Institut recherche jacquaire (IRJ)

In Memoriam Jeannine Warcollier


Rédigé par le 8 Juin 2016 modifié le 27 Janvier 2024
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Dans le sillage de René de La Coste-Messelière

Jeannine Warcollier à Compostelle en juin 2015
Jeannine Warcollier à Compostelle en juin 2015
C'est à Compostelle, en juin 2015, lors de la première rencontre des associations jacquaires organisée par le Xacobeo que j'ai croisé Jeannine Warcollier pour la dernière fois . Son ancienneté dans l'activité de promotion de Compostelle lui avait valu l’honneur de prononcer l’allocution d’ouverture. Ce fut pour elle l'occasion de rappeler l’action de la Société et surtout de René de La Coste-Messelière. Elle n’aimait pas quand je prononçais devant elle son titre de marquis. Pour elle il était simplement  " René ", le Président qu’elle avait servi avec enthousiasme et pourrait-on dire dévotion.
Elle a même réussi à faire croire qu'il était membre fondateur de la Société, ce qui est faux.
 

La participation manquée à l'Union

Mon premier souvenir d’elle remonte à 1997, lors du projet de création de l’association régionale de PACA. Elle avait facilité le recrutement de premiers adhérents en nous donnant les adresses de tous les membres de la Société habitant la Région.
En 1999, le projet d’une Union des associations jacquaires françaises m'avait donné une occcasion de la rencontrer. Comment ne pas avoir envie de la convaincre de l’importance d’une participation de la Société à un nouveau pas possible vers plus unité et de cohésion ? Elle n’avait pas opposé de refus définitif mais avait posé des conditions. Pour travailler aux projets concrets de rédaction de statuts, code de déontologie et règlement intérieur, elle « délégua son président », laissant ainsi espérer une issue positive. Il participa à toutes les réunions et approuva tous les documents jusqu’au jour de leur signature officielle. Il vint ce jour-là flanqué d’un membre de son CA, qui le désavoua, annonçant que la Société ne serait pas membre de l’Union. L’Union s’est développée sans la Société mais pas contre elle.

Pourquoi ce refus ?

Beaucoup ont vu dans ce refus l’influence de Jeannine Warcollier sur un CA qu’elle avait appris à maîtriser depuis longtemps. Espérait-elle bloquer ainsi la création de l’Union ? Ne rêvait-elle pas que la Société soit l’unique représentante de toutes les associations ?
En 1998, elle y exerçait déjà depuis 40 ans la fonction de secrétaire lui permettant de jouer un rôle multiforme dans les activités de cette association, partagées avec René. Un temps trop long pour qu'elle puisse admettre que la Société ne soit plus seule à tenir les rênes.
Très consciente de l’antériorité de la Société par rapport à toutes les autres associations, en France et à l’étranger, elle avait du mal, comme René de La Coste lui-même, à admettre des initiatives extérieures. Il lui est même arrivé de revendiquer pour la Société des initiatives qui ne venait pas d’elle ou d'oublier des collaborations que recevait la Société.

Jeannine Warcollier et la Fondation

Nos relations restèrent épisodiques. Elle parlait volontiers de tout ce qui avait trait à Compostelle et se révélait parfois une bonne source d'informations. Mais les travaux de la Fondation contredisaient trop son credo compostellan pour que nos relations ne finissent pas par se détériorer..
Nos critiques d’actions de René, comme la pose de la plaque de la tour Saint-Jacques lui étaient à ce point insupportables qu’elle utilisa tous les moyens à sa disposition et son grand réseau de relations pour tenter de limiter l’audience de la Fondation. Ses interlocuteurs qui nous estimaient ne manquaient pas de nous en informer.
Elle n’avait pas apprécié en 2013, la publication du livre L’homme à cheval sur les chemins de Compostelle qui révélait l’antériorité d’Henri Roque sur René dans la promesse d’une chevauchée vers Compostelle pour l’année sainte 1965 et le rôle qu’avait joué ce cavalier qui pour elle n’était qu’un « marchand de chevaux ».

Une femme de conviction

Jeannine Warcollier était une femme de conviction. Son intérêt pour Compostelle était né avec le pèlerinage de son frère et d’une bande de copains en 1958 avec la jument Rosalie, pèlerinage de pionniers qui restait sa référence. Je l’ai plusieurs fois entendue s’insurger devant ces pèlerins d’aujourd’hui « qui ont besoin de conseils pour préparer leur sac ».
Le souvenir de ce pèlerinage et son admiration indestructible pour René la conduisaient à agir avec passion. Mais la passion ne révèle pas toujours les meilleurs aspects d'une forte personnalité et peut rendre les relations difficiles.

Une occasion manquée

Avant de terminer, voici un témoignage personnel
Si la Société avait accepté de participer à l’Union en 2000, j’aurais aimé que son premier CA lui offre d’être présidente d’honneur. Aurait-elle accepté que je fasse cette proposition, qu'il m'aurait probablement fallu batailler beaucoup pour être suivi.
Aujourd'hui, saint Jacques  lui a sans doute, comme pour Charlemagne, fait pencher le plateau de la balance vers lui (chapitre XXXII de la Chronique de Turpin) pour lui donner une place d'honneur.

Oubliée ou inconnue ?

Au moment d'écrire cet article, j'ai interrogé Google pour savoir ce qui avait déjà été écrit. Mon étonnement fut grand. En dehors des avis de décès dans leur forme la plus sèche, la liste des articles postérieurs à son décès est courte :
- un article du journal La Croix,
- une dizaine de mentions ou témoignages d'associations étrangères,
- un hommage à l'occasion du Forum des pèlerinages,
- un article des Amis de Rocamadour
- un avis de Messe à Saint-Front à Périgueux
- et un article d'une association jacquaire française.
Les 58 ans de son action à la Société en faveur de Compostelle semblent ignorés du monde jacquaire en France.
Etonnant !
Les quelques lignes que lui consacre le site de la Société expriment " une grande tristesse " qui n'est accompagnée d'aucun Merci. C'est effectivement attristant.
Cet article a été rédigé par Louis Mollaret
Il n'engage pas tous les membres du Bureau de la Fondation