Le Légendaire Angevin Hongrois et les miniatures de saint Jacques
Le miracle du jeune homme de Prato dans le Légendaire
Sur les 72 miniatures jacquaires, seules 64 ont survécu. La légende de saint Jacques commence par l'illustration de sa vie, suivie de sa passion, de la translation de son corps en Galice et enfin de la narration de 12 miracles post mortem. Parmi eux, il y en a un qui a une origine indépendante du Livre de saint Jacques et qui mérite notre attention. C'est le miracle du jeune homme de Prato2:
Le miracle du jeune homme de Prato dans les recueils littéraires médiévaux
Ce miracle est l'un des douze recueillis par Jacques de Voragine (Gênes, 1228-1298) dans sa Légende dorée. Il fut un hagiographe et historien italien, frère dominicain et archevêque de Gênes. À partir des années 1260, il se consacra à l'écriture d'un recueil de vies de saints (la Légende dorée), qui fut très diffusé - également dans des versions populaires - tout au long du Moyen Âge3.
L'auteur, pour donner à son légendaire un caractère plus pratique et moderne, a non seulement raccourci les histoires des différents saints, mais a décidé de transmettre à la fois les versions traditionnelles et celles qui lui sont contemporaines et de caractère local (c'est-à-dire en Italie).
C'est précisément dans ce contexte qu'il faut insérer le miracle de Prato : il se déroule dans une ville italienne, il est le résultat du culte de saint Jacques à Pistoia et il est contemporain de l'auteur puisqu’il date de 1238 :
L'an du Seigneur 238, la veille de Saint-Jacques, dans la place forte de Prato, située entre Florence et Pistoia, un jeune paysan, d'esprit un peu simple, mit le feu à la grange de son tuteur qui voulait le dépouiller de son héritage. Arrêté, il avoua sa faute et fut attaché à la queue d'un cheval. Mais s'étant voué à saint Jacques, fut traîné sur un sol pierreux sans que son corps ni même sa chemise eussent aucun mal. On l'attacha ensuite à un poteau au pied duquel on alluma un grand feu, mais il invoqua de nouveau saint Jacques et la flamme ne lui fit aucun mal. Les juges voulurent recommencer le supplice, mais la foule le délivra et on s'accorda pour louer Dieu et l'apôtre saint Jacques son serviteur.
Le culte de San Giacomo (saint Jacques) à Pistoia
Dans un premier temps, l'historiographie considéra que l'achat de la relique avait été un simple outil politique pour apaiser les conflits entre la municipalité et l'Église, un objet pacificateur. Récemment, cette théorie a été revue par Lucia Gai, qui a placé l'introduction du culte en relation avec la politique pontificale d'Innocent II (p. 1130-1143) et avec les valeurs de l’Ordre de Vallombreuse prônées par l'évêque de Pistoia de cette époque, saint Atto (v. 1133-1153) .
Notes 1 à 4
Traduction Flavio Vandoni
président de l'Association " Amici del Cammino di Santu Jacu "