Pèlerin de Compostelle en 1910 et 1919
Il publia le récit de son pèlerinage de 1919, sous le titre Sur les routes de Compostelle après la Grande Guerre, en utilisant le pseudonyme Laurent D'Arce. Il y exprime son désir « de goûter, après les angoisses de la guerre, un peu d’oubli et de paix », en précisant ainsi sa pensée :
Mais, au demeurant, je n’étais pas fâché de prendre contact avec l’Espagne, de savoir ce que la guerre avait fait d’elle ; si elle était revenue, depuis notre victoire, à de meilleurs sentiments pour nous, ou si elle nous gardait la même défiance, si elle redoutait que cette victoire ne fût pas seulement celle du droit mais celle de la révolution et de l’impiété.
« Je lui ai offert, au grand saint Jacques, comme au maître de séant et au patron de toutes les Espagnes moi qui, depuis la paix vient, sans doute le premier, des Gaules, en pèlerin à son tombeau pour toute la France victorieuse parce que je suppose qu’il se sera montré pour nous moins neutre que ses compatriotes et qu’il nous aura aidés à repousser le boche hérétique comme il aida jadis le vainqueur de Clavijo, Ordoño II, à remporter sa victoire décisive sur les Maures.
A la chapelle du Roi de France, j’ai eu le plaisir de lire cette inscription toute d’actualité et qui était comme le meilleur des souhaits de bienvenue : Pax vobis. J’ai remercié le Sauveur de cette paix divine, mon butin de pèlerin. Je l’ai supplié de l’étendre au monde entier, de nous la conserver ».
Il faut se souvenir que le pèlerinage à Compostelle a été largement remis en honneur par des érudits du Sud-Ouest, parmi lesquels plusieurs ecclésiastiques qui ont publié des ouvrages sur le sujet, l’abbé Daux, l’abbé Pardiac, Alexandre Nicolaï, Adrien Lavergne, etc.
Pendant la guerre, la neutralité de l’Espagne a été au cœur de discussions sans fin, jugée parfois trop « engagée », voire même favorable aux Allemands ; était-ce un souvenir du temps où le roi d’Espagne fut Charles Quint, empereur du Saint Empire germanique ? En Espagne même, la population était partagée entre aliadófilos et germanófilos. Pour l’abbé Pléneau, « il faudrait renoncer à la neutralité indifférente ou jalouse, qui est stérile ». Il ne pouvait qu’approuver le « Comité catholique de propagande française à l’étranger » dirigé par le recteur de l’Institut catholique de Paris qui pensait que saint Jacques pouvait servir de trait d’union avec le clergé espagnol peu enclin à aimer la France trop anticléricale à son goût.
Saint Jacques Matamore sur une bannière
L'apôtre y apparaît en cavalier invincible, revêtu de son armure, épée au clair, calme et déterminé face à l’ennemi.
Les Poilus de Cappellebrouck
Le revers de la bannière indique nom des donateurs : « Les combattants de la Grande Guerre à St. Jacques de Cappellebrouck-1920 »L’image de l'avers est celle du saint qu’ils ont prié. Elle est encadrée par l'invocation :
SAINT JACQUES-PRIEZ POUR NOUS
Cappellebrouck, sanctuaire de pèlerinage à saint Jacques
Les Poilus de Cappellebrouk ont prié le Matamore
Cette bannière n’a pas d’autre histoire. L’archiviste du diocèse a seulement trouvé une information le 20 juin 1920 le curé de la paroisse attendait la bannière avec impatience.
Lequel de nos lecteurs aurait connaissance d’un témoignage semblable d’une invocation à saint Jacques pendant la Grande Guerre ? Ce peut être un exvoto posé sur le mur d’une église Saint-Jacques, une image pieuse ramenée du front, un souvenir oral conservé dans une famille, un pèlerinage effectué au retour, etc.
Jeanne d’Arc sur le cheval du Matamore ?
Sur la première, intitulée Sur la route de la Victoire Jeanne pointe son épée sur le drapeau allemand. Comme saint Jacques, elle met les ennemis en fuite, ici sous les yeux émerveillés des Poilus, au 1erplan un tirailleur sénégalais, à l’arrière-plan un zouave et un Hindou. Son étendard porte l’image du Christ entouré de deux anges agenouillés qui doivent le supplier de donner la victoire à Jeanne ; ce que confirme la devise de Jeanne d’Arc qui légende l’image.
Cette carte postale non datée est signée Sergueï Solomko (1867-1928), un aquarelliste russe qui a signé plusieurs cartes d’inspiration religieuse. On ne peut que l’imaginer en relation avec l’Institut catholique de Paris.