La statue de Saint Jacques de Thénésol
Statue de saint Jacques, XVe, Musée d'art et d'histoire d'Albertville, dépôt de la commune de Thénésol. Crédit Laurent COLIN / KOALA.
La statue de Saint Jacques le Majeur déposée au Musée d'art et d'histoire par la commune de Thénésol présente un intérêt majeur, voire exceptionnel. Une étude réalisée en 2011 vient éclairer notre connaissance de cette oeuvre datée vraisemblablement du XVe siècle.
La statue, en bois polychromé et marouflé, représente un saint portant à la fois les attributs du pèlerin (panetière et chapeau ornés d'une coquille, bourdon aujourd'hui manquant) et ceux de l'apôtre (barbe et cheveux ondulés, longue tunique, bible). Cette caractéristique permet de la situer dans une période de transition (du XIIIe à la fin du XVe siècle) où les artistes passent d'une représentation du saint en apôtre à une représentation en pèlerin. Le saint Jacques de Thénésol montre cependant quelques particularités iconographiques (son chapeau, arrondi à bords relevés sur les côtés, un large coeur sur le buste) qu'on ne retrouve, à notre connaissance, que sur une statue conservée à la cathédrale de Clermont-Ferrand .
L'oeuvre a été taillée dans une bille de bois de saule. Son revers est évidé, à l'exception de la tête, sculptée quasiment en ronde-bosse. Une petite cavité visible au sommet du crâne suggère que la sculpture aurait été fixée sur un établi et réalisée à l'horizontale, technique en cours aux XVe et XVIe siècles.
La disproportion de la tête du personnage par rapport au reste de son corps peut s'expliquer soit par la maladresse du sculpteur soit par la volonté de corriger l'effet de perspective provoqué par un positionnement de l'oeuvre en hauteur. Cette deuxième hypothèse, la plus réaliste compte tenu de la qualité artistique de l'oeuvre, est confirmée par la présence d'une couche picturale sous la tunique, laquelle n'est visible que si l'on se situe en contre-plongée. Enfin, les pieds de la statue ne peuvent lui permettre de se tenir debout, non pas seulement en raison de leur altération mais aussi parce que l'oeuvre a été conçue pour être emboîtée dans un ensemble tel qu'un retable.
L'observation et les analyses ont montré que l'oeuvre ne présente qu'une seule couche picturale, qui pourrait donc être la couche d'origine et dater de la fin du Moyen-Age. Une dorure au bol d'Arménie recouvre les ¾ de la surface de l'objet. Elle est ponctuellement accompagnée de rehauts peints : bordeaux pour figurer la barbe et les cheveux, vert pour les motifs végétaux de la Bible. Les couches avec pigments, moins nombreuses que la dorure, peuvent également recevoir des rehauts peints : ainsi, les doigts sont soulignés par un trait sombre formant une ombre, comme pour accentuer le volume déjà existant.
Le support présente un état matériel plutôt satisfaisant, à l'exception d'une attaque par des insectes xylophages et d'une fissure courant du haut du crâne jusque sous le menton. En revanche, la polychromie apparaît lacunaire sur plus du tiers de la surface et n'adhère plus au support.
Cette statue pourrait être le trésor jacquaire le plus ancien du département. Elle présente un intérêt d'autant plus grand que les témoignages d'art sacré de la fin du Moyen-Age restent rares en Savoie face à la profusion des oeuvres de la période baroque. De même, si l'art sacré populaire est bien représenté, il n'en va pas de même des objets réalisés par des artistes spécialisés.
Etude technique et de polychromie réalisée par Sylvestre LEGENDRE, ARC-Nucléart, septembre 2011
Voir le site de ARC-Nucléart
La statue, en bois polychromé et marouflé, représente un saint portant à la fois les attributs du pèlerin (panetière et chapeau ornés d'une coquille, bourdon aujourd'hui manquant) et ceux de l'apôtre (barbe et cheveux ondulés, longue tunique, bible). Cette caractéristique permet de la situer dans une période de transition (du XIIIe à la fin du XVe siècle) où les artistes passent d'une représentation du saint en apôtre à une représentation en pèlerin. Le saint Jacques de Thénésol montre cependant quelques particularités iconographiques (son chapeau, arrondi à bords relevés sur les côtés, un large coeur sur le buste) qu'on ne retrouve, à notre connaissance, que sur une statue conservée à la cathédrale de Clermont-Ferrand .
L'oeuvre a été taillée dans une bille de bois de saule. Son revers est évidé, à l'exception de la tête, sculptée quasiment en ronde-bosse. Une petite cavité visible au sommet du crâne suggère que la sculpture aurait été fixée sur un établi et réalisée à l'horizontale, technique en cours aux XVe et XVIe siècles.
La disproportion de la tête du personnage par rapport au reste de son corps peut s'expliquer soit par la maladresse du sculpteur soit par la volonté de corriger l'effet de perspective provoqué par un positionnement de l'oeuvre en hauteur. Cette deuxième hypothèse, la plus réaliste compte tenu de la qualité artistique de l'oeuvre, est confirmée par la présence d'une couche picturale sous la tunique, laquelle n'est visible que si l'on se situe en contre-plongée. Enfin, les pieds de la statue ne peuvent lui permettre de se tenir debout, non pas seulement en raison de leur altération mais aussi parce que l'oeuvre a été conçue pour être emboîtée dans un ensemble tel qu'un retable.
