Héritière de René de La Coste-Messelière
La première association dédiée à l’étude du pèlerinage compostellan et à sa promotion fut créée en France en 1950. L’action de cette association, la Société des amis de saint Jacques, a été marquée par un homme, René de La Coste-Messelière . Né en 1918, à Melle dans les Deux-Sèvres, il avait entendu parler de Compostelle dans sa jeunesse. Après ses études à l’Ecole des Chartes à Paris, il fit un séjour à la Casa Velasquez à Madrid et put s’intéresser à Compostelle. Sa découverte du sanctuaire galicien orienta toute son existence.
Rentré en France, il adhéra à la Société dont il devint secrétaire général en 1958. L’activité qu’il développa à la promotion de Compostelle et des chemins fut telle qu’il passe pour premier président de la Société. Mais il ne le devint qu’en 1978.
La Fondation est son héritière d’une double façon.
Rentré en France, il adhéra à la Société dont il devint secrétaire général en 1958. L’activité qu’il développa à la promotion de Compostelle et des chemins fut telle qu’il passe pour premier président de la Société. Mais il ne le devint qu’en 1978.
La Fondation est son héritière d’une double façon.
D’abord, par le rôle qu’il joua auprès de deux journalistes, Pierre Barret et Jean-Noël Gurgand dont le livre Priez pour nous à Compostelle, paru en 1978, donna à Denise Péricard-Méa l’envie de prendre le chemin à cheval en 1982.
Puis, par le conseil qu’il donna à Denise Péricard-Méa en 1983 d’entreprendre des études d’histoire car les scientifiques manquaient dans la recherche sur Compostelle. Elle suivit ce conseil et poursuivit ses études jusqu'à une thèse de doctorat, soutenue en 1996 et publiée en 20001.
1 - Péricard-Méa, D., Compostelle et cultes de saint Jacques au Moyen Age, PUF, Paris, 2002.
Deux livres, deux visions de l'histoire de Compostelle
Ces deux livres présentent deux visions de l’histoire de Compostelle.
La première est l’aboutissement des idées et hypothèses élaborées à la fin du XIXe siècle. Elle donna à Compostelle une place exclusive dans les pèlerinages médiévaux et accorda une importance exagérée à la géographie des chemins. L’engouement pour le dernier Livre du Codex calixtinus, édité en 1882 par le Père Fita, et considéré comme le guide2 des pèlerins médiévaux est à l’origine de cette vision. En préfaçant le livre de Barret et Gurgand, René de La Coste-Messelière donna à cette vision de l'histoire un caractère officiel.
La première est l’aboutissement des idées et hypothèses élaborées à la fin du XIXe siècle. Elle donna à Compostelle une place exclusive dans les pèlerinages médiévaux et accorda une importance exagérée à la géographie des chemins. L’engouement pour le dernier Livre du Codex calixtinus, édité en 1882 par le Père Fita, et considéré comme le guide2 des pèlerins médiévaux est à l’origine de cette vision. En préfaçant le livre de Barret et Gurgand, René de La Coste-Messelière donna à cette vision de l'histoire un caractère officiel.
La seconde est apportée par les recherches de DPM. En l’invitant à étudier l’histoire du pèlerinage à l’université et en insistant, au cours de ses travaux, sur les liens entre recherche savante et recherche pèlerine, René de La Coste-Messelière posa les bases de cette nouvelle vision. Elle fait de Compostelle un phare3, éclairant la compréhension des cultes à l’apôtre Jacques dont le sanctuaire galicien est la plus importante manifestation. Son décès prématuré en 1996, peu après la soutenance de la thèse de DPM ne lui permit pas d’en saisir l’ampleur et encore moins de préparer son entourage à l’accepter.
La première vision fut longtemps celle des associations de pèlerins, la seconde prend peu à peu sa place. 2 - Ce terme de guide a été officialisé en 1938 par la traduction du Livre édité par le P. Fita : Vieillard J, Le guide du pèlerin de Compostelle, éd. Vrin, Mâcon.
3 - Selon l’expression de Charles Pichon, journaliste catholique.
En 1977, désireux de faire connaître le pèlerinage à Compostelle, Barret et Gurgand marchèrent de Vézelay à Santiago. Rentrés, ils cherchèrent à répondre à la question qui les avait taraudés tout au long de leur chemin : « qui étaient ces pèlerins innombrables dont le chemin gardait la mémoire ? ». Ils tenaient cette idée d’avoir été précédés par des « pèlerins innombrables » d’une plaque apposée sur la tour Saint-Jacques à Paris affirmant que des pèlerins en étaient partis par millions.
