L'invitation à pèleriner en chambre de Jean Geiler de Kaysersberg
Ces lettres sont nées d’un besoin d’agir au moment où, précisément, le confinement privait d’action une grande part de la population et coupait pour les pèlerins toute possibilité de prendre le chemin.
M'est alors revenue en mémoire une proposition du Manuel du pèlerin de Jean Geiler de Kaysersberg, prédicateur strasbourgeois que j'avais édité en 2010. Ce manuel contenait ses sermons de l'année sainte 1500. Il invitait ceux qui ne pouvaient pas aller à Rome à pèleriner en chambre.
Comment pèleriner en chambre en temps de confinement ?
La réponse à cette question s’est matérialisée en additionnant deux idées,
- fouiller mes archives et en extraire chaque jour une petite histoire,
- la proposer aux pèlerins-marcheurs immobilisés, à la minorité qui s’intéressait déjà à l’histoire, mais surtout à la majorité qui n’en voyait pas l’intérêt.
L’accroche fut de raconter dans les trois premières lettres pourquoi et comment un médecin d'Augsburg était parti en pèlerinage en temps de peste. L'étape n° 4 a révélé la source de ma proposition, avant d'autres exemples de pèlerinage en temps d'épidémie. Puis les histoires se sont enchaînées 54 fois, jusqu'à ce qu'elles deviennent hebdomadaires.
Ensuite elles ont fait une large part à l’histoire contemporaine, expliquant le lent renouveau du pèlerinage.
Elles ont eu le souci d’alerter sur des retables oubliés, sur des souvenirs de l’époque franquiste, mais aussi de l’époque napoléonienne, sur des sanctuaires locaux à saint Jacques, etc, au long des chemins « officiels ».
- fouiller mes archives et en extraire chaque jour une petite histoire,
- la proposer aux pèlerins-marcheurs immobilisés, à la minorité qui s’intéressait déjà à l’histoire, mais surtout à la majorité qui n’en voyait pas l’intérêt.
L’accroche fut de raconter dans les trois premières lettres pourquoi et comment un médecin d'Augsburg était parti en pèlerinage en temps de peste. L'étape n° 4 a révélé la source de ma proposition, avant d'autres exemples de pèlerinage en temps d'épidémie. Puis les histoires se sont enchaînées 54 fois, jusqu'à ce qu'elles deviennent hebdomadaires.
Ensuite elles ont fait une large part à l’histoire contemporaine, expliquant le lent renouveau du pèlerinage.
Elles ont eu le souci d’alerter sur des retables oubliés, sur des souvenirs de l’époque franquiste, mais aussi de l’époque napoléonienne, sur des sanctuaires locaux à saint Jacques, etc, au long des chemins « officiels ».
Petit bilan quantitatif
Chaque lettre, adressée à 3300 personnes environ, a été lue plusieurs centaines de fois. Le graphique ci-contre montre l'évolution du nombre de lecteurs (en vert) et du nombre de pages vues (en rouge) sur le site d'expédition des lettres. C'est une capture d'écran partielle, sur laquelle le webmestre a laissé subsister la grande croix Saint-Jacques du château de Clavijo.
Voir étape n° 48.
En moyenne, les dix premières lettres ont été ouvertes 1300 fois le jour de leur parution. Les lettres restent visibles, comme des articles du site. Au moment où paraît la centième, la première a été ouverte 1812 fois.
Devenues hebdomadaires, les lettres ont peu perdu de lecteurs. La moyenne des ouvertures le jour de parution est de 1030 pour les dix dernières.
Voir étape n° 48.
En moyenne, les dix premières lettres ont été ouvertes 1300 fois le jour de leur parution. Les lettres restent visibles, comme des articles du site. Au moment où paraît la centième, la première a été ouverte 1812 fois.
Devenues hebdomadaires, les lettres ont peu perdu de lecteurs. La moyenne des ouvertures le jour de parution est de 1030 pour les dix dernières.
