Vue par Maurice Druon ou " à travers " saint Jacques
Princesse héritière du comté d’Artois, épouse du comte de Bourgogne, mère de deux reines, Maurice Druon a fait d’elle dans les Rois maudits une empoisonneuse, une spoliatrice de son neveu à qui elle aurait volé l’Artois, bref, une horrible femme responsable du début de la Guerre de Cent Ans.
Ses relations avec saint Jacques ne laissent apparaître qu’une femme, veuve très jeune, et une mère profondément malheureuse.
Premiers pèlerins par procuration
Le 4 juin 1305, sans doute pour sa fille Jeanne, elle envoie un pèlerin de
« Saint-Mandé à Saint-Jacques en Galice pour un vœu que Madame avait fait pour notre demoiselle qui était malade ».
Mais en février 1312, pourquoi expédie-t-elle deux pèlerins à Saint-Jacques ? La raison n’est pas donnée, mais elle est sans doute urgente étant donné la saison.
En 1314 intervient le scandale de l’adultère des trois belles-filles du roi Philippe le Bel, dont deux sont les filles de Mahaut, Jeanne et Blanche. Blanche est reconnue coupable et emprisonnée dans la forteresse de Château-Gaillard. Jeanne, après quelques mois en prison, est innocentée et retrouva sa place auprès de son époux. Leur cousine Marguerite, épouse de Louis X, est morte, étranglée en 1315 dans la forteresse de Château-Gaillard.
Pèlerin pour « Robert monseigneur »
En 1315, Mahaut, qui avait déjà perdu un fils au berceau perd son second fils, Robert, 18 ans. Après les funérailles, elle envoie un autre de ses serviteurs
« en pèlerinage à Saint-Jacques pour Robert, monseigneur ».Saint Jacques apparaît ici comme l’intercesseur lors du Jugement dernier.
En 1317, Jeanne devient reine de France, son mari Philippe V le Long succède à son frère.
En 1318 Mahaut fait une riche offrande à l’abbaye d’Arras pour que soit fabriqué un reliquaire neuf pour le « chef » de saint Jacques.
Six femmes aux pieds de saint Jacques
En 1319 à Paris est construit le nouvel hôpital Saint-Jacques-aux-pèlerins. La fondation est faite pour « l’honneur de Dieu et de saint Jacques » et pour la confrérie des bourgeois. Trumeau et linteau du portail principale sont sculptés :
« un grand saint Jacques en son milieu, tunique dorée, la reine Jeanne à genoux devant lui, Mahaut d’une part et d’autre part les quatre filles de la reine, Jeanne, Isabelle, Marguerite et Blanche ».
Elles portent les noms de leurs mère, tante et cousine qu’elles semblent représenter au portail de Saint-Jacques. Ce type de représentation des donateurs est très nouveau, d’autant plus extraordinaire qu’il est composé de figures féminines, six princesses qui supplient l’apôtre d’intercéder pour Blanche et Marguerite et d’obtenir leur pardon.
Et la ronde des pèlerinages continue. Le 1er mai 1321, Yvon Le Breton le fourreur de Mahaut, reçoit à Compostelle un certificat attestant qu’il a effectué un pèlerinage
« ... pour l’illustrissime noble comtesse d’Artois ».
Un autre encore en 1326, un autre en 1327.
Son gendre Philippe V est mort en 1322. Sa fille Blanche, épouse de Charles IV, emprisonnée voit son mariage annulé.
Mahaut aura encore le temps de la voir mourir en 1326
Pèlerinages pénitentiels
En 1328, elle envoie cette fois un pèlerin en pèlerinage pénitentiel. Un chanoine de ses amis a subi un attentat. La même année, elle envoie de même deux autres coupables à Compostelle. Puis elle meurt en 1329, si brusquement qu’on a évoqué un empoisonnement. S’est-elle recommandée à saint Jacques comme l’avait fait Saint Louis ?
Demain :
Quand le pape dota Compostelle d'un archevêque français ..
Denise Péricard-Méa
Pour en savoir plus sur Saint-Jacques aux Pèlerins
Un article très complet d'Isabelle Rousselin dans la revue SaintJacquesInfo
et une notice descriptive du site d'Inventaire du patrimoine avec des liens vers d'autres enregistrements.
Tous les enregistrements de ce site ne sont pas en accès libre. Les pèlerins confinés qui souhaitent un accès gratuit pendant le confinement sont invités à le demander à recherche@saint-jacques.info