De l’Inscription à la Déclaration de Valeur Universelle Exceptionnelle
En 1998, 71 sites et 7 tronçons du GR 65 ont été inscrits au Patrimoine mondial « au titre des chemins de Compostelle en France ». Le « caractère exceptionnel » de cette inscription a été souligné dans la lettre du ministère de la Culture demandant la préparation de documents présentant ces sites et précisant
« il a été convenu de ne retenir que des sites comportant des monuments majeurs et parfaitement attestés comme appartenant au pèlerinage jacquaire ».
L’inscription de 1998 devaient donc attester du caractère jacquaire de chaque site. Les justificatifs produits pour 18 des 71 sites ne mentionnent ni Compostelle ni saint Jacques qui sont souvent évoqués d'une façon n'ayant rien à voir avec une attestation.
Or leur contenu avait été " convenu ". Avec qui ? Y aurait-il eu un accord préalable pour que l’Unesco accepte l’artifice d’inscrire cet ensemble de sites disparates comme un Bien unique dénommé « Chemins de Compostelle en France » et ce malgré des justifications si ténues qu'elles sont parfois inexistantes ?
Or leur contenu avait été " convenu ". Avec qui ? Y aurait-il eu un accord préalable pour que l’Unesco accepte l’artifice d’inscrire cet ensemble de sites disparates comme un Bien unique dénommé « Chemins de Compostelle en France » et ce malgré des justifications si ténues qu'elles sont parfois inexistantes ?
Une valeur universelle exceptionnelle ?
Dans le vocabulaire de l'Unesco, chaque Bien doit avoir une VUE, " Valeur Universelle Exceptionnelle " répondant à des critères qui ne sont pas ceux de la compréhension courante et subjective de ces trois mots.
Vingt ans plus tard, pour obtenir la Déclaration de Valeur Universelle Exceptionnelle (DVUE) de ce Bien, la France dut fournir de nouveaux justificatifs, adoptés en 2017 et présentés à l’occasion du 20eanniversaire de l’inscription, en 2018.
Les justificatifs d’inscription de 1998 devaient souligner le caractère jacquaire de chaque site. Qu'en est-il de ceux qui ont permis d'obtenir la DVUE ?
Les arguments portant sur la mise en œuvre du plan de gestion du bien « Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France » la définition de sa " zone tampon ", la rédaction de rapports périodiques semblent avoir été à ce stade plus importants que la nature du Bienet son caractère jacquaire.
Les arguments portant sur la mise en œuvre du plan de gestion du bien « Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France » la définition de sa " zone tampon ", la rédaction de rapports périodiques semblent avoir été à ce stade plus importants que la nature du Bienet son caractère jacquaire.
Des itinéraires étant impossibles à protéger d'une " zone tampon ", la VUE a conduit à voir les chemins sous leur aspect symbolique, ce que nous proposions en 2009 dans notre livre Chemins de Compostelle et Patrimoine mondial. Mais il aurait fallu pour cela que l'Unesco choisisse, en 1998, l'unique critère correspondant à la réalité car porteur de sens. Mais elle n'aurait pas satisfait les demandeurs français qui rêvaient que leurs chemins soient comparables au Camino francés.
Quelles comparaisons avons nous faites ?
Les caractéristiques architecturales ou qualités artistiques de chaque monument constituent l'essentiel des dossiers mais sont de moindre intérêt pour qui s'intéresse au pèlerinage et au culte rendu à saint Jacques.
Ces monuments ayant été choisis en fonction de leur « appartenance au pèlerinage jacquaire » (au moins en théorie), nous avons limité nos comparaisons aux références à saint Jacques, aux pèlerins de Compostelle et aux relations historiques entre le monument considéré et Compostelle.
- Des extraits du livre Chemins de Compostelle et Patrimoine mondial, comprenant le justificatif de l’inscription ou, en son absence, les informations données par le dossier d’inscription accompagnés de nos commentaires
- Les nouvelles descriptions de la DVUE
Parmi les surprises
Toute référence à Compostelle, à saint Jacques ou au pèlerinage disparaît de 27 composantes du Bien qui en possédaient, en particulier la majorité des étapes les plus importantes de ce qui était dénommé le Grand chemin de Saint-Jacques. Comment les expliquer ?
Notre livre a servi
Lorsque les justificatifs de 1998 nous paraissaient notoirement insuffisants en regard de l’objectif jacquaire, notre livre faisait des propositions pour les compléter. La comparaison montre qu'une dizaine d'entre elles ont été adoptées à notre insu. Elles sont soulignées par l'utilisation de caractères Comic Sans MS.
Une étape majeure supprimée
Une surprise de taille pour le Puy-en-Velay. En 1998, Etape majeure sur la route de Compostelle depuis le XIIe siècle, la ville, en 2018, ne se présente pas spécialement comme une étape vers Saint-Jacques.
La nouvelle description commence ainsi : Lieu de pèlerinage par lui-même, Le Puy ne se présente pas spécialement comme une étape vers Saint-Jacques. Pourtant le sanctuaire est indiqué par le Codex Calixtinus comme le départ d’une des quatre grandes voies jacquaires, la Via Podiensis, ce qui est dû d’abord à son importance propre.
Dire que le Codex calixtinus, en son dernier Livre, faisait du Puy un point de départ est une erreur habituelle. Ce Livre parle d'un chemin " passant par Le Piy ".
Il est par contre nouveau et historiquement exact, de souligner l’importance propre de ce sanctuaire marial.
Il est par contre nouveau et historiquement exact, de souligner l’importance propre de ce sanctuaire marial.