L'observation et les analyses ont montré que l'oeuvre ne présente qu'une seule couche picturale, qui pourrait donc être la couche d'origine et dater de la fin du Moyen-Age. Une dorure au bol d'Arménie recouvre les ¾ de la surface de l'objet. Elle est ponctuellement accompagnée de rehauts peints : bordeaux pour figurer la barbe et les cheveux, vert pour les motifs végétaux de la Bible. Les couches avec pigments, moins nombreuses que la dorure, peuvent également recevoir des rehauts peints : ainsi, les doigts sont soulignés par un trait sombre formant une ombre, comme pour accentuer le volume déjà existant.
Le support présente un état matériel plutôt satisfaisant, à l'exception d'une attaque par des insectes xylophages et d'une fissure courant du haut du crâne jusque sous le menton. En revanche, la polychromie apparaît lacunaire sur plus du tiers de la surface et n'adhère plus au support.
Cette statue pourrait être le trésor jacquaire le plus ancien du département. Elle présente un intérêt d'autant plus grand que les témoignages d'art sacré de la fin du Moyen-Age restent rares en Savoie face à la profusion des oeuvres de la période baroque. De même, si l'art sacré populaire est bien représenté, il n'en va pas de même des objets réalisés par des artistes spécialisés.
Etude technique et de polychromie réalisée par Sylvestre LEGENDRE, ARC-Nucléart, septembre 2011
Voir le site de ARC-Nucléart
Restauration de la statue de Saint-Jacques
Tête de la statue de Saint Jacques le Majeur, XVe siècle, Musée d'art et d'histoire d'Albertville, dépôt de la commune de Thénésol. Crédit photo Laurent COLIN / KOALA.
La statue reposait dans les réserves du Musée d'art et d'histoire depuis plusieurs années quand, en 2007, l'Association Rhône-Alpes des Amis de Saint-Jacques a plaidé pour sa restauration et sa valorisation.
Les élus d'Albertville, tout comme le personnel du Musée, ont toujours été convaincus de la nécessité de procéder à la restauration de l'objet et à sa présentation au sein de l'exposition permanente du musée.
Cependant, le coût estimé pour le traitement de la statue (plus de 8000€ TTC) constituait un obstacle.
La Ville, après avoir financé la désinsectisation et 95% des études, a donc lancé une souscription en partenariat avec la Fondation du Patrimoine et l'Association des Amis de Saint-Jacques. Cette campagne, qui se poursuivra jusqu'au printemps 2012, contribuera au financement des opérations de conservation (refixage de la polychromie et du marouflage, nettoyage) et de restauration (comblement de la fissure du visage, remise à niveau des lacunes), préalable à la présentation de l'oeuvre au sein du parcours « art sacré » du Musée d'art et d'histoire.
Pour faire un don ou pour tous renseignements : 04 79 37 86 86.
Les élus d'Albertville, tout comme le personnel du Musée, ont toujours été convaincus de la nécessité de procéder à la restauration de l'objet et à sa présentation au sein de l'exposition permanente du musée.
Cependant, le coût estimé pour le traitement de la statue (plus de 8000€ TTC) constituait un obstacle.
La Ville, après avoir financé la désinsectisation et 95% des études, a donc lancé une souscription en partenariat avec la Fondation du Patrimoine et l'Association des Amis de Saint-Jacques. Cette campagne, qui se poursuivra jusqu'au printemps 2012, contribuera au financement des opérations de conservation (refixage de la polychromie et du marouflage, nettoyage) et de restauration (comblement de la fissure du visage, remise à niveau des lacunes), préalable à la présentation de l'oeuvre au sein du parcours « art sacré » du Musée d'art et d'histoire.
Pour faire un don ou pour tous renseignements : 04 79 37 86 86.
Nos commentaires
La Fondation se réjouit de voir une association de pèlerins prendre une part active à la restauration d'un élément du patrimoine hérité d'un culte à saint Jacques.
L'église d'où provient cette statue est actuellement sous le vocable de saint Maurice. L'examen de la statue permet de faire l'hypothèse qu'elle a appartenu à un retable. Dans quelle scène ? Question aujourd'hui sans réponse. Des historiens intéressés à l'histoire de ce coin de Savoie le sauront peut-être un jour.
Saint Jacques tient un livre en sa main droite. L'étude iconographique le présente comme étant une Bible. Quelles sources permettent-elles de l'affirmer ? D'autres pensent qu'il pourrait s'agir du livre de la Bonne Nouvelle, les Evangiles.
S'agissant de saint Jacques, nous proposons une autre interprétation. Il s'agirait de l'Epitre de Jacques, livre dont au Moyen Age on pensait que Jacques le Majeur était l'auteur et qui est à l'origine de nombreuses dévotions à saint Jacques au moment de la mort.
En savoir plus sur saint Jacques et la mort, voir l'article
L'église d'où provient cette statue est actuellement sous le vocable de saint Maurice. L'examen de la statue permet de faire l'hypothèse qu'elle a appartenu à un retable. Dans quelle scène ? Question aujourd'hui sans réponse. Des historiens intéressés à l'histoire de ce coin de Savoie le sauront peut-être un jour.
Saint Jacques tient un livre en sa main droite. L'étude iconographique le présente comme étant une Bible. Quelles sources permettent-elles de l'affirmer ? D'autres pensent qu'il pourrait s'agir du livre de la Bonne Nouvelle, les Evangiles.
S'agissant de saint Jacques, nous proposons une autre interprétation. Il s'agirait de l'Epitre de Jacques, livre dont au Moyen Age on pensait que Jacques le Majeur était l'auteur et qui est à l'origine de nombreuses dévotions à saint Jacques au moment de la mort.
En savoir plus sur saint Jacques et la mort, voir l'article