L’implication de la France pour concrétiser le premier Itinéraire Culturel européen
Il était prévu de créer un :
« axe prioritaire de la voie dite ‘de Tours’ qui part de Valenciennes et passe par Amiens, Paris, Chartres, Tours, Poitiers, Aulnay, Saintes, Pons, Blaye, Dax et Saint-Jean-Pied-de-Port ».
Entre cette fin 1987 et 1989, trois autres projets, indépendants les uns des autres, ont répondu à l’appel de Compostelle, à Blaye, à Paris, et à Saint-Jean-d’Angély. Cette indépendance était contraire à toute idée de coordination. Il y avait là un second germe de désillusions, le premier, l’oubli de la création d’un centre de recherche structuré, a été souligné dans la lettre 137.
7 novembre 1987 à Blaye, au cœur de la Citadelle, un Centre culturel européen
Tout ce qui suit provient des archives conservées à la mairie de Blaye, lesquelles sont peu ou mal datées.
Ce Centre avait pour objet :
« d'entreprendre toute action dans les domaines culturels visant à promouvoir l'esprit européen et à aider à la construction de l'Europe […] l’un de ses buts était de favoriser et promouvoir toutes initiatives individuelles et collectives participant au développement culturel, touristique et socio-économique des collectivités locales concernées par les chemins de Saint-Jacques ».
La Charte de Blaye
2 Constitution.
3 Membres.
4 Section administrative.
5 Organisation.
6 Financement.
Les buts étaient multiples :
« Accueil des pèlerins et des touristes. Liaisons entre haltes et étapes. Actions de restauration et d'animation du patrimoine. Réhabilitation du patrimoine architectural et d'une façon générale, historique, littéraire, musical, artistique, et éventuellement naturel, à proximité des chemins créés par le pèlerinage. Organisation d'échanges. Participation de la jeunesse. Formation et emploi. Concertation avec les institutions européennes, la Communauté européenne et le Conseil de l'Europe ».
L’article 6 de la Charte, « Financement » évoque des ressources provenant de tous les organismes fondateurs, mais aucun chiffre n’est avancé. Il prévoit un budget mais tout aussi vague et parle d’un « capital permanent ». Rien sur les salaires, comme si tout le monde était bénévole. Rien sur les bureaux. On sait seulement que des travaux ont eu lieu dans l’église du couvent des Minimes en 1988 et, rappelons-le, la « Halte » pour les pèlerins a été ouverte dans un ancien casernement.
Le plus long de ces documents élabore un projet destiné à être une fonction essentielle de Blaye, devenir un « Centre européen de rencontre et de formation de la jeunesse des chemins de Compostelle » prévoyant accueil et hébergement des jeunes pèlerins, animations, cours de langue, stages internationaux. Bref, Blaye serait le centre névralgique d’un « Tour d’Europe des jeunes sur le chemin de Saint-Jacques ». A lui d’assurer la coordination dans l’Europe entière.
Premières initiatives
Paris-Compostelle « Fondation européenne du chemin de Saint-Jacques »
« accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement du Royaume d'Espagne portant création de la Fondation européenne du chemin de Saint-Jacques ».
« désireux de promouvoir la rénovation du patrimoine et l'animation culturelle le long des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle [ils] constituent une institution dénommée Fundacion europea del Camino de Santiago/Fondation européenne du chemin de Saint-Jacques ou la dénomination correspondante dans la langue officielle des Etats européens qui adhéreront au présent accord ».
la promotion des itinéraires de Saint-Jacques grâce à la coopération entre les administrations des Parties et d'autres institutions publiques ou privées intéressées, la promotion d'actions destinées à la restauration du patrimoine ainsi qu'à la revitalisation culturelle des chemins de Saint-Jacques, la promotion dans les Etats européens d'initiatives qui favorisent les échanges culturels entre les peuples et l'Europe.
« création par les gouvernements français et espagnol, d'une fondation à vocation européenne, bien dotée sur le plan financier, qui vient s'intégrer aux travaux de revitalisation des chemins de Saint-Jacques, avec des perspectives scientifiques ».
Les bureaux de Paris étaient situés 22 rue Tourlaque 75018 Paris. Tout s’annonçait donc fort bien, mais le silence postérieur est total sur le devenir de cette Fondation prometteuse.
Tout ce qu’on sait, c’est que seule l’Espagne a vu, en 1993, le Camino francés inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco, laissant la France au bord du chemin.
Rentrée scolaire 1989 Saint-Jean-d’Angély. Centre de culture européenne
Très étonnamment, il reprenait l’une des idées de Blaye, former la jeunesse. Il tenait des sessions pluridisciplinaires de culture et de citoyenneté européenne proposées aux jeunes de 16-19 ans venus de tous les pays d’Europe.
Que conclure ?
Les initiatives prises révèlent des tensions entre villes et régions voisines, jalousies, oppositions politiques, ambitions personnelles. René de La Coste a tenté à chaque fois d’obtenir une vraie reconnaissance de son Centre d’Etudes Compostellanes, mais il n’a jamais été suffisamment écouté.
Les textes fondateurs de l'Itinéraire culturel avaient été rédigés par des personnes pour lesquelles, comme l’a même dit un éminent professeur parisien, « tout avait été dit sur Compostelle ».
Cette absence de curiosité intellectuelle pour un phénomène supposé connu est sans doute aussi une des causes de l'échec d'initiatives qui se copiaient mutuellement.
La réussite de Saint Jean d'Angely qui a su innover en utilisant l'image de Compostelle pour promouvoir une culture européenne, n'en serait-elle pas une preuve ?