Les chapelles privées des châteaux ou celles offertes aux églises en sont un exemple. Parmi elles beaucoup de chapelles funéraires, manifestent des demandes d’assistance du saint au moment de la mort (étape 37 ).
Ci-dessus, montre de la chapelle de la famille Pontbriand de l’église Notre-Dame de Cléry Saint-André.
Des sanctuaires, croix de chemins, œuvres d’art naquirent aussi de ces dévotions, progressivement répandues dans tous les milieux. En l’absence de textes, ce qui subsiste de ce patrimoine est le seul témoin des dévotions.
Trois grands personnages dont il subsiste un patrimoine significatif accompagnent cette étape. Jacques Cœur à la fin du XIVe et Jacques de Beaune, au milieu du XVe ont eu des vies comparables et leurs fins furent similaires. Leur commune dévotion à saint Jacques se manifesta différemment. Jacques Cœur afficha la sienne haut et fort, laissant à sa ville de nombreux témoignages. Jacques de Beaune resta plus discret et ses biens ont disparu. L'image ci-dessus montre les vestiges de la façade de son hôtel, heureusement conservés.
Au début du XIIIe, Jacques Ier d’Aragon, lui, reçut son prénom par miracle mais laissa un témoignage écrit.
Jacques Ier d'Aragon (1208 – 1276)
Dans la Chronique ou Livre des Faits, qu’il rédigea de son vivant, Jacques I d’Aragon (1208 – 1276) raconte dans quelle circonstance il a reçu ce prénom
« [Ma mère]fit faire douze chandelles, [ ] et les fit brûler toutes ensembles, et à chacune elle donna le nom d’un apôtre, et promit à Notre-Seigneur que celle qui durerait le plus, nous porterions son nom. Et il resta de celle de saint Jacques, [] par la grâce de Dieu nous portâmes le nom d’En Jaume ».
Il confie au même ouvrage le rôle de l’Epître de Jacques dans sa vie :
« Mon seigneur Jacques fait ce reproche : la foi sans les œuvres est lettre morte [] c’est celui qui conjugue foi et oeuvres que Dieu veut recevoir en sa demeure. Sans doute avions-nous des qualités natives, mais nos oeuvres nous ont amélioré ».
Pour en savoir plus
Sur Jacques Ier d'Aragon : article de SaintJacquesInfo
Jacques Coeur (1395-1456)
Né à Bourges vers 1395 d’un père pelletier déjà riche, il devient lui-même un commerçant habile et ambitieux.
A partir de 1430 il développe des relations avec le Levant. Il fait construire des navires dont deux au moins sont mis sous la protection de saint Jacques et de la Vierge : la galée « Notre-Dame, Saint-Jacques » et la « Santa-Maria-e-Sant-Jacme ». Il fonde des succursales, à Marseille, Tours et dans plusieurs villes.
En1439, il devient Grand Argentier du roi.
Ces coquilles ne signent pas un pèlerinage à Compostelle, mais sa dévotion personnelle à son saint patron. Elle ne lui épargna pas les difficultés, par exemple dans le recrutement de ses chiourmes. Ainsi, grief lui fut fait d’avoir procédé à des embarquements forcés, tel celui d’un jeune allemand « honnête homme et de bonne conversation » qui, étant en route pour un pèlerinage à Compostelle, se vit arrêter et embarquer sur la Notre-Dame-Saint-Jacques. Il s’est jeté à l’eau tellement il était maltraité et il s’est noyé. Jacques Cœur n’a pu qu’en être marri, saint Jacques aussi sans doute…
En 1450, il fait édifier une chapelle dans la cathédrale (son fils Jean est archevêque. L’immense vitrail de l’Annonciation est une merveille. La présence de saint Jacques en pèlerin et de sainte Catherine souligne sa triple dévotion à saint Jacques, à la Vierge et à sainte Catherine.
Devenu très riche, il excite des jalousies et, victime de faux témoignages, il est arrêté en 1451, condamné en 1453, emprisonné à Poitiers. C’est là qu’il fait vœu d’un pèlerinage à Compostelle s’il échappe à ses ennemis. En 1454, il s’évade et parvient à se réfugier auprès du pape. En 1456, il monte une expédition contre les Infidèles au cours de laquelle il meurt le 25 novembre, sans avoir eu l’opportunité d’effectuer son pèlerinage.
Il n’a cependant pas oublié son vœu puisqu’il a chargé l’un de ses fils, Ravant, de l’exécuter. Comment le lui reprocher ? Il aurait même pu s’en faire dispenser par le pape ! Ravand s’en montra indigne, obtenant du pape la dispense d'accomplissement du vœu de son père en prétextant un mauvais état de santé.
Jacques de Beaune (v.1455-1527)
Il reste de sa dévotion à saint Jacques deux vitraux du XVIe siècle, l’un à l’église de Semblançay, provenant de la chapelle de son château, l’autre dans l’église de Ballan-Miré. Il est agenouillé devant saint Jacques. Il est très probable qu’il y eut un vitrail semblable dans la chapelle de son hôtel de Tours, aujourd’hui ayant perdu tout son lustre. Disparu aussi le bas-relief qu’il avait fait sculpter à l’église Saint Saturnin où parents et enfants, en costume de pèlerins de Saint-Jacques, se présentaient humblement au Christ.
C'est pendu au gibet de Montfaucon que Jacques de Beaune finit son existence.
Maire de Tours, grand mécène, surintendant des finances de François Ier dont il finança les campagnes, il fut l’un des grands personnages du royaume. Il est aujourd’hui bien méconnu.
En 1527, il fut accusé de malversations par François Ier qui ne pouvait le rembourser et il fut pendu comme un misérable au gibet de Montfaucon. Il n’a pas été entendu de saint Jacques bien qu’il soit mort d’une manière très édifiante. On a dit que jusqu’au bout il a cru à la grâce royale. Qui sait le « seigneur de Semblançay » n’a pas supplié saint Jacques à l’heure ultime ?
« Lorsque Maillart, juge d'Enfer, menoit
À Monfaulcon Samblançay l'ame rendre,
À votre advis, lequel des deux tenoit
Meilleur maintien ?
Pour le vous faire entendre,
Maillard sembloit homme qui mort va prendre
Et Samblançay fut si ferme vieillart
Que l'on cuydoit, pour vray,
Qu'il menast pendre
À Montfaulcon le lieutenant Maillart. »
(Clément Marot)