Présentation de la Geste de Béranger de Landore
La Geste est centrée sur les quatre années de lutte qui ont été nécessaires à Béranger pour prendre la direction du diocèse de Compostelle. Nommé par Jean XXII en 1317, il se prépare pendant un an mais il lui faut attendre 1322 pour arriver à s’imposer tant est grande l'hostilité des habitats de Compostelle, attisée par les conflits de succession du roi de Castille.
Elle est divisée en 102 courts « chapitres » qui racontent les difficultés et traîtrises que Béranger dut surmonter avant d'être reconnu comme archevêque.
Tous les noms des lieux qu'il visita ou fut obligé de se réfugier ou combattre sont mentionnés sur des cartes et sur un plan de la ville de Compostelle, placés en fin de l'ouvrage.
Elle est divisée en 102 courts « chapitres » qui racontent les difficultés et traîtrises que Béranger dut surmonter avant d'être reconnu comme archevêque.
Tous les noms des lieux qu'il visita ou fut obligé de se réfugier ou combattre sont mentionnés sur des cartes et sur un plan de la ville de Compostelle, placés en fin de l'ouvrage.
La genèse de la Geste
En Espagne, il existe assez peu d’études sur cet homme, peut-être du simple fait qu’il était Français. Une chronique latine contemporaine de Béranger, intitulée Archiepiscopi Compostellani de Gesta Berengarii de Landoria traduite en espagnol sous le titre Hechos de Don Berenguel De Landoria, Arzobispo de Santiago racontant la conquête de son siège méritait une traduction française intégrale.
En 1989, Serafin Moralejo, autre professeur de la même université, fit à son sujet une remarquable communication à un congrès organisé à Viterbe par le Conseil de l’Europe. Il s’agissait à l’époque de préparer l’inscription du Camino francés au Patrimoine mondial de l’UNESCO, et donc de rechercher, comme l’indiquait le titre de ce colloque, « les traces du pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle dans la culture européenne ». D’emblée, il constatait un parallélisme certain entre l’Historia compostelana, rédigée au début du XIIe siècle pour célébrer le premier archevêque, Diego Gelmirez (1100-1140) et la Geste de Béranger. Même s’il s’agit, dit-il, d’une imitation consciente, elle fut imposée par la similitude des situations : comme Diego, Béranger a été rejeté par ses sujets qui l’ont enfermé dans sa cathédrale. Comme Diego qui avait fait rédiger par son trésorier le cartulaire dit Tumbo A, Béranger a fait rédiger les Tumbo B et C. Béranger prit soin de faire réaliser les trois seules copies du Livre de saint Jacques, connu aujourd’hui sous le nom de Codex Calixtinus.
L’auteur de La Geste, qui se définit lui-même comme le compagnon des bons et des mauvais jours, n’est pas connu. On a mis en avant plusieurs noms : frère Gonzalo de Sas, docteur en théologie et illustre personnage dans l’Ordre des Dominicains, compagnon et partisan de Béranger de Landore ; Hugo de Vezin, Bernard de la Roche. Le plus probable semblerait être Aymerich d’Anteyac, chanoine de Compostelle.
En 1989, Serafin Moralejo, autre professeur de la même université, fit à son sujet une remarquable communication à un congrès organisé à Viterbe par le Conseil de l’Europe. Il s’agissait à l’époque de préparer l’inscription du Camino francés au Patrimoine mondial de l’UNESCO, et donc de rechercher, comme l’indiquait le titre de ce colloque, « les traces du pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle dans la culture européenne ». D’emblée, il constatait un parallélisme certain entre l’Historia compostelana, rédigée au début du XIIe siècle pour célébrer le premier archevêque, Diego Gelmirez (1100-1140) et la Geste de Béranger. Même s’il s’agit, dit-il, d’une imitation consciente, elle fut imposée par la similitude des situations : comme Diego, Béranger a été rejeté par ses sujets qui l’ont enfermé dans sa cathédrale. Comme Diego qui avait fait rédiger par son trésorier le cartulaire dit Tumbo A, Béranger a fait rédiger les Tumbo B et C. Béranger prit soin de faire réaliser les trois seules copies du Livre de saint Jacques, connu aujourd’hui sous le nom de Codex Calixtinus.
L’auteur de La Geste, qui se définit lui-même comme le compagnon des bons et des mauvais jours, n’est pas connu. On a mis en avant plusieurs noms : frère Gonzalo de Sas, docteur en théologie et illustre personnage dans l’Ordre des Dominicains, compagnon et partisan de Béranger de Landore ; Hugo de Vezin, Bernard de la Roche. Le plus probable semblerait être Aymerich d’Anteyac, chanoine de Compostelle.
Un français à Compostelle
Béranger de Landorre (portrait de 1530, Compostelle, palais de l'archevêché, galerie des portraits des archevêques cl. P.N.)
En 1317, le Dominicain français Béranger de Landore fut nommé archevêque de Compostelle. Personnage d’une énergie peu commune, il commença sa carrière diplomatique internationale dans la mouvance des papes français d’Avignon avant de l’achever sur le siège de Saint-Jacques, siège qu’il dû conquérir de haute lutte, non plus par la célèbre parole dominicaine, mais l’épée au poing.
