Il abrite une relique du chef de saint André, dans une église fondée en mémoire d’un naufrage du saint, tout aussi multiple que saint Jacques !
Il y a été honoré longtemps par les Galiciens, jusqu’à ce qu’il soit détrôné par saint Jacques.
Au Paradis, il s’en est plaint amèrement au Bon Dieu qui a réagi :
« nous allons faire savoir aux Galiciens que ceux qui n’auront pas fait ton pèlerinage de leur vivant seront obligés d’y revenir une fois morts ».
Comme partout, la hantise de l’Au-delà a fait son effet, et les pèlerins sont revenus. Encore aujourd’hui, viennent les anciens qui se sentent vieillir. D’autres tardent, pensant qu’ils mourront tout de suite après… D’autant plus qu’on prétend que les revenants reviendront sous forme d’insectes, ou de serpents. Bref, il y a foule pendant tout l’été et l’automne au moins jusqu’au 30 novembre.
Queda aquí, san Andrés, / que de vivos ou de mortos / todos te virán ver
« Reste ici, saint André / qu'ils soient vivants ou morts / ils viendront tous te voir »
Les plus courageux montent à pied, le long de cette falaise si pentue. Les autres arrivent en voiture, au haut de la falaise. Parking, mer au loin, tellement grise qu’elle se confond avec le ciel, bref, on ne voit rien, ni village, ni église. On descend et tout à coup, on est dans une rue unique, en terrasse, l’église déjà en contre-bas, plus bas encore le cimetière, tellement bas que les tombes individuelles sont minuscules, entourées des constructions remplaçant les caveaux impossibles à creuser et contenant les cercueils (photo ci-dessus).
Comme dans tout sanctuaire de pèlerinage, l’arrivant est happé par les éventaires, modestes et tenus par les femmes du village. Elles ont trois produits phares :
Le premier, les ex-votos dans leur version moderne, en plastique au lieu d’être en cire.
Le 2e produit phare, l’herbe d’amour ou œillet de mer :
« Une amulette locale originale - pour l'érotisme et la fertilité. Jetez une brindille dans la poche de l'être cher, il vous aimera pour toujours ».
Cette herbe pousse dans des endroits assez inaccessibles, en terre salée.
Le 3e se compose de sansandreses en mie de pain séchée et peinte, dont les symboles sont expliqués par un document généreusement distribué.
« La tradition dit que toute personne qui possède ces figurines de mie de pain sera toujours accompagnée par la chance ».
Envoici les symboles :
La fleur accompagne en amour
La main demande du bon travail dans les études
La sardine pour que la nourriture ne manque jamais
La barque pour que les voyages se terminent bien
L’échelle pour s’améliorer au travail et en entreprise
Le saint André pour la bonne santé et l’amitié
La couronne de saint André
La colombe symbole de paix »
D’où viennent ces symboles à l’allure bien moderne et bien païenne ? Ils sont sans doute anciens mais remis au goût du jour. Saint André reste présent avec sa statuette et sa couronne de martyre. Il n’y a pas si longtemps, la barque était celle de son naufrage et la sardine le poisson dont il se nourrissait.
La mie de pain en elle-même symbolisait la nourriture essentielle.
Une fois dûment informés et mis dans l’ambiance, la visite au saint s’impose, dans l’église. De la terrasse, quel somptueux paysage, un solide palmier et la mer tout en bas, si bas qu’on ne l’entend pas.
Lors de ma visite, le chœur était encore tout fleuri de la décoration du grand pèlerinage de la veille.
L'affluence avait imposé trois cérémonies successives. Pour chacune, une trentaine de cars avaient été nécessaires pour transporter les pèlerins. Sur cette hauteur, c'est la capacité maximale du parking.
Etaient encore présentes des offrandes de la dernière cérémonie, ex-votos, dont un bébé en plastique, bateaux, statuette.
Au premier plan, une immense statue de saint André domine le choeur. Il tient la croix de son martyre, preuve qu’il est l’apôtre. Dans un souci de concorde, une petite statue de saint Jacques lui fait pendant dans le retable, (à droite, en vert à peine visible sur la photo) mais ce n’est pas à lui que vont les offrandes.
Le dernier rituel
Un dernier rituel consiste à descendre très en contre-bas à la fontaine du saint ou Fonte dos Tres Canos (des trois jets). Là une source aménagée d’où sortent trois filets d’eau.
On doit en boire directement avec la bouche, sans toucher le mur, en formulant un voeu.
Un dernier rituel
Puis on se retourne et on jette des morceaux de pain (qu’il a fallu prendre la précaution d’apporter, mais les Galiciens savent) dans le ruisseau qui dévale la pente.
Si les morceaux flottent, le vœu sera exaucé,
s’ils sombrent, il faudra revenir.
Il faudra que je revienne !
Demain :
Après Nicola Flamel, les alchimistes et Compostelle 2e partie