Des Monts du Velay à la Costa da Morte
« Se préparer au pire, espérer le meilleur, prendre ce qui vient »L’auteur décrit avec complaisance et force détails les 64 étapes parcourues du Puy-en-Velay à Fisterra, sans tenter de cacher celles qui n'ont pas été faites à pied, comme le font certains récits.
La régularité et une certaine monotonie de la vie du pèlerin sont bien rendues. L’auteur ne manque pas d’écrire chaque soir, jusqu’au dernier « Demain une autre étape … ». Et beaucoup de ses rencontres sont conclues par « nous ne la, le, les reverrons plus … ». Certains pourront se lasser de ces répétitions, d’autres les recevront comme des refrains prolongeant une mélodie. Ce quotidien est ponctué d’aléas heureux ou malheureux qui en rompent la monotonie. Les premiers, « petits miracles du chemin », sont nombreux car l’auteur y est très sensible. Ils sont accueillis avec une reconnaissance et une joie que l’auteur sait transmettre. Les seconds sont décrits de telle façon que le lecteur en rit le plus souvent et comprend qu’ils ont été vécus avec philosophie. La phrase de Confucius placée en exergue, est ainsi bien illustrée. Exploités par un humoriste ces aléas pourraient donner des sketchs hilarants. Volontairement ou non, ce livre fait rire.
Les rencontres sont évidemment nombreuses et leur intérêt souvent souligné. Quand elles ont lieu autour d’une table, le menu est cependant plus détaillé que le contenu des conversations. Constatation faite dans de nombreux récits.
Dès les premières étapes le pèlerin souffre de la qualité du chemin. Mais marcher parfois « à quatre pattes », patauger dans les flaques ou dans la boue, voire y tomber sera toujours préférable à une marche sur une route goudronnée. Les puristes partageront cet avis. Beaucoup se demanderont s’il faut vraiment souffrir ainsi pour « faire Compostelle ».
Les pèlerins se plaisent à dire qu’ils marchent sur les pas de « millions de pèlerins médiévaux »¸ comme on l’enseigne encore au Puy. Ce livre rend bien compte de ce qu’écrivent ceux qui marchent sur les traces des pèlerins du XXe siècle, sans grand souci ni de l’histoire ni du patrimoine ni des personnes rencontrées. En ce qui concerne l’histoire, l’auteur a eu la grande sagesse de ne pas recopier les clichés habituels. Il a aussi largement oublié saint Jacques, préférant implicitement saint Camino.