Le culte de saint Jacques à Perpignan


Rédigé par le 25 Aout 2009 modifié le 31 Janvier 2022
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Perpignan possède une église Saint-Jacques dans laquelle est un reliquaire du saint. Cette église fut un lieu de pèlerinage aujourd'hui occulté par Compostelle. Mais c'est bien dans cette église que les Perpignanais, en particulier les confrères jardiniers et tisserands venaient vénérer saint Jacques.



Un reliquaire vénéré encore aujourd'hui

Le reliquaire en tenue d'apparat le 25 juillet 2009
La photo ci-dessus que nous devons à l'obligeance de Jean-Hubert Serre montre le reliquaire en tenue d'apparat, tel qu'il est sorti en procession le 25 juillet 2009. Cette dévotion est héritée de celle des confrères jardiniers et tisserands qui avaient saint Jacques pour patron. Elle a son origine dans le culte que Jacques Ier d'Aragon a toujours manifesté pour son patron.
Malheureusement le Conseil Général est obnubilé par Compostelle. Il est vrai qu'il est encouragé par une association de pèlerins contemporains tout acquis aux idées du XIXe siècle sur le pèlerinage à Compostelle et persuadés qu'il existait un " Chemin ". Mythe qu'ils s'efforcent de concrétiser en reliant des lieux qui n'ont au mieux en commun que d'être sur des routes conduisant en Espagne. L'un et l'autre sont encouragés par l'ACIR, association interrégionale de promotion des chemins.

Un culte qui remonte à Jacques Ier d'Aragon

A la clé de voûte du choeur, saint Jacques et les blasons de la confrérie des jardiniers
La coïncidence de dates entre la naissance, en 1243, de Jacques II, fils de Jacques Ier  et le début de la construction de l’église Saint-Jacques del Puig à Perpignan en 1244 ne semble pas  fortuite.
L’église Saint-Jacques de Perpignan a été un sanctuaire de pèlerinage au cœur du quartier marchand. D’abord située hors-les-murs dans le quartier du Puig, qui était, selon les auteurs, quartier des lépreux ou des Juifs, auxquels la reine Yolande d'Aragon avait ordonné de s'installer en 1251. La construction de l’église change la physionomie du lieu, qui devient le quartier Sant-Jaume où le roi Sanche de Majorque assigne à résidence des tisserands de drap. Bien d’autres villes possèdent ce type de quartier, mis sous la protection de saint Jacques, patron de corporations locales qui animèrent deux puissantes confréries ayant leur siège à l'église Saint-Jacques. En 1450, un retable est construit, centré sur un saint Jacques vêtu d’or fin, de pourpre et d’azur. Une relique insigne du saint y est enchâssée, dont on retrouve la trace dans un inventaire de 1482 : « un chef d’argent de Monsieur sant Jacme, avec son chapeau d’argent doré avec quatre coquilles d’argent fixées audit chapeau ». Voilà qui signe un pèlerinage local. Le retable actuel date des années 1760. Il comporte une niche centrale où se dresse une statue de saint Jacques, entouré de saint Pierre et saint Jean son frère.
Ce retable a une particularité : la statue est accessible par un escalier qui, vraisemblablement, permettait aux fidèles d'aller la vénérer. Cette disposition est-elle inspirée de Compostelle ? Existait-elle dans l'ancien retable ? Ces questions trouveront peut-être un jour une réponse. Encore faudrait-il que localement un intérêt soit porté à ce patrimoine plus qu'aux chemins de Compostelle.

Pour en savoir plus

Sur l'église Saint-Jacques : brochure de Marcel Durliat en vente à l'église, la paroisse ( 10 Rue Eglise St Jacques, 66000 Perpignan   04 68 50 34 05  ) peut sans doute en fournir des exemplaires.

Sur les dévotions à saint Jacques en Catalogne : article de Denise Péricard-Méa dans la revue SaintJacquesInfo (lien ci-dessous)

Pour voir des images : galerie de photos sur ce site (prochainement).

http://lodel.irevues.inist.fr/saintjacquesinfo/index.php?id=1302