2009, l'année où il fallait se taire
Couverture de notre étude du Patrimoine mondial
Parue en 2009,
une étude sur l'inscription des chemins de Compostelle en France au Patrimoine mondial exposa ce que savaient les experts mais n’était pas dit au public. Un expert qui avait connu ce dossier, nous le reprocha en ces termes
« Nous on le sait, pourquoi le dire ?
Laissez-les donc à leurs rêves ».
Mais pourquoi fallait-il cacher ces recherches ?
Pour ne pas nuire à l'inscription des chemins en France, comme l'avait été Camino francés en 1993.
Depuis 1999, des plaques sur des monuments l'affirmaient :
Pour ne pas nuire à l'inscription des chemins en France, comme l'avait été Camino francés en 1993.
Depuis 1999, des plaques sur des monuments l'affirmaient :
Les chemins de Compostelle en France ont été inscrits par l’Unesco sur la liste du Patrimoine mondial [...] Des monuments notables, inscrits à ce titre étaient des jalons sur les chemins …
La décision de l'Unesco était :
des monuments ont été inscrits comme jalons et sont devenus collectivement les « Chemins de Compostelle en France.
La France avait bénéficié d'un artifice de présentation, sans en avoir pris la mesure. L'Unesco avait inscrit des monuments. La France se réjouissait benoîtement de l'inscription de chemins. Mais les experts craignaient le déclassement si les chemins n'étaient pas gérés comme des monuments.
La situation était en outre compliquée par la pratique de l'Unesco consistant à imposer rétrospectivement de nouvelles règles à des biens inscrits avant leur définition. Il en était ainsi de la VUE, la Valeur Universelle Exceptionnelle reconnue aux Biens inscrits.
La situation était en outre compliquée par la pratique de l'Unesco consistant à imposer rétrospectivement de nouvelles règles à des biens inscrits avant leur définition. Il en était ainsi de la VUE, la Valeur Universelle Exceptionnelle reconnue aux Biens inscrits.
Il manquait la DVUE
Exemple de plaque apposée sur un monument. L'église de Perse n'est pas un monument-jalon. Elle aurait mérité de l'être.
La France devait donc fournir à l'Unesco des justificatifs permettant d'obtenir la DVUE, Déclaration de Valeur Universelle du Bien, pour des monuments.
Les articles en lien ci-dessous expliquent comment la VUE a été progressivement définie et donnent les définitions.
La Valeur Universelle Exceptionnelle des chemins de Compostelle en France
Les critères de Valeur Universelle Exceptionnelle
Mais pour obtenir cette déclaration, il fallait satisfaire à une condition : mettre en place une gestion du Bien. Casse-tête pour les autorités française : comment gérer un Bien constitué de 71 composantes disparates ?
Les articles en lien ci-dessous expliquent comment la VUE a été progressivement définie et donnent les définitions.
La Valeur Universelle Exceptionnelle des chemins de Compostelle en France
Les critères de Valeur Universelle Exceptionnelle
Mais pour obtenir cette déclaration, il fallait satisfaire à une condition : mettre en place une gestion du Bien. Casse-tête pour les autorités française : comment gérer un Bien constitué de 71 composantes disparates ?
2012, le recours à l'idée de biens en série
Pour tourner la difficulté, la France proposa de considérer les 71 monuments choisis pour représenter les chemins en France comme des biens en série. Ce concept était né pour permettre l'inscription de biens de même nature et de même période mais dispersés géographiquement. Un bon exemple est constitué par les fortifications de Vauban, inscrites en 2008.
L'extension de cette idée aux chemins de Compostelle fit l'objet d'un colloque tenu à Poitiers en 2012. Des experts firent valoir que des biens de natures et époques différentes pouvaient être considérés comme " série " s'ils définissaient un itinéraire. Les chemins de Compostelle en France n'en définissaient pas un mais plusieurs. Peu leur importait.
Restait à gérer ces biens.
