Institut recherche jacquaire (IRJ)

Le portrait de saint Jacques, de Flumet : complément d’enquête, lettre 155


Rédigé par Jean-Luc Penna le 15 Février 2023 modifié le 21 Février 2023
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Une des missions confiées à la commission histoire et patrimoine de l’ARA (Association Rhône-Alpes des Amis de Saint-Jacques) est la réalisation d’un inventaire du patrimoine jacquaire des huit départements qui composent son aire géographique. Depuis son origine il y a maintenant trente ans, sous l’impulsion d’un de ses fondateurs, Jacques Voisin, puis par le travail important de Jean-François Wadier, ce répertoire s’est considérablement étoffé, permettant aujourd’hui la publication en cours de brochures qui présentent, par département, la richesse de ce patrimoine. 
Celle sur la Savoie, publiée en 20211, parle de façon succincte d’un portrait de saint Jacques. Depuis cette parution, nos connaissances se sont enrichies.
 


1 - Penna Jean-Luc, Wadier Jean-François : Présence de saint Jacques dans la Savoie (73), les pèlerins, les chemins et le patrimoine. Association Rhône-Alpes des Amis de Saint-Jacques, 2021.

Portrait de saint Jacques pèlerin (Flumet)
Portrait de saint Jacques pèlerin (Flumet)

          Dans le nord du département de la Savoie, au cœur du Val d’Arly, la cité de Flumet regroupe ses maisons autour de l’église paroissiale Saint-Théodule. Celle-ci abrite quelques trésors artistiques, notamment une série de neuf portraits d’apôtres, Jacques le Majeur, André, Jude, Matthias, Philippe, Pierre, Simon, Thomas et Paul, et d’un Christ en gloire (Salvator mundi). L’intérêt de ces toiles a justifié leur inscription à l’inventaire supplémentaire au titre des Monuments Historiques, par un arrêté du 6 février 1995, avec pour seules mentions : 10 toiles marouflées du XVIIème siècle, sans attribution particulière.
            Un hasard de lecture m’a mis en présence d’une illustration, une gravure d’un visage du Majeur, en tout point identique au portrait de Flumet2.  Elle est l’œuvre signée d’un artiste graveur anversois, Schelte Bolswert, qui précise qu’elle est réalisée à partir d’une œuvre de Gérard Seghers, peintre flamand, qui a exercé à Anvers, dans un style qui a oscillé entre maniérisme et caravagisme.
 


 2 - Brunel Julie : La représentation iconographique de Jacques le Majeur à l’époque moderne. Mémoire de recherche, diplôme national de master 2 sous la direction de Philippe Martin. Université Lumière, Lyon 2. Août 2017.

https://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/notices/67762-la-representation-iconographique-de-jacques-le-majeur-a-l-epoque-moderne

Gravure de Schelte Bolswert (Rijksmuseum, Amsterdam)
Gravure de Schelte Bolswert (Rijksmuseum, Amsterdam)
On a longtemps cru que les originaux de Seghers avaient disparu. Mais Anne Delvingt3 a redécouvert récemment ces toiles, probablement peintes entre 1624 et 1629.
Elles sont conservées au couvent des Sœurs de la Charité, à Saint-Ghislain, en Belgique.
 


3 - Delvingt Anne : "Une série d’apôtres, le Christ et saint Paul du peintre caravagesque Gérard Seghers identifiée à Saint-Ghislain", pp. 143-181 dans La Revue Belge d’Archéologie et d’Histoire de l’Art, tome LXX, 2001.


Saint Jacques (Saint-Ghislain)
Saint Jacques (Saint-Ghislain)
Une autre série complète peut être repérée aujourd’hui, grâce à des informations trouvées sur internet, dans le couvent des Visitandines de Varsovie4 , acquisition probable de Ladislas IV Vasa, roi de Pologne de 1632 à 1648.
À Flumet, la série incomplète et de format plus réduit (60 X 78 cm) pourrait-être, compte tenu de sa bonne facture, soit une copie de l’atelier de Seghers, soit une copie réalisée par un autre peintre à partir des gravures de Schelte Bolswert.
 


4 - Prezentacja kolekcji obrazów Chrystus Salvator Mundi i Apostołowie.
Site internet des Visitandines de Varsovie : http://www.wizytki.waw.pl/


Saint Jacques (Varsovie)
Saint Jacques (Varsovie)
Maintenant que nous savons l’origine flamande de l’image de saint Jacques de Flumet, peinte d’abord par Gérard Seghers, poursuivons notre enquête en nous tournant, comme l’a fait Anne Delvingt5 pour le portrait de saint Jacques, de Saint-Ghislain, vers le milieu anversois des activités artistiques au début du XVIIème siècle.
 
C’est là, à Anvers, que naît en 1591 Gérard Seghers. C’est là qu’il meurt en 1651, après une vie consacrée à la production d’œuvres picturales. Il étudie dès l’âge de 12 ans le dessin et la peinture et devient maître en 1608, alors qu’il n’a que 17 ans, dans le cadre de la Guilde de Saint-Luc d’Anvers, organisation corporative strictement réglementée qui regroupe des peintres, des graveurs, des sculpteurs et des imprimeurs. Il en devient doyen en 1646.
 


5 - Delvingt Anne : Gérard Seghers, un peintre flamand entre Maniérisme et Caravagisme. Musée des Beaux-Arts de Valenciennes, 2011.


Note du webmestre

Chaque lettre fait l'objet d'un article, conservé sur le site qui peut y être lu dans la chapitre " Accès aux lettres de l'IRJ ".
Cet article sera suivi d'une seconde partie qui paraîtra dans la prochaine lettre.
Il donnera l'occasion de mieux connaître Gérard Seghers

Février  2023
Jean-Luc Penna
Commission histoire et patrimoine
Association Rhône-Alpes des Amis de Saint-Jacques