Au-delà des chiffres, un enrichissement
Les premiers messages de remerciements,
merveilleuses incitations à poursuivre les envois
Les lecteurs ne se sont pas contentés de remercier. Ils ont réagi, posant des questions, faisant des remarques, ou apportant des photos, documents, témoignages ou des trouvailles.
Ces apports ont enrichi les lettres, en voici quelques exemples :
une photo : le combat de Roland à Navarette
un document : étape 79 l’itinéraire d’Avignon au XIVe siècle
des questions : étape 56 les Géants de Compostelle & étape 90 la Translation de saint Jacques
une trouvaille : une étape très riche
un résultat de recherche : étape 94 saint Jacques enfant en pèlerin
de la musique : étape 63 Musique médiévale et Compostelle & étape 80bis Brave Madeleine
un témoignage : étape 96 & étape 97
Des travaux d'étudiants ont été mis en avant, à l'exemple d'un master sur les affiches publicitaires de Compostelle étape n° 68
Des travaux d'étudiants ont été mis en avant, à l'exemple d'un master sur les affiches publicitaires de Compostelle étape n° 68
Naissance d'une nouvelle confrérie
Grâce à ces lettres, une sorte de confrérie jacquaire d'un type nouveau se constitue. Une confrérie faite de pèlerins, d'érudits, de passionnés d'histoire ou patrimoine local. S'y ajoutent quelques curieux de ce phénomène de société qu’est devenu Compostelle, désireux de mieux le comprendre et connaître les pèlerins qui ont vénéré Saint Jacques à Compostelle ou dans des pèlerinages de substitution.
Voir étape n° 24.
A ces nouveaux correspondants et contributeurs, venus grâce au confinement ne convient-il pas d'ajouter tous ceux qui, croisant Saint Jacques, m'ont apporté des éléments inattendus ou inconnus. ? Et ceux qui ont été mis à contribution depuis des décennies et dont les traductions apparaissent dans les lettres. Ils ont été confrontés à des textes en vieux français, occitan, latin, allemand, anglais, italien, espagnol (castillan, catalan et galicien) voire même en turc, après les paléographes, déchiffreurs de manuscrits souvent difficiles à lire.
A la demande ont répondu volontiers des universitaires, spécialistes d’histoire contemporaine, du compagnonnage, d’alchimie, de littérature, de monnaies anciennes, de musique, etc., toujours prêts à donner leur science. S’y ajoutent les bibliothécaires, archivistes (mairies, départements, diocèses), conservateurs des Antiquités et Objets d’Art, qui ont fait des recherches à distance, ont envoyé des photos, des articles, ont indiqué tel ou tel érudit local capable de fournir un témoignage.
Voir étape n° 24.
A ces nouveaux correspondants et contributeurs, venus grâce au confinement ne convient-il pas d'ajouter tous ceux qui, croisant Saint Jacques, m'ont apporté des éléments inattendus ou inconnus. ? Et ceux qui ont été mis à contribution depuis des décennies et dont les traductions apparaissent dans les lettres. Ils ont été confrontés à des textes en vieux français, occitan, latin, allemand, anglais, italien, espagnol (castillan, catalan et galicien) voire même en turc, après les paléographes, déchiffreurs de manuscrits souvent difficiles à lire.
A la demande ont répondu volontiers des universitaires, spécialistes d’histoire contemporaine, du compagnonnage, d’alchimie, de littérature, de monnaies anciennes, de musique, etc., toujours prêts à donner leur science. S’y ajoutent les bibliothécaires, archivistes (mairies, départements, diocèses), conservateurs des Antiquités et Objets d’Art, qui ont fait des recherches à distance, ont envoyé des photos, des articles, ont indiqué tel ou tel érudit local capable de fournir un témoignage.
A tous j'exprime mes plus chaleureux remerciements
Alors pourquoi le nom confrérie ?
