Quand saint Jacques passait par la Bretagne, étape n° 25


Rédigé par Denise Péricard-Méa le 11 Avril 2020 modifié le 11 Avril 2020
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Pourquoi saint Jacques est-il passé par la Bretagne ?

Parce que, au Moyen Age, l’Espagne  et l’Irlande portent indistinctement les noms de Ibérie ou Hibernie, et que la Bretagne se trouve entre les deux, si l’on en croit l’historien Orose (Ve siècle) qui présente
« l’île d’Hibernie (Hibernia), située entre la Bretagne (Britanniam) et l’Espagne (Hispaniam) ».

Des textes anciens ayant fait état de la dispersion des apôtres après la mort du Christ, chacun partant évangéliser une partie du monde, l'idée a été répandue que :

« Jacques, fils de Zébédée, fut celui qui prêcha l’Evangile ici en Hibérie et dans d’autres contrées occidentales ».


Des chroniques anciennes nous renseignent

Elles sont reconnues comme légendaires mais indiquent ses passages en Bretagne :
« En l’an 41, Jacques visita les Gaules et les Bretagnes et les places fortes de la région de Vannes où il prêcha ».
Comment était-il arrivé ? Un autre texte répond :
« Saint Jacques lorsqu’il se rendit en Bretagne, montant dans un navire, accosta dans les Bretagnes ».
La toponymie et des traditions orales encore connues au XIXe siècle nous permettent presque de le suivre à la trace.
Au sud, à Saint-Gildas-de-Rhuys, un fond marin et une pointe de la côte portent son nom comme s’il était surgi de la mer. Puis voici le bourg Saint-Jacques dont on disait encore en 1636 que c’est par où
«  saint Jacques passa, et que c'est le chemin de saint Jacques ou Voye lactée ».

On le retrouve remontant la Vilaine avec la marée, marchant sur le large ruban d’écume blanche soufflé par le vent vers l’amont, porté par le courant jusqu’à Rieux.

« Il était fatigué et voulait s’arrêter à Rieux qui était une grande ville ; mais des lavandières se moquent de lui et, irrité, il s’écria d’un ton prophétique O ville de Rieux, tu seras détruite ! et, continuant sa route, il alla fonder la ville de Redon ».

Depuis ce temps et jusqu’à la construction du barrage, la bande d’écume s’appelait « chemin de saint Jacques ». On peut en avoir une idée sur cette image de 1543 , montrant la bande d’écume de la Vilaine aux alentours de Rieux. Elle est orientée à l’ouest pour les besoins des observateurs.
La petite chapelle Saint-Jacques de Fégréac passe pour avoir été construite en expiation de ce mauvais accueil fait à saint Jacques.


Au nord, « saint Jacques fils de Zébédée avec Salomé sa mère » aurait accosté au Yaudet, avant-port de Lannion. Ils auraient été parmi les compagnons de Joseph d’Aritmathie, porteur du saint Graal, en route pour évangéliser la Grande-Bretagne. Cette croyance est sculptée sur le calvaire du XVe siècle campé devant l’église Saint-Jacques de Tréméven.

Mort, saint Jacques revient à Locquirec

L’histoire fut racontée, au XIXe siècle, par la sacristine de Locquirec

« Un jour, à ce que j'ai ouï dire, ou plutôt une nuit des marins de cette côte virent sur la mer une barque étrange en forme de huche à pétrir enveloppée d’une nuée lumineuse. Elle venait vers le rivage contre vents et marées, sans voile, sans équipage, sans gouvernail. Quand elle eut abordé les gens s’approchèrent et virent, étendu dans le fond, le corps d'un moine vêtu d'un habit de pèlerin. Ces pêcheurs, qui avaient voyagé, dirent ‘c'est saint Jacques d'Espagne ou de Turquie, il vient pour faire des miracles dans notre contrée’. Recevons-le avec respect d'autant plus que Guirec est bien vieux ».

C’est ainsi que saint Jacques a remplacé saint Guirec à Locquirec mais aussi à Perros-Guirec et à Plouberzé.
A Perros, il reste un oratoire saint Guirec où les jeunes filles viennent - à marée basse - demander un mari.

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Demain :
" Majesté ! Ne dépensez pas votre argent en vain !