L'église d'Inières, dédiée à saint Jacques et située au creux d'un vallon à une dizaine de kilomètres à l'est de Rodez dans l'Aveyron, doit surtout sa réputation à son clocher fortifié et à la très belle sculpture de l'Annonciation, tenue pour l'un des trésors de l'art gothique flamboyant méridional. Mais les peintures du choeur, et notamment celles entourant la baie axiale, méritent aussi une attention toute particulière : une grande coquille Saint-Jacques surmonte cette baie ; sur chaque côté, deux bâtons entrecroisés ; enfin, entre la verrière et l'appareillement de pierres en trompe-l'oeil court une cordelière. Le tout est encadré par un décor monumental doré à motifs de candélabres et de grotesques dans le style renaissant qui permet de dater les peintures du milieu du XVIe siècle.
Il serait alors tentant, compte tenu notamment de la présence des bâtons, de succomber à la mode compostellane et de faire d'Inières un nouveau jalon du célèbre pèlerinage : un rapide coup d'oeil sur la carte suffit à écarter cette hypothèse facile. Pour les pèlerins qui viennent du Puy par Espalion par exemple, cela constituerait un détour inexpliqué. Il n'y a pas, par ailleurs, d'attestation de reliques du saint à Inières. Bref, il faut chercher ailleurs l'explication de la présence de ce décor à priori jacquaire.
Il serait alors tentant, compte tenu notamment de la présence des bâtons, de succomber à la mode compostellane et de faire d'Inières un nouveau jalon du célèbre pèlerinage : un rapide coup d'oeil sur la carte suffit à écarter cette hypothèse facile. Pour les pèlerins qui viennent du Puy par Espalion par exemple, cela constituerait un détour inexpliqué. Il n'y a pas, par ailleurs, d'attestation de reliques du saint à Inières. Bref, il faut chercher ailleurs l'explication de la présence de ce décor à priori jacquaire.
Les visiteurs les plus curieux auront remarqué que les bâtons de la baie du chœur de l’église sont dépourvus de la coquille Saint-Jacques mais reprennent le petit bâton surmonté d'un pommeau qui se trouve discrètement mais admirablement sculpté derrière les armoiries qui ornent le baptistère, à l’entrée de l’église et qui se blasonnent ainsi : un pal accosté de deux besans.
Voilà la clef de l’énigme, car ces armoiries sont connues : elles appartiennent à Jacques Pardinel, chantre de la cathédrale de Rodez de 1525 à 1551 et prieur à ce titre des églises d'Inières et de Sainte-Radegonde. C’est donc lui qui a fait décorer l’église d’Inières en hommage à son saint patron saint Jacques le Majeur, comme en témoigne ce fameux bâton. Ce dernier est en effet un bourdon ou bâton cantoral, insigne de dignité que portent les chantres de la cathédrale pendant les offices liturgiques, le chantre étant le clerc ayant en charge l'organisation et le contrôle du bon déroulement des offices. Quant à la ficelle qui accompagne ces bâtons, elle doit être rapprochée de la cordelière qui entoure les armoiries de l’évêque François d’Estaing († 1529). En effet, Jacques Pardinel, prêtre originaire du Broc près d’Issoire, a été l’un des plus proches et des plus fidèles collaborateurs de cet évêque. Ayant assumé auprès de lui les fonctions de maître d’hôtel et vicaire général, il noue avec celui-ci des liens d’amitié. En récompense, François d’Estaing lui attribue plusieurs bénéfices. Or, ce dernier était très proche de la spiritualité franciscaine et avait donc fait orner ses armoiries de leur cordelière en signe d'humilité.
Homme de son temps, Jacques Pardinel a généreusement fait œuvre de mécène. Outre les superbes peintures du chœur et la décoration du baptistère d’Inières, il fait ériger sur la place du village de Sainte-Radegonde un admirable crucifix historié, décoré de ses armes sur le piédouche. D’un côté, la Vierge, entouré du saint patron du commanditaire, saint Jacques le Majeur, et d’un guerrier en armure, saint Georges ou Michel. De l’autre, le Christ en croix est entouré de la Vierge et de saint Jean. Les plus anciens habitants du village se souviennent sans doute d’avoir vu cet oratoire, entre l’église et le presbytère. Malheureusement, cette superbe pièce de sculpture, toujours propriété de la commune de Sainte-Radegonde, a été retirée de son emplacement original pour être mise en dépôt au musée Fenaille de Rodez, où elle est aujourd’hui offerte à l’admiration des visiteurs.
Voilà la clef de l’énigme, car ces armoiries sont connues : elles appartiennent à Jacques Pardinel, chantre de la cathédrale de Rodez de 1525 à 1551 et prieur à ce titre des églises d'Inières et de Sainte-Radegonde. C’est donc lui qui a fait décorer l’église d’Inières en hommage à son saint patron saint Jacques le Majeur, comme en témoigne ce fameux bâton. Ce dernier est en effet un bourdon ou bâton cantoral, insigne de dignité que portent les chantres de la cathédrale pendant les offices liturgiques, le chantre étant le clerc ayant en charge l'organisation et le contrôle du bon déroulement des offices. Quant à la ficelle qui accompagne ces bâtons, elle doit être rapprochée de la cordelière qui entoure les armoiries de l’évêque François d’Estaing († 1529). En effet, Jacques Pardinel, prêtre originaire du Broc près d’Issoire, a été l’un des plus proches et des plus fidèles collaborateurs de cet évêque. Ayant assumé auprès de lui les fonctions de maître d’hôtel et vicaire général, il noue avec celui-ci des liens d’amitié. En récompense, François d’Estaing lui attribue plusieurs bénéfices. Or, ce dernier était très proche de la spiritualité franciscaine et avait donc fait orner ses armoiries de leur cordelière en signe d'humilité.
Homme de son temps, Jacques Pardinel a généreusement fait œuvre de mécène. Outre les superbes peintures du chœur et la décoration du baptistère d’Inières, il fait ériger sur la place du village de Sainte-Radegonde un admirable crucifix historié, décoré de ses armes sur le piédouche. D’un côté, la Vierge, entouré du saint patron du commanditaire, saint Jacques le Majeur, et d’un guerrier en armure, saint Georges ou Michel. De l’autre, le Christ en croix est entouré de la Vierge et de saint Jean. Les plus anciens habitants du village se souviennent sans doute d’avoir vu cet oratoire, entre l’église et le presbytère. Malheureusement, cette superbe pièce de sculpture, toujours propriété de la commune de Sainte-Radegonde, a été retirée de son emplacement original pour être mise en dépôt au musée Fenaille de Rodez, où elle est aujourd’hui offerte à l’admiration des visiteurs.
Les mêmes armoiries qui se trouvent au sommet du baptistère d’Inières et au pied du crucifix de Sainte-Radegonde ont également permis d’établir qu’un magnifique et imposant manoir du XVIe siècle qui surplombe le village de Souyri – l’actuel Mas de Bissolet, au puech de Bissolet - a été construit par Jacques Pardinel. Là, supportées par deux sirènes, elles ornent une Vierge à l’enfant sur le linteau de l’entrée monumentale et se retrouvent au pied d’un autre crucifix, tout aussi fin et superbe que celui de Sainte-Radegonde, aujourd’hui utilisé comme pierre de remploi à l’entrée d’une grange. Le mécénat de ce riche et généreux chanoine ne s’est pas limité au pays ruthénois. Par testament, il crée plusieurs fondations à l’église du Broc, dans le diocèse de Clermont-Ferrand, et finance plusieurs travaux de décoration.