La plaque de la tour Saint-Jacques à Paris. René de La Coste-Messelière disait d’une façon imagée « la tour Saint-Jacques est la plus haute borne du chemin de Compostelle ».
Cette plaque fut posée lors de manifestations organisées par René de La Coste-Messelière pour l’année sainte 1965, avant un pèlerinage à cheval à Compostelle. Denise Péricard-Méa retrouva l’origine de ce pèlerinage dans sa participation au premier pèlerinage à cheval organisé en 1963, par Henri Roque, promoteur du tourisme équestre.
Du Somport à Santiago, les cavaliers français furent accompagnés par des officiers espagnols sous les ordres du commandant Cazaleis4. Publiée en 20135, l’histoire d’Henri Roque montre l’importance de ce pèlerinage dans l’histoire de Compostelle.
4 - Jose Maria Garate, La huella militar en el Camino de Santiago, Publicationes espaňoles, 1971.
5 - Péricard-Méa, D., L’homme à cheval sur les chemins de Compostelle, éd. C’est-à-dire, Forcalquier, 2013.
Manuel Fraga Iribarne, ministre du tourisme et futur président de la Xunta de Galice, reçut les cavaliers-pèlerins à Burgos. Henri Roque lui promit de revenir en 1965. Il le fit mais dans le cadre du pèlerinage organisé par René de La Coste-Messelière.
Cet exemple illustre les deux axes de travail de la Fondation. Il montre que la connaissance les pèlerins du passé aide à comprendre comment fut créé l’intérêt pour Compostelle.
L'action de la Fondation
La Fondation poursuit dans un cadre pluridisciplinaire et jusqu’à l’époque contemporaine les recherches de Denise Péricard-Méa. Son origine est un groupe de recherche constitué en 2000 lors d’une réunion des associations françaises en vue de créer une Fédération. Ce groupe a vécu de 2000 à 2002 au sein de l’Union des associations jacquaires de France. L’Union a eu deux descendants, la Fondation, constituée en Association en 2002 et la Fédération Française des Associations des Chemins de Compostelle (FFACC).
René de La Coste-Messelière tenait pour indispensable la recherche pèlerine orientée vers les cultes locaux et le patrimoine qu’ils ont légué. Fidèle à son souhait, la Fondation comprend des chercheurs et des pèlerins. Elle a entretenu des relations constantes avec les pèlerins, jusqu’à créer un partenariat plus institutionnel en devenant membre associé de la FFACC en 2015.
Une douzaine de récits de pèlerins ont été publiés dans leur intégralité depuis la création de la Fondation, accompagnés de notes explicatives. N’est-il pas important que les pèlerins d’aujourd’hui sachent dans quels pas ils mettent les leurs, pour que le chemin de pèlerinage et celui de la connaissance se confortent l’un l’autre.
Vers un inventaire européen du patrimoine jacquaire
René de La Coste-Messelière avait transmis à Denise Péricard-Méa des fiches descriptives du patrimoine jacquaire, outils de la coopération avec les associations. Améliorées et informatisées, elles sont devenues un site d’inventaire du patrimoine6, consacré pour l'essentiel au patrimoine français
Le projet proposé est la réalisation d’un inventaire européen du patrimoine jacquaire7. Sa première version pourrait être constituée des monuments et œuvres d’art vus par Léon de Rozmital8 pendant son périple vers Compostelle (1465-1467) et des informations sur les pèlerins connus depuis Godescalc.
L’attention au patrimoine ouvrira à une meilleure connaissance des cultes à saint Jacques et elle permettra de retrouver l’importance de l’Epître de Jacques pour les pèlerins médiévaux.
Le projet proposé est la réalisation d’un inventaire européen du patrimoine jacquaire7. Sa première version pourrait être constituée des monuments et œuvres d’art vus par Léon de Rozmital8 pendant son périple vers Compostelle (1465-1467) et des informations sur les pèlerins connus depuis Godescalc.
L’attention au patrimoine ouvrira à une meilleure connaissance des cultes à saint Jacques et elle permettra de retrouver l’importance de l’Epître de Jacques pour les pèlerins médiévaux.
8 - Péricard-Méa, D., dir, De la Bohême jusqu'à Compostelle. Aux origines de l'idée d'union des Etats européens Biarritz, Atlantica, coll. Autour de Compostelle, novembre 2008.