Béranger de Landore est né en 1262 au château de Salmiech (Aveyron) dans une famille apparentée aux comtes de Rodez. Il entre chez les dominicains de Rodez en 1282 et commence des études brillantes que La Geste relate en détail, ainsi que son accession rapide à la maîtrise de son Ordre. Choisi comme auxiliaire par le pape français Clément V, il se voit confier des missions contre les hérétiques dans le Midi et, en 1309, il soutient le siège d’Algésiras dans la province de Cadix. Il participe au concile de Vienne en 1311 et, en cette même année, il apparaît comme l’un des artisans de la réconciliation entre Philippe le Bel et la papauté, scellée par la bulle de Clément V, Rex gloria virtutum datée du 27 avril. Béranger fut nommé très vite, en 1312, Maître Général de l’Ordre des dominicains. Il obtint d’emblée la confiance du successeur de Clément V, Jean XXII élu à Avignon en 1316 qui lui confia aussitôt deux autres missions délicates, la première étant de rétablir la paix entre la France et les Flamands, la seconde d’asseoir Philippe V sur le trône de France.
Béranger de Landore est né en 1262 au château de Salmiech (Aveyron) dans une famille apparentée aux comtes de Rodez. Il entre chez les dominicains de Rodez en 1282 et commence des études brillantes que La Geste relate en détail, ainsi que son accession rapide à la maîtrise de son Ordre. Choisi comme auxiliaire par le pape français Clément V, il se voit confier des missions contre les hérétiques dans le Midi et, en 1309, il soutient le siège d’Algésiras dans la province de Cadix. Il participe au concile de Vienne en 1311 et, en cette même année, il apparaît comme l’un des artisans de la réconciliation entre Philippe le Bel et la papauté, scellée par la bulle de Clément V, Rex gloria virtutum datée du 27 avril. Béranger fut nommé très vite, en 1312, Maître Général de l’Ordre des dominicains. Il obtint d’emblée la confiance du successeur de Clément V, Jean XXII élu à Avignon en 1316 qui lui confia aussitôt deux autres missions délicates, la première étant de rétablir la paix entre la France et les Flamands, la seconde d’asseoir Philippe V sur le trône de France.
L'action diplomatique de Béranger avant sa nomination
Depuis la défaite essuyée contre les Flamands à Courtrai en 1302 par Philippe le Bel, ce dernier les accusait d’être des hérétiques joachimites1 et de se livrer à des pratiques démoniaques. Après la mort de Philippe le Bel, Béranger de Landore fut l’un des artisans de la signature de deux traités de paix entre les villes flamandes et le nouveau roi de France Louis X le Hutin (le 8 juillet 1316 à Pontoise) puis, le 24 décembre, avec le frère du roi, le régent Philippe comte de Poitiers (Louis X venant de mourir).
Béranger intervint tout naturellement, à la demande de Jean XXII, dans cette succession de Louis X, par une bulle du 29 avril 1317. Deux candidats étaient possibles, Philippe mais aussi la fille du roi, Jeanne de Navarre. Philippe, ayant obtenu la renonciation de Jeanne, prit le titre de roi. Mais il se heurta à l’hostilité de certains princes qui se révoltèrent, principalement en Bourgogne et en Champagne. Béranger fut l’artisan des négociations de paix, une paix scellée à Melun par une promesse de mariage entre le duc de Bourgogne et la fille du nouveau roi qui apportait Artois et Franche-Comté.
Béranger intervint tout naturellement, à la demande de Jean XXII, dans cette succession de Louis X, par une bulle du 29 avril 1317. Deux candidats étaient possibles, Philippe mais aussi la fille du roi, Jeanne de Navarre. Philippe, ayant obtenu la renonciation de Jeanne, prit le titre de roi. Mais il se heurta à l’hostilité de certains princes qui se révoltèrent, principalement en Bourgogne et en Champagne. Béranger fut l’artisan des négociations de paix, une paix scellée à Melun par une promesse de mariage entre le duc de Bourgogne et la fille du nouveau roi qui apportait Artois et Franche-Comté.
1 - Doctrine de Joachim de Flore, moine cistercien (v ?1135-1202). Ascète, exégète de la Bible, il élabore, dans la perspective de la fin imminente, une histoire du monde dont les trois âges successifs, l'Age de la Loi, l'Age de la Grâce, et l'Age de la Surabondance de la Grâce, illustrent le déploiement de la Trinité : le Père, le Fils, le Saint Esprit.
Comment Béranger devint nonce apostolique en France
Si La Geste mentionne l’intervention de Béranger dans les affaires flamandes, elle ignore son action en faveur du futur roi de France, Philippe V. Elle ne mentionne pas davantage le fait qu’en 1314 il soit allé à Londres, en 1315 à Bologne, en 1317 à Pampelune. Elle ne dit pas non plus qu’en 1318, le pape Jean XXII le nomma nonce apostolique en France après qu’il ait aidé, en tant que Maître de l’Ordre, à blanchir un moine dominicain, Bernardo de Montepulciano, de l’accusation du meurtre du nouveau roi d’Italie, l’empereur Henri VII de Luxembourg dont il était le confesseur. Le roi était mort à Buonconvento près de Sienne, le 24 août 1313 et son confesseur fut accusé de lui avoir donné la communion avec du vin empoisonné, le jour de l’Assomption (les empereurs communiaient sous les deux espèces en qualité de chanoines de Saint-Jean-de-Latran). Finalement, le fils du roi, Jean, roi de Bohême innocenta le dominicain par des lettres-patentes envoyées à l’ordre Dominicain.