ", précède des précisions sur le choix mal justifié de ce monument. Il ouvre une piste pour lui donner une place historiquement justifiée.



L'avis d'une Gréaloise

Une restauration qualifiée d'exemplaire
Une restauration qualifiée d'exemplaire
Merci d'avoir exprimé votre mécontentement !
Enfin quelqu'un qui s'exprime choqué par la restauration du Dolmen Pech Laglaire de Gréalou,  heurté par ce redressement presque militaire d'une aussi vieille Pierre qui glissait tout doucement, pendant des siècles, comme un nuage vers Terre .......
Restauration certes bien intentionnée, mais ratée dans son exécution. Je pense qu'il a manqué des yeux d'historien et d'ethnologue pour de tels travaux.
Il ne suffisait pas d'avoir de la bonne volonté et les subventions disponibles, à ce moment précis, pour entreprendre une telle restauration d'un Dolmen millénaire – préhistorique – qu’il n'était bien sûr pas, question de rebâtir comme pour faire un « simple muret » au bord du chemin.
Donc là, je pense, il manqué des avis de gens compétents sur la question. Mais ils auraient peut-être augmenté aussi les dépenses pour une telle oeuvre. Il y a bien sûr toujours des excuses !
J'ai un Gîte à Gréalou, l'Atelier des volets bleus, sur la place de l'église, depuis bientôt 15 ans et j’ai le plaisir d’accueillir toute l'année des pèlerins qui arrivent de tous horizons et de toutes nationalités.
Avant cette intervention sur le Dolmen, je me faisais une joie de leur en parler ou de les accompagner sur ces lieux empreints d'Histoire. Depuis, je n'en parle même plus car je suis trop triste, ... et la petite clôture autour exprime le reste, … trop de bonne volonté peut même étrangler un vieux Dolmen !
Pour améliorer réellement l’accueil dans ce petit village du Causse, il fallait créer enfin des sanitaires publics au centre, c’est une urgence attendue. Et là, en face de l'église, où tous les pèlerins cherchent à s’asseoir pour partager leurs pics-nics sur le grand mur et profiter du calme et - pourquoi pas, faire un petit somme à l'ombre bienveillante des vieux platanes ? – il faut installer des bancs.... et aussi entourer enfin ces vilains containers de poubelles avec du bois ou un mur, comme c'est presque devenu une règle dans beaucoup de villages environnants. Et ainsi, créer avec ces gestes un espace accueillant et propre !
Je pense que cela serait autrement apprécié, que cette vilaine béquille sous le ventre de la Bête des millénaires !
Amicalement vôtre
Esther Marcoux,
Atelier des volets bleus à Gréalou

Pourquoi ce dolmen sur le chemin de Compostelle ?

Le dolmen en 2009
Le dolmen en 2009
Classé monument historique en 1978, il est le seul dolmen français inscrit au Patrimoine mondial.
Qui a bien pu imaginer qu'un dolmen pouvait être représentatif des chemins de Compostelle ? Nous ne le savons pas. Son inscription est justifiée ainsi :
Sa position en bordure immédiate d'une dérivation du chemin de Saint-Jacques nous le fait retenir dans cette sélection… Il est un des éléments immuables du paysage traversé par les pèlerins venant du Puy et les légendes locales se font encore l'écho des récits merveilleux que ces « tombes des géants » faisaient naître. Ce dolmen a été sacralisé par l'implantation d'une croix de chemin sans doute d'origine médiévale. Un modeste panneau de bois indique la direction de Saint-Jacques car les pèlerins empruntent encore cette voie. Il illustre de façon émouvante la permanence du réseau des communications dans notre histoire.
Les experts de l'UNESCO étaient-ils émus au point de perdre tout sens critique et de faire preuve d'un grand laxisme ?
Ils n'ont manifesté aucun respect pour ceux qui ont construit ce dolmen. N'était-il pas déjà sacré  dans leur culture ? 
Ils ne se sont pas souciés de la date récente de la dérivation d'un chemin tracé dans les années 1970. Négligences coupables à nos yeux. L'UNESCO a ensuite couvert le " mensonge " consistant a appeler " chemins " un ensemble de biens. Et, brandissant la menace d'une désinscription, elle a poussé à la restauration du dolmen.

 

Une réaction significative

Cet exemple montre bien la différence d'approche entre l'UNESCO représentée par les Directions Régionales des Affaires Culturelles qui s'intéressent aux monuments plus qu'aux chemins et aux équipements nécessaires à ceux qui les parcourent. Quand en plus leur intervention est de mauvaise qualité, c'est triste.

Réconcilier le dolmen et le pèlerinage

Faire preuve d'imagination en utilisant les outils de l'UNESCO  pour éclairer le choix des monuments serait utile. Un critère a été oublié au moment de l'examen du dossier proposé par la France, le critère III.
Apporter un témoignage unique ou du moins exceptionnel sur une tradition culturelle ou une civilisation vivante ou disparue.
N'y a-t-il pas là une reconnaissance de la tradition pèlerine présente dans toutes les cultures ? Avec cette approche, le dolmen, dans sa sacralité, reconnue au lieu d'être bafouée, trouverait sa place sur nos chemins contemporains de pèlerinage. Son ancienneté le ferait passer de la position du plus exotique des biens représentant les chemins de Compostelle à celle du plus authentique témoin d'un culte.