Sous le sable, les découvertes les plus profondes
« l’église est notoirement de très ancienne fondation et des premières fondées à l’honneur de Notre-Dame en ce pays, à laquelle, dès le temps de sa fondation, ont accoutumés aller en voiage et pellerinage plusieurs personnages de divers estrangiers pais… »
Francisque Michel (voir ref. ci-dessous)… p.508 note 5, registre B21, fol.57.
La voici, transcrite et traduite par Bernard Gicquel. Traduction, « sans garantie » dit-il ; difficile de comprendre l’association de « fréquemment » et « quelquefois » …
« … Ils montrent aux pèlerins qui, jadis et naguère fréquemment, s'écartent quelquefois du chemin de Jérusalem ou de Saint-Jacques pour aller à l'église Sainte-Marie de Soulac sur le tombeau de sainte Véronique … ».
Paris, Bnf, ms. lat.12751, fol. 207 et svts,
communiqué par F. Zapata qui tenait la référence de J. Cavignac, conservateur des archives départementales de Gironde. Merci à Bernard Gicquel pour sa copération.
Plus haut dans le temps ? Rien !
Comme tous, il les avaient entendues, criées aux carrefours « à son de trompe ».
Quatre autres ordonnances de réglementation sont à nouveau publiées en 1686, 1717, 1738, 1769 alors que, parallèlement, la vogue des fêtes galantes bat son plein et que, dans tout le royaume, de belles marquises aiment à faire peindre leur portrait en costume de pèlerine (voir la lettre n°32).
Un siècle plus tard
« On ne sauroit s'imaginer la quantité de pèlerins qui alloient anciennement à St. Jacques de Compostelle & à Rome »
« … Il paroît, par un titre du 8 septembre 1343, qu’à l'occasion du passage des pèlerins qui s’embarquoient pour la Saintonge, soit à Soulac, soit à Talays, paroisses contigües, il y eut entre les habitans de ces deux paroisses des querelles très sérieuses & des batteries sanglantes dans lesquels plusieurs d’entre eux perdirent la vie ».
Voilà un texte du XIVe siècle qui pourrait signifier davantage, mais il ne concerne pas Compostelle puisqu’il s’agit d’un passage vers la Saintonge, au Nord. Néanmoins, un peu plus loin, l’abbé Baurein évoque le même texte ( on a déjà vu ) en y voyant un passage à double sens :
« On a déjà vu que le bas Médoc était le passage d'un grand nombre de pèlerins qui allaient ou venaient de la Saintonge »
Au XIXe siècle
D’aucuns diront qu’il s’agissait d’un courant laïc, voire anticlérical, s’opposant à un courant conservateur très tourné vers l’Eglise. Possible, mais il en émergea la profession d’historien centrée sur l’étude, l’analyse, la critique et l’interprétation des sources.
Or, seuls des érudits de l’ancienne école ont étudié l’histoire de Soulac.
« on ne peut s'empêcher de penser que les navires partis des îles britanniques pour charger nos vins venaient à peu près à vide. Mais vraisemblablement il n'en était pas ainsi »
Voilà comment sont nés les Anglais partis sur la voie du littoral.
Pour la géographie de cette « voie du littoral », il reprend, sans le citer, le texte de Baurein qu’il modernise un peu :
« On voit par un titre du 8 septembre 1343 qu’à l’occasion du passage des pèlerins qui s’embarquaient pour la Saintonge soit à Talais soit à Soulac communes limitrophes, il y eut entre les habitants de ces deux localités des conflits sanglants… »
Une mise en cause venue d'Angleterre
Ces foules d’Anglais débarquant à Soulac commencent discrètement à être mises en cause en 1964 dans les travaux de Constance Storrs. Elle constate que les bateaux venaient charger du vin à la fin des vendanges (le vin se conservait mal au Moyen Age), et que ce n’était pas la bonne saison pour les pèlerins de Compostelle. En outre, partir à pied pour 1300 km à l’entrée de la mauvaise saison n’avait rien d’évident.
C'est l'étude attentive de cet ouvrage qui a poussé une pèlerine girondine à poser les questions auxquelles répondent les lettres 104 et 105.
Des Anglais ailleurs en France
n'a pas eu l'exclusivité de leurs pèlerinages.
Des Anglais ne traversant pas l’Aquitaine pour aller à Compostelle
Le récit d’Andrew Borde
Un jour, dit-il
« Quand je fus à l’Université d’Orléans, traversant le pont pour entrer dans la ville, je rencontrai neuf Anglais et Ecossais qui allaient à la sainte Compostelle en pèlerinage à saint Jacques ».
Andrew Borde déteste ce voyage par terre qu’il a fait pour la seconde fois avec eux. Il affirme que pour aller à Compostelle,
« Par mer ce n’est pas difficile mais par terre c’est le plus grand voyage qu’un Anglais puisse faire ».
1 - Récit intégral dans Récits de pèlerins de Compostelle, éditions La Louve, 2010.
Le mirage résiste
Une phrase pleine de bon sens ( p.6) du catalogue 1985, insinue un doute :
« Les pèlerins ne pouvait guère trouver d'aide auprès de la population locale très clairsemée et très pauvre et pour laquelle une bouche de plus à nourrir même pour un soir créait une difficulté »Mais elle n’a alerté personne …
Au XXIe siècle
En 2021, une recherche sur Internet avec les mots
« Soulac "Voie des Anglais" "Voie du Littoral" »
Je leur souhaite bonne chance !