C’est le cas de plusieurs pèlerins venant d’Italie, de Grande-Bretagne, d’Allemagne, des Pays-Bas et d’Amérique, qui transitaient par la Via de la Plata à leur passage par Fuenterroble de Salvatierra.
Une hospitalité en plusieurs langues
Pèlerins confinés à Fuenterroble
Mais ils ont trouvé un toit et de la chaleur dans l’auberge paroissiale "Santa Maria', de cette municipalité de la région de Guijuelo. Seize personnes y sont confinées depuis plus d’un mois, dont le prêtre diocésain Blas Rodriguez, qui coordonne l’activité de ce centre, ainsi qu’un couple qui collabore à la gestion.
Quatre élèves du Collège " L’Immaculée " d’Armenteros, dont les parents n’ont pas encore pu venir les chercher, " mais ils le feront dans les prochains jours ", vivent avec eux. Ils ont tous été accueillis « au nom de l’hospitalité qui marque la vie chrétienne », comme le souligne le père Blas Rodriguez. " Ceci est un exemple de l’accueil de l’Eglise, qui accueille toute personne, de toute nationalité et de toute croyance ", et, ajoute-t-il, " sans aucune condition ".
Ce prêtre assure que tout le monde a la table servie, " la lumière allumée et un lit pour pouvoir se reposer ", et que tous ensemble, " nous partageons ce que nous pouvons, c’est juste l’accueil avec une note d’identité chrétienne qui est l’hospitalité ".
Une petite Pentecôte
Un pèlerin se consacre à la peinture
Blas Rodriguez confirme que la coexistence se révèle " très riche ", malgré les difficultés que peut poser la diversité des langues. "C’est une petite Pentecôte, parlant dans des langues différentes, nous nous comprenons tous parce que ce qui compte, c’est la bonne volonté et le désir que chacun donne le meilleur de lui-même de ce qu’il a à chaque instant ".
L’un des pèlerins consacre une partie de son temps à l’une de ses passions, la peinture. Ces jours-ci, "on n’a pas de temps de s’ennuyer", souligne-t-il, car la journée commence par un nettoyage complet de toute l’auberge. " Il y a du temps après pour des ateliers et des activités diverses, en plus de la préparation des repas, et même la prière quotidienne ", énumère le Père Rodriguez.
Le dimanche, on célèbre l’Eucharistie, et il en a été de même au cours du triduum pascal : « On a dû le célébrer intérieurement, mais c’est une expérience très riche, parce que nous avons eu l’occasion de participer sur la base du volontariat », affirme-t-il.
Silence et prière
Eduardo et un autre pèlerin à l'auberge
L’un des aspects qui caractérisent le Chemin de Saint-Jacques, comme le décrit ce prêtre, est le silence, qui permet au pèlerin de profiter au maximum de son expérience. Et dans son auberge paroissiale il y a aussi un moment pour cela, et ce temps de silence et de prière que l’on partage "est un vrai cadeau" comme le qualifie Blas Rodriguez.
Eduardo logé dans l’auberge, avec d’autres pèlerins.
" Nous avons eu beaucoup de chance de trouver refuge ici ", affirme Eduardo, l’un des pèlerins qui séjournent dans l’auberge, et qui se sent chanceux d’y avoir été hébergé, comme le reste des pèlerins. "Je n’avais pas la possibilité de retourner dans mon pays en mars, il n’y avait aucun moyen de revenir", raconte-t-il.
Il est profondément attristé de ne pas pouvoir être aux côtés de sa famille dans ces circonstances, surtout aux côtés de son père, très âgé. Ce pèlerin italien accomplissait le Chemin de Saint-Jacques Mozarabe, et ce n’était pas la première fois qu’il s’engageait dans cette aventure, "par motivation spirituelle", parce que pour lui, "c’est un moment de retour sur soi et de réflexion".
Ce pèlerin raconte avec émotion son séjour dans cette auberge : "Nous nous organisons dans les dortoirs différents, je le partage avec une autre personne de Madrid. Nous nettoyons le coin où nous nous dormons, et je participe à ce que je peux, je lis, j’écoute de la musique et chaque jour nous faisons un temps de méditation, nous lisons l’Évangile et nous le partageons".
Eduardo aide le père Blas dans la préparation de la prière quotidienne, ce qui est pour lui très enrichissant : "C’est un moment important pour moi, auquel je me confronte et où je me sens plus proche du chemin, où des questions sont posées autour de l’Evangile, et où l’on tente d’y répondre".
Eduardo aide le père Blas dans la préparation de la prière quotidienne, ce qui est pour lui très enrichissant : "C’est un moment important pour moi, auquel je me confronte et où je me sens plus proche du chemin, où des questions sont posées autour de l’Evangile, et où l’on tente d’y répondre".
25 ans d’accueil dans cette auberge paroissiale
Les portes de l’auberge « Sainte Marie » sont ouvertes depuis près de 25 ans, offrant des expériences très enrichissantes, "parce que chaque pèlerin qui passe ici n’est rien d’autre qu’un trésor, il transmet des vibrations très positives, parce que c’est un homme avec beaucoup de créativité, avec beaucoup d’enthousiasme, désireux de découvrir un monde nouveau, de chercher et de cultiver sa vie intérieure, alors tout cela se transmet".
Pour le père Blas Rodriguez, la plus grande richesse est de les rencontrer. "Chacun est un cadeau, un trésor", affirme le curé de la localité. Et en attendant que l’état d’urgence soit levé et qu’ils puissent reprendre leur Chemin pour embrasser l’apôtre Jacques, ces pèlerins continueront à partager toit et nourriture dans cette auberge paroissiale.
Cet article a été publié par le diocèse de Salamanca le 17 avril 2020. Les photos de l'article ci-dessus proviennent de cette première publication.
Il a été repris par la Fédération espagnole des associations de pèlerins une première fois le 19 avril 2020, puis une seconde fois le 3 mai
Demain, un premier aperçu sera donné sur ce pèlerinage unique dont nous espérons qu'il aura été aussi riche pour les pèlerins que pour les initiateurs. Tout pèlerinage à Compostelle a une fin. Rares sont ceux qui sont sans suite. Il en sera de même pour celui-ci.