Ce mot m'est sans doute venu à l'idée parce que ces contributeurs manifestant leur intérêt pour la recherche, l'histoire et le patrimoine sont en majorité des pèlerins. Il existe des confréries dans le monde pèlerin. Leur objet est tout autre.
Une conclusion de ce temps de confinement peut donc être : un pèlerin empêché de marcher peut s'intéresser à la recherche
Un ami, président d'association jacquaire à qui nous faisions part de cette constatation nous a dit « nous avons de l'avenir car avec l'âge les pèlerins marchent de moins en moins ». La recherche par les relations et l'ouverture qu'elle apporte et la valorisation du patrimoine Saint-Jacques apparaît ainsi comme un facteur de dynamisme.
Et maintenant ?
Plus besoin, dans l'immédiat, de plonger dans mes archives ou de chercher des idées. Les apports ou les demandes des membres de la « Confrérie Pèleriner-confiné » me permettront de traiter dans les semaines qui viennent les sujets suivants, après avoir effectué des recherches complémentaires ou entamé de nouvelles recherches :
- Présenter deux confréries Saint-Jacques largement ignorées, retrouvées l'une à partir d’une matrice de sceau proposée par un pèlerin et l’autre par une mention dans un vieux catalogue d'exposition.
- Jeter un nouveau regard sur Soulac à partir de questions d’une pèlerine .
- Montrer l’intérêt de la lecture des registres paroissiaux. à l'exemple de travaux que m'a envoyés un correspondant.
- ... et d'autres encore ...
Je forme le voeu d’un renforcement de ces coopérations, avec l'espoir que ces échanges pourront continuer dans une ambiance autre que celle du confinement, et en souhaitant longue vie à la confrérie « Pèleriner-confiné ».
Un apport au projet Etoiles du patrimoine Saint-Jacques
Au terme de cette 100e lettre, il est réconfortant de constater que la crise sanitaire a eu dans le monde jacquaire un impact positif. Beaucoup trop d'anciens et nouveaux pèlerins ont, certes, été frustrés de leur pèlerinage, qu'il soit habituel ou le premier.
Mais celui qui nous a écrit que « maintenant il ne marcherait plus comme avant », ceux qui à défaut d'être sur le chemin sont allés aux Archives départementales chercher des documents, ceux qui ont découvert ce dont témoigne la stèle de Pédraja, tous membres d'une confrérie d'un genre nouveau ont tiré un grand profit de cette épreuve.
Nous tournant vers l'avenir, il est heureux de constater que ces lettres contribuent à la mise en valeur de recherches qui restent trop souvent confidentielles.
Elles s'inscrivent ainsi pleinement dans le projet Etoiles du patrimoine Saint-Jacques. Elles ouvrent la voie à la reconnaissance du patrimoine Saint-Jacques européen ».
Mais celui qui nous a écrit que « maintenant il ne marcherait plus comme avant », ceux qui à défaut d'être sur le chemin sont allés aux Archives départementales chercher des documents, ceux qui ont découvert ce dont témoigne la stèle de Pédraja, tous membres d'une confrérie d'un genre nouveau ont tiré un grand profit de cette épreuve.
Nous tournant vers l'avenir, il est heureux de constater que ces lettres contribuent à la mise en valeur de recherches qui restent trop souvent confidentielles.
Elles s'inscrivent ainsi pleinement dans le projet Etoiles du patrimoine Saint-Jacques. Elles ouvrent la voie à la reconnaissance du patrimoine Saint-Jacques européen ».
Le lancement officiel du projet Etoiles du patrimoine Saint-Jacques, labellisé au début de 2019, aurait dû avoir lieu en mai 2019. Il est aujourd'hui prévu en octobre 2021, Covid permettant ! Bien que retardé ce projet prend forme progressivement et éveille de l'intérêt en France et ailleurs en Europe.
Il en est ainsi en Allemagne,
Au sein de la Fränkische Sankt Jakobus-Gesellschaft Würzburg, Manfred Zentgraf, anime la collecte d'Etoiles, classées en trois catégories *, **, ***.
Merci Manfred !