Le choix du 25 juillet pour la fête de saint Jacques


Rédigé par Bernard Gicquel le 22 Juillet 2016 modifié le 1 Février 2024
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L'explication que donne Bernard Gicquel de la définition de la date du 25 juillet est une invitation à lire sa traduction du Codex calixtinus et ses autres articles écrits pour la Fondation dont il est resté membre actif ayant été parmi les fondateurs.



Le 25 juillet

Saint-Jacques des Guérets (Loir-et-Cher), XIIIe le martyre de saint Jacques
La date du 25 juillet est la première qui ait été retenue pour célébrer l'anniversaire de saint Jacques, celui de son martyre,  sa naissance à la gloire des élus. D'où vient cette date ? Jacques est le nom hébreu Jacob qui compte cinq lettres.  il y avait dans ce nombre une raison de situer son anniversaire dans le cinquième mois de l'année et donc en juillet, puisque l'année commençait le 1er mars. La date  du 25 résulterait du fait que 25 est le carré de 5. Mais cette date est celle du début de la Canicule. Une arithmétique anodine place ainsi Jacques à un moment particulièrement riche de l'année en raison du rôle qu'y joue le soleil.

L'Evangile et le soleil

Le passage de l'Évangile dans lequel Jacques et Jean revendiquent une place respectivement à la droite et à la gauche du Christ dans sa gloire situe les deux frères dans une perspective solaire. Jésus les rabroue en leur déclarant qu’il ne s’agissait pas d’occuper des trônes de gloire mais de subir le martyre comme lui. Cette condition étant remplie, la demande peut être satisfaite si l'on conçoit la gloire du Christ, Dieu venu dans le monde, sous la forme de l’espace méditerranéen gagné à la chrétienté.

La droite et la gauche dans la gloire du Christ deviennent alors celles de son royaume  ici-bas " l’Asie qui est à droite incomba à Jean, et l’Espagne, qui est à gauche, échut à Jacques ". selon le sermon Exultemus du Livre de saint Jacques (La légende de Compostelle, traduction du Codex calixtinus de Bernard Gicquel, Livre I,  chap. XV, p.343).

Elle représente certainement une manière de comprendre ce passage évangélique à l’époque où se met en place la relation de saint Jacques avec l’Espagne, avant même l'invention de son tombeau.
Marie Salomé, femme de Zébédée, demande à Jésus des places de choix pour ses fils

Le 25 juillet à midi

L’est et l’ouest sont liés au lever et au coucher du soleil. Si l’on attribue à Jean le lever, à Jacques revient le coucher.  Cette affectation  répétée à loisir par les catalogues apostoliques lui vaudra le patronat de l’Espagne. Si chacun des deux frères possède ainsi une moitié du parcours apparent du soleil, c’est à l’apogée de ce mouvement que l’on passera de Jean à Jacques. En un certain sens, Jacques naît au moment même où le soleil est le plus haut dans sa course, donc à midi, le 25 juillet. Ainsi le texte même de l'Evangile fournirait-il comme une passerelle permettant de rejoindre, à propos de Jacques " le grand et perpétuel sujet de la Mythologie: la double évolution solaire, quotidienne et annuelle ", comme le disait Stéphane Mallarmé (Stéphane Mallarmé, Les Dieux antiques, Paris, Gallimard, 1925, p. 15).

Extrait de Les fêtes liturgiques et le mythe chrétien de saint Jacques.