Franco sous la protection du Matamore

Une peinture méconnue


Rédigé par Louis Mollaret le 29 Mars 2009 modifié le 18 Septembre 2014
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Une allégorie de la guerre civile peinte dans le hall des Archives militaires à Madrid représentait Franco au dessous de l'image symbolique de saint Jacques combattant sur son cheval blanc. Le mot de Matamore est devenu synonyme de saint guerrier car les représentations les plus nombreuses sont d'un grand réalisme. La peinture de Madrid ne représente pas un Matamore. S'il s'agit bien de saint Jacques participant à un combat, l'ennemi n'est plus sarrasin.



Le Matamore, une image qui interpelle

L'image de saint Jacques Matamore heurte beaucoup de pèlerins. Ce site s'en fait l'écho dans les pages Reconquista et Réconciliation. Mais les combats politiques et idéologiques pour lesquels fut enrôlé saint Jacques n'ont pas visé seulement l'Islam des Sarrasins. Il a été enrôlé dans de nombreux combats. Accompagnant les troupes des Conquistadores, il a aussi été le Mataindios. Cliquer sur l'image ci-dessous pour en savoir plus.

Dans la lutte contre les Républicains

Plus récemment et c'est ce que symbolise la peinture ci-dessus, il fut invoqué par les Nationalistes espagnols dans leur lutte contre les Républicains, oubliant qu'il y avait aussi chez ces derniers des frères dans la foi de l'apôtre. Et n'est-il pas curieux de voir enrôlés sous la bannière de saint Jacques, les supplétifs marocains venus prêter assistance à ce combat ? (L'histoire apprend d'ailleurs que de telles alliances avait déjà eu lieu à l'époque de la domination sarrasine, des princes chrétiens n'hésitant pas à demander l'aide musulmane contre d'autres chrétiens).

Enrôlé dans la croisade contre l'Irak

Pendant la période de la guerre froide, saint Jacques soutint un autre combat, cette fois-ci contre le communisme international. Plus récemment il fut enrôlé dans un autre combat. Le journal madrilène El Mundo n'écrivait-il pas, en juillet 2003, "L'armée espagnole va défiler en Irak sous la bannière de saint Jacques Matamore". Ces conflits armés sont loin d'être terminés et d'autres menaces se font jour.

Un danger toujours présent

L'appel à saint Jacques pour combattre tous les ennemis de la religion est récurrent et le danger est grand que l'Eglise catholique devenue minoritaire, souvent incomprise et controversée ne tente de donner au pèlerinage à Compostelle un nouvel élan missionnaire contre les dangers nouveaux, au risque de lancer de nouvelles croisades. Déjà un de ses responsables nous a-t-il parlé de "bons pèlerins" objet de sa sollicitude, "laissant les autres aux associations". Nous voyons là un danger auquel il convient de rester très attentifs.

La France et l'Europe n'ont pas les mêmes traditions que l'Espagne

Le marketing du pèlerinage à Compostelle est né il y a plus de 1000 ans mais il se prolonge. Il a réussi à faire croire que Compostelle a fait l'Europe. Alors que c'est l'Europe qui a fait Compostelle.
Un mythe est né qu'il est intéressant d'essayer de comprendre. Histoire et légendes y sont mêlées et les croyances prennent parfois le pas sur les faits.
Si Compostelle a pu devenir un symbole européen, c'est parce que, dans l'Europe médiévale, les pèlerins ont été innombrables. De nombreux saints étaient vénérés en dehors de saint Jacques. Et si, en Espagne, il était le vainqueur de Clavijo, il était ailleurs le rédacteur de l'Epître, passeur des âmes, auquel Saint-Louis se référait en demandant sur son lit de mort le "sacrement de Monseigneur Saint-Jacques".