La miniature illustrant le songe en 1949
La miniature dans son état actuel
L’image restaurée est devenue illisible pour qui ne connaît pas l'histoire qu'elle représente.
La miniature étudiée en 2009
Comme témoin de l’état primitif, elle disposait d’une copie du Codex Calixtinus faite au XIVe siècle, conservée au Vatican. Charlemagne était bien là, endormi et couronné.
Elle disposait également d’une photo ancienne dont elle a omis de noter la date et la provenance, sur laquelle, guidée par la copie du XIVe, elle put distinguer un fragment de couronne, le point d’un œil et l’amorce d’une courbe de visage.
Elle notait deux différences, la couronne impériale était wisigothe, alors que celle du Vatican est postérieure et l’œil est ouvert au lieu d’être fermé.
L’étude récente de Francisco Prado-Vilar
La lecture de ses articles vous en dira davantage.
Il cite notamment une lettre de Manuel Chamoso Lamas, commissaire du patrimoine galicien, chargé par l’Etat de veiller sur les biens et monuments historico-artistiques de la Galice. C'est lui qui, voyant le mauvais état des enluminures du manuscrit, a convaincu le Chapitre d'autoriser l'envoi du manuscrit à la Bibliothèque nationale pour restauration.
Dans sa lettre datée de 1962, il insiste car cette restauration serait faite, dit-il, « en vue de l’année sainte ».
Beaucoup de choses avaient changé entre ces deux dates et il était important de le faire savoir. Tout au long du Camino francés, des bornes, des croix avaient été posées, des monuments restaurés, des plaques indiquaient l'appartenance au Chemin à l'entrée des villages En 1962, la première association jacquaire était née à Estella.
En 1963, quatre officiers espagnols avaient été mobilisés pour accompagner Henri Roque, dit l'Homme à cheval, et ses compagnons, transformant leur chevauchée vers Compostelle en opération de promotion du Camino.
L’apport fondamental de l’étude de Francisco Prado-Vilar
Il a tempéré ces critiques en présentant l'une des plaques de verre où fut photographiée la totalité du Codex calixtinus, vers 1909, par le photographe compostelan « J. Palmeiro e Hijos »5 : on y voit encore la couronne et la quasi-totalité du visage de l’empereur, présenté de trois-quarts, tourné davantage vers le lecteur que vers saint Jacques. Mais déjà la miniature est gravement endommagée. La constatation est faite dès les années 30 :
« Les couleurs dominantes de la miniature sont le vert, le bleu et le rouge. Mais le malheur est que l'encre verte la corrode. Une grande partie a disparu. Si vous n'arrêtez pas le corrosif, la miniature va disparaître ».
Un problème antérieur à la restauration de 1966
L’insertion du Livre IV, le Pseudo-Turpin
« Le quatrième livre de Saint-Jacques commence par l'expédition et la conversion de l'Espagne et de la Galice, publié par l'archevêque le bienheureux Turpin ».
A la suite de ce Pseudo-Turpin fut placé le Livre V (connu aujourd’hui sous le nom de Guide du pèlerin)
La suppression du Livre IV du Codex calixtinus
Mariana évoque néanmoins un second voyage, qu'il nie avec force :
« D'autres historiens ajoutent que, Charlemagne ayant su que l'on avait trouvé le corps de saint Jacques dans la Galice, rentra de nouveau en Espagne […] pour être le témoin oculaire des miracles qui s'opéraient tous les jours au tombeau de ce saint apôtre ; que ce prince religieux fut bien aise […] d'augmenter encore la dévotion du peuple et la vénération pour ce saint lieu ; qu'enfin ayant vu de ses propres yeux tant de prodiges, il donna à l'évêque de Compostelle le droit et l'autorité de primat sur toutes les églises d'Espagne. Mais ce voyage de Charlemagne et ce privilège accordé par ce prince à l'Église de Compostelle sont une pure fable qui n'a nulle vraisemblance et nul fondement dans l'histoire. Comme je pourrais le montrer par diverses preuves inutiles à rapporter ».
Les conséquences
Aurait-il fallu pousser la restitution plus loin, en s’appuyant sur les copies du XIVe siècle, en particulier sur la plus fidèle, celle du Vatican ?
Janine Michel a ouvert la voie à la lecture de cette image
Le résultat obtenu va bien au-delà.
Puisse son travail éveiller l'intérêt le plus large possible !
Une autre image du film
Elle a aussi été l’occasion de re-insérer L’histoire de Turpin à sa place d’origine. .
Notes et liens
1 -« Restitution ou restauration ?
2 - http://culturagalega.gal/noticia.php?id=31264<br"
3 -El sueño de Galicia y el Códice Calixtino
4 - Editions C’est-à-dire, Forcalquier.
5 - Collection d'Eladio Oviedo y Arce des archives de la Real Academia Galega l'Institut Padre Sarmiento, collections du Seminario de Estudos Galegos
6 - El Pseudo-Turpin. Lazo entre el culto jacobeo y et culto de Carlomagno, Actas del VI congreso internacional de estudios jacobeos, Xunta de Galicia, 2003 et en particulier l’article de Manuel Diaz y Diaz, « La posición del Pseudo-Turpin en el Liber sancti Jacobi », p.99-111.
7 - Gicquel, Bernard, La Légende de Compostelle, Paris, Tallandier, 2003
8 - Historia general de Espana, t.I, Livre VII p. 450, éd. 1601.