Chacun défend sa position sur la présence de l’apôtre Jacques le Majeur à Compostelle : Duchesne ne croit pas que les reliques conservées dans la crypte de la cathédrale de Compostelle soient celles de l’apôtre, tandis que López Ferreiro affirme qu’elles sont authentiques.
La reconnaissance officielle de la présence des reliques de saint Jacques
Ils furent retrouvés dans la nuit du 28 au 29 janvier 1879.
Le fragment droit de l’apophyse mastoïdienne conservé dans la cathédrale de Pistoia (Italie), que l’évêque de Compostelle Gelmírez avait offert en 1138 à l’évêque italien saint Athon et que l’on n’a pas retrouvé parmi les restes de Compostelle, servit pour confirmer l’identification des os de l’apôtre.
Les arguments de Mgr. Duchesne
Voici le résumé de ses arguments :
Sa conclusion est très ferme et circonstanciée :
« De tout ce que l'on raconte sur la prédication de saint Jacques en Espagne, la translation de ses restes et la découverte de son tombeau, un seul fait subsiste, celui du culte galicien. Il remonte jusqu'au premier tiers du IXe siècle et s'adresse à un tombeau des temps romains, que l'on crut alors être celui de saint Jacques. Pourquoi le crut-on ? Nous n'en savons rien. L'autorité ecclésiastique intervint ; on peut croire qu'elle ne se détermina que sur des indices graves, à son estimation. Ces indices ne nous ayant pas été transmis, nous n'avons pas à les apprécier. Les connaîtrions-nous qu'ils échapperaient peut-être à notre compétence ».
Mgr. Duchesne alla même (ô hérésie !) jusqu’à évoquer la possibilité que les restes de la cathédrale de Compostelle soient ceux de l’évêque hérétique d’Avila, Priscilien, qui avait été décapité en 385 par ordre de l’empereur Maxime. Il douta également de l’authenticité des restes supposés de sainte Marie-Madeleine conservés dans le sanctuaire de la Sainte-Baume, en France. Cela lui valut plusieurs menaces de mort et la mise de ses oeuvres dans l’Index librorum prohibitorum par le pape Pie X. Cependant, en 1973, le pape saint Paul VI réhabilita l’ensemble de sa très importante œuvre historique.
Les arguments de López Ferreiro
Avec ironie, López Ferreiro dit qu’il n’ose pas « qualifier Duchesne ni d’être un ignorant ni d’être peu sérieux ». Il finit par dire que « ces négligences sont indignes de la Science et d’un directeur, qui se croit presque infaillible, de l’École Française de Rome et du Bulletin critique », charges que Monseigneur Duchesne occupa. De plus, il recommande à l’abbé Duchesne, puisque, d’après lui, les restes de saint Jacques le Majeur ne sont pas conservés dans la cathédrale de Compostelle, qu’il aille les chercher à Jérusalem.
Ainsi que l'a écrit le pape Jean-Paul II en introduisant l'encyclique Fides et Ratio :
La foi et la raison sont comme les deux ailes
qui permettent à l'esprit humain
de s'élever vers la contemplation de la vérité.
« Et le tombeau d’argent est vide. Mais justement ce qui l’habite, ce grand vide, c’est l’absolu que ces brasiers de foi et d’amour ont créé, comme Dieu créa de rien, de son amour, le monde. Si les os réels de saint jacques étaient là, leur poussière auguste serait limitée et finie. Dans l’intemporel elle s’agrandit aux dimensions sans limite des cœurs qui, siècle après siècle, l’ont faite présence. »
Ne semble-t-elle pas en parfaite harmonie avec les propos successifs de Jean-Paul II et Benoît XVI lors de leur pèlerinage à Compostelle, le premier parlant du mémorial de saint Jacques et son successeur déclarant en entrant dans la cathédrale qu'elle conserve la mémoire de l'apôtre ?
Dans le même temps, Anton M. Pazos, vice-directeur de l’Instituto de Estudios Gallegos Padre Sarmiento a publié en 2021 un ouvrage ayant un rapport étroit avec le sujet, Las reliquias de Santiago. Documentos fundamentales de la Reinventio de 18791
1- Santiago, CSIC / IEGPS, 2021. (Annexes des Cuadernos de Estudios Gallegos, LI).