Les Pas d'armes successeurs des tournois du XIIe siècle
L'image habituelle d'un tournoi est celle d'un affrontement entre deux adversaires dans un espace clos. Il n'en était pas de même au XIIe siècle. Les tournois opposaient des foules d'adversaires dans des espaces infinis. Le danger, la densification de l’habitat et des cultures avaient eu raison de ces usages.
Entre 1400 et 1450 la chevalerie renouvela la pratique des tournois de ses ancêtres Pour renouer avec cet esprit de liberté et d’espace, elle fit du tournoi une fiction mi-théâtrale, mi-sportive sur le thème des romans arthuriens et de la poésie courtoise, où se mêlent l’Amour courtois et la quête du Graal.
Le fil de l’histoire est toujours le même, un jeune chevalier porte une « empreinte du bracelet de Vénus, donnée par sa dame » qu’il s’engage à porter pendant plusieurs années, voire jusqu’à la fin de son amour. Pour s’en défaire, il s’inspire du thème mythique du passage à franchir ou à défendre, d’où le nom de Pas d’armes, né en Castille vers 1430.
Ces Pas se sont joués dans toute l’Europe, selon des thèmes différents (Pas de l’Arbre Charlemagne, de la « Fontaine aux Pleurs », etc.). Ils se déroulaient sur plusieurs jours devant de nombreux spectateurs, dans des lieux aménagés et décorés pour la circonstance, avec pavillons, chapelles, hôpitaux pour soigner les blessés…
Une scène exceptionnelle
- soit se poster lui-même sur un passage périlleux proche de son château et défier tous les chevaliers en chemin vers Compostelle.
Jean de Werchin
« Me partirai pour aller à monseigneur saint Jacques en Galice [par] le droit chemin qui passe par le royaume de France, Bordeaux, le comté de Foix, les royaumes de Navarre puis de Castille, Compostelle puis au retour Portugal, Valence, Aragon, Catalogne, Avignon » .
Jehan de Saintré
Une œuvre littéraire, inspirée de faits plus ou moins réels, L’histoire du petit Jehan de Saintré présente le passage à la Cour de France d’un chevalier polonais, accompagné de quatre nobles barons. Il accomplit ses armes sur le chemin de Saint-Jacques pour « acquérir honneur, et la très désirée grâce de sa dame » pour l’amour de laquelle il s’était engagé à porter pendant cinq ans une emprise faite de « deux cercles d'or, l'un au-dessus du coude gauche, et l'autre au-dessus du coup de pied, reliés par une longue chaîne d'or ». Là, le chevalier est battu et, après cinq jours de fête, il reprend la route pour « faire son voyage à saint Jacques ».
Louis de Luxembourg
Un autre chevalier, le très noble Louis de Luxembourg qui fut connétable de France en 1465 puis décapité pour trahison en 1475 (il avait joué double jeu entre Louis XI et le duc de Bourgogne) est lui-même parti de cette manière pour Compostelle vers 1450. Ce fut un échec, mais dans l’honneur
« Il porta emprise par un an entier avec l’intention d’avoir à combattre tous ceux qui le voudraient. Il en fit le voyage à Saint-Jacques en pompeux état, mais il n’a pas réussi dans ses intentions et retourna sans avoir été délivré ».
Un pont bien connu des pèlerins
Je vous raconterai demain.
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Apports de l'étape au projet Etoiles du Patrimoine Saint-Jacques
Etoiles :
Seuls les personnages cités peuvent être porteurs d'Etoiles du Patrimoine Saint-Jacques.
Constellations :
La théâtralisation du Chemin est un thème méritant une étude, amorcée dans le livre Compostelle 813-2013, 1200 ans de pèlerinage, éd. Sutton, Tours, 2013.
Une recherche des éventuels Pas d'armes en relation avec Compostelle dans d'autres pays enrichira la Constellation Pas d'armes.