Il était une fois une souris grise, Misouette-Souricette, qui n'avait jamais eu de souriceaux. Elle se désolait à chaque saison en voyant ses amies caresser leurs bébés. Elle fit comme font les dames, elle alla en pèlerinage chez les saints du voisinage qui donnait des bébés à celles qui ne pouvaient pas en avoir, en particulier saint Greluchon.
- Elle donnait en cadeau aux souris qui gardaient ces lieux de pèlerinage des grains de blé. Rien n’y faisait.
- Elle alla demander conseil à des mulots sorciers et à de vieilles taupes magiciennes.
Rien n'y faisait.
Un jour, une voisine lui conseilla de partir en pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle puisque, c’est bien connu, saint Jacques a ce pouvoir de donner des enfants à celles qui ne peuvent pas en avoir (une méchante histoire traîne même sur les chemins : un mari parti en demander un à saint Jacques en trouva deux en revenant).
Elle prit son costume de voyage, avec panetière et bourdon, reçut la bénédiction que l’on donne aux pèlerins et la voilà partie.
Mais le voyage de Saint-Jacques est rude pour une souricette. Misouette se trompait aux carrefours et se perdait dans les champs. Ses provisions grignotées, elle mendia quelques graines en route.
Enfin, un soir de pluie, elle arriva dans la cour d'une ferme. La pèlerine grimpa dans une treille, jusque sous le rebord du toit et, voyant un nid d'hirondelle, elle avança timidement le museau et demanda :
- « Madame l'hirondelle, abritez par pitié une pauvre pèlerine. La faim et le froid m'affaiblissent et j'ai très peur des chats que je vois partout dans cette ferme.
- « Volontiers fit l'hirondelle, en soulevant une aile pour lui faire place. Je vous logerais même une semaine et je vous nourrirais de beau blé mûr si vouliez tenir chaud à ces quatre œufs que je couve. Mon mari s'est laissé croquer par les buses, et je dois couver toute seule et je m’ennuie…
- « Hélas, murmura Misouette, je n'ai jamais eu de souriceaux, mais je donnerais pour eux toutes mes promenades et toutes nos fêtes de souris si saint Jacques m'accordait des bébés.
- « Chacun son goût, reprit l'hirondelle. Chouchoutez tant que voulez ces œufs stupides qui m’ennuient. Arrêtez un moment votre pèlerinage, vous verrez que des enfants, c’est bien difficile à élever.
Pendant ce temps, moi, la vive Turlurelle, la flèche d'azur noir, la sœur des éclairs, j'irai me dégourdir les ailes et danser autour des clochers avec mes amis.
Misouette ne pouvait pas refuser. Dès l'aube, l'hirondelle s'envola, tandis que la souricette, demeurée au nid sur les quatre œufs tièdes et doux, sentait son cœur de maman sauter d’émotion.
Elle se faisait toute légère par crainte de les casser. Et jamais elle ne les quittait, pas même lorsque l'hirondelle oubliait tout le jour de lui apporter à manger, ce qui arriva plus d'une fois.
Dame Turlurelle, ivre de liberté, planait en plein ciel au-dessus des campagnes et des bois. Si elle n'avait pas mieux à faire, elle passait près de son nid vers midi en criant : « tout va bien ici ? cui…cui… et jetait quelques épis à Misouette. Elle ne rentrait qu'à la nuit…
Et quand les vieilles hirondelles, surprises de la voir toujours en l'air, la grondaient au passage :
- « Turlurelle, ma mie Turlurelle, tu vas laisser froidir tes œufs !
Elle leur répondait fièrement :
- « J'ai engagé une nourrice pour couver. Ce sont les sottes qui couvent elles-mêmes.
Suite et fin demain
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Une amie confinée nous envoie cette vidéo Petite ville Grand coeur réalisée par les pèlerins de Lébény en Hongrie. Ils partent de leur église Szent Jakab. Son mari vient d’y être enterré. Après plus de 60 ans d’exil en France où il fonda une famille, il a retrouvé sa paroisse natale. Il est maintenant sur le « Chemin de saint Jacques », celui qui mène au Paradis.
https://www.youtube.com/watch?v=555nebl3HpA