De l’utilité de l’histoire
Cocorico !!« Enfin dévoilée, la première promotion de huit Communes Haltes-Chemins de Compostelle en France ! ».
Cet « enfin ! » sonne comme une victoire chèrement acquise.
Mais qui se souvient que l'ACIR, née le 2 février 1990, avait remercié « les communes ‘Haltes de Saint-Jacques de Compostelle’ de leur détermination à s’engager dans une même volonté de renaissance des chemins de Compostelle », lors d'une grande manifestation à Aubrac le 25 juillet 1990 ?
La première « Halte de Saint-Jacques » est née à Blaye
Un point d’orgue à Compostelle en octobre 1987
Alfredo Conde, conseiller de la Culture à la Xunta (avec une barbe).
Javier Solana, ministre espagnol de la Culture (avec lunettes et barbe) ;
Marcelino Oreja, (de profil et en costume sombre).
Déclaration de Saint-Jacques de Compostelle 23 octobre 1987
Le sens de 1'humain dans la société, les idées de liberté et de justice et la confiance dans le progrès sont des principes qui historiquement ont forgé les différentes cultures qui créent I'identité européenne.
Cette identité culturelle est, aujourd'hui comme hier, le fruit de l'existence d'un espace européen chargé de la mémoire collective et parcouru de chemins qui surmontent les distances, les frontières et les incompréhensions.
Le Conseil de l'Europe propose aujourd'hui la revitalisation de l'un de ces chemins, celui qui conduisait à Saint-Jacques de Compostelle. Ce chemin, hautement symbolique dans le processus de construction européenne, servira de référence et d'exemple pour des actions futures.
[...]
Que la foi qui a animé les pèlerins tout au long de l'histoire et qui les a réunis en une aspiration commune, par-delà les différences et les intérêts nationaux, nous inspire aujourd'hui nous aussi et tout particulièrement les jeunes à parcourir ces chemins pour construire une société fondée sur la tolérance, le respect d'autrui, la liberté et la solidarité.
Immédiatement se sont multipliées les initiatives aussi enthousiastes qu’irréfléchies voire improvisées. L’Europe devenait plus concrète, à portée de pieds puisqu’il suffisait d’emprunter ces fameux chemins surgis miraculeusement pour qu’elle s’ouvre à tous.
Comment et pourquoi ces enthousiasmes ont-ils sombré progressivement dans les profondeurs de l’oubli ? Si la Déclaration de Compostelle avait été préparée de longue date, qui avait anticipé ses conséquences pratiques en dehors de l'Espagne ?
La lente maturation de cette décision
Puis ce furent, dans les années 60, les efforts du Ministre du tourisme espagnol, le Galicien Fraga Iribarne, pour faire de l’Année Sainte 1965 une grande année tournée vers l'Europe : restauration de tronçons du Camino francés et de certains monuments, pose de croix-balises, accompagnement en une sorte de caravane publicitaire de pèlerins venus en 1963 à cheval depuis la Provence, etc.
C’est à la suite de cette exposition que fut créé, par le Conseil de l’Europe, le « Comité d’experts du Chemin » qui s’employa à obtenir la décision de 1987.
Le Comité d'experts
Professeur A. d'Haenens (Belgique), M. R. de la Coste-Messelière (France), Professeur Robert Plôtz (R.F.A.), Professeur Paolo Caucci von Saucken (Italie), Professeur Manuel Díaz y Díaz (Espagne), Professeur Derek Lomax (Royaume Uni) sous la présidence du Professeur Alfred A. Schmid (Suisse)
Dans la Déclaration de Compostelle, le Conseil de l'Europe avait tracé un programme en six points.
Le programme du Conseil de l'Europe
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Pour cela, nous faisons appel aux autorités, institutions et citoyens pour :
1. Poursuivre le travail d'identification des chemins de Saint-Jacques sur l'ensemble du territoire européen ;
2. Etablir un système de signalisation des principaux points de l'itinéraire par l'utilisation de l'emblème proposé par le Conseil de l'Europe ;
3. Développer une action cordonnée de restauration et de mise en valeur du patrimoine architectural et naturel situé à proximité de ces chemins ;
4. Lancer des programmes d'animation culturelle afin de redécouvrir le patrimoine historique, littéraire, musical et artistique créé par les pèlerinages à Saint-Jacques de Compostelle ;
5. Promouvoir l'établissement d'échanges permanents entre les villes et les régions situées le long de ces chemins ;
6. Stimuler, dans le cadre de ces échanges, la création artistique culturelle contemporaine pour rénover cette tradition et témoigner des valeurs intemporelles de l'identité culturelle européenne.
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Mais personne, y compris les spécialistes, n’a réalisé que « lancer des programmes d’animation culturelle » ne permettrait jamais de « redécouvrir le patrimoine » : on ne peut animer que ce qui est connu à partir d’une recherche sérieuse et approfondie.
La prochaine lettre présentera l’implication de la France dans la concrétisation de la Déclaration de Compostelle du 23 octobre 1987.