2013, un arrêté qui ouvre la voie à la VUE
Un arrêté du 30 avril 2013 a défini une autorité chargée de répondre aux exigences de l'Unesco :
Le préfet de la région Midi-Pyrénées, est désigné préfet coordonnateur de l'action des préfets des régions […] pour la mise en œuvre du plan de gestion du bien « Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France » et de sa zone tampon, la coordination du rapport périodique et du rapport sur l'état de conservation du bien pour une durée de cinq ans.Une organisation fut mise en place que nous avions qualifiée " d'usine à gaz ". Pourquoi ?
Parce nous imaginions la difficulté à définir une " zone tampon " d'un Bien imaginaire composé de 71 éléments dispersés sur le territoire national. Fallait 71 zones tampon ? Des efforts furent entrepris en ce sens. Elles nous valurent des questions de DRAC bien embarrassées. Toutes ces zones ne furent sans doute pas définies. Mais les premières mesures permirent enfin l'obtention de la DVUE du Bien " Chemins de Compostelle en France " en 2017.
A temps pour célébrer dans l'euphorie, en 2018, le 20e anniversaire de l'inscription.
2018, les fruits de l'action du préfet coordonnateur
L'année 2018 célèbre par de nombreuses manifestations le 20e anniversaire de l'inscription des chemins autour des 71 monuments. Impossible de résumer ici leur richesse et la capacité d'invention de leurs organisateurs. Des visites permettent au public de découvrir ces monuments, parfois sous un jour différent. Des concerts et diverses animations les mettent en valeur. Des marches sont organisées sur des portions de chemins. Une randonnée collective a été organisée en Saintonge. Des expositions de photographies proposent un regard d'artiste sur les monuments ou des portions de chemin.
Des coopérations se sont renforcées ou sont nées pour ces occasions, répondant au souhait de l'Unesco de voir le public s'approprier des monuments inscrits à son insu. Des initiatives privées, comme à Neuvy-Saint-Sépulchre ont su admirablement tirer parti de cet anniversaire, en utilisant les informations officielles, sans se préoccuper plus d'histoire que les promoteurs de l'inscription en 1998.
D'autres manifestations ont été organisées par des villes ne figurant pas sur la liste du Patrimoine mondial " au titre des chemins de Compostelle " mais présentes sur un chemin, ou liées à Compostelle ou à saint Jacques par leur histoire. Fin décembre 2018, la clôture. Et après ?
Certaines expositions ne fermeront que le 31 décembre.
La clôture du 20e anniversaire du Bien français et le 25e anniversaire du Bien espagnol sur la liste du Patrimoine mondial seront célébrées à Saint-Jean-Pied-de-Port le 2 décembre. La manifestation comportera :
- L'exposition photographique Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France, patrimoine de l'humanité (photographies de Jean-Jacques Gelbart)
- La présentation des 78 composantes du bien inscrit par l'Unesco
- Des conférences croisées Histoire des chemins de Saint-Jacques de Compostelle en Espagne et en France
- Un concert de musique médiévale.
Restera une conférence, à Bourges, le samedi 8 décembre, à l'initiative d'Elisabeth Cayrel, chef de projet Patrimoine mondial à la municipalité de Bourges.
La clôture du 20e anniversaire du Bien français et le 25e anniversaire du Bien espagnol sur la liste du Patrimoine mondial seront célébrées à Saint-Jean-Pied-de-Port le 2 décembre. La manifestation comportera :
- L'exposition photographique Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France, patrimoine de l'humanité (photographies de Jean-Jacques Gelbart)
- La présentation des 78 composantes du bien inscrit par l'Unesco
- Des conférences croisées Histoire des chemins de Saint-Jacques de Compostelle en Espagne et en France
- Un concert de musique médiévale.
Restera une conférence, à Bourges, le samedi 8 décembre, à l'initiative d'Elisabeth Cayrel, chef de projet Patrimoine mondial à la municipalité de Bourges.