Pourquoi et comment enrichir le Bien 868 ?
Ce Bien Unesco 868, « Chemins de Compostelle en France » est une collection de 71 monuments, inscrits au Patrimoine mondial en 1998, à défaut de pouvoir inscrire les chemins eux-mêmes.
Cette question, posée aux intervenants, universitaires français et espagnols et praticiens du patrimoine, avait un double aspect :
Cette question, posée aux intervenants, universitaires français et espagnols et praticiens du patrimoine, avait un double aspect :
Est-il possible d’enrichir ce Bien inscrit ?
Comment faire connaître le patrimoine exclus du bénéfice de l’inscription ?
Comment faire connaître le patrimoine exclus du bénéfice de l’inscription ?
Les communications ont abordé cette question sous divers angles.
Aux origines de l'inscription.
Les éclairages sur le vocabulaire particulier à l’Unesco et ses procédures apportés par Madame Michèle Prats, Inspectrice générale de l’Equipement honoraire, ancienne vice-présidente d’Icomos-France, ont permis de mieux comprendre le Bien 868. Elle a montré qu'il est illusoire de penser que ce Bien pourrait être enrichi par de nouvelles inscriptions. Sa conclusion a introduit la notion novatrice de co-construction évolutive.
Gérard Jugnot, auteur d’une thèse sur la Via Podiensis en 1979, a ensuite montré que ses recherches de la décennie 1970 préfiguraient les conclusions des travaux de Denise Péricard-Méa en 1996, en particulier sur l’existence de chemins et le nombre de pèlerins. Emporté par son enthousiasme pour Compostelle, René de La Coste-Messelière n’en a pas tenu compte. Lui succédant à la présidence de la Société, il a dû faire face à une forte opposition. Mais les temps ont changé et il conclut sur un encourageant
Elargir la vision du patrimoine
Trois communications ont ouvert des perspectives sur des éléments du patrimoine lié à l’apôtre Jacques en traitant des sujets originaux
Sous le titre « Fêtes historiques en l’honneur l'apôtre saint Jacques à la cathédrale de Santiago de Compostela : images et témoignages littéraires du patrimoine immatériel perdu », Miguel Taïn Guzman, professeur d’histoire de l’art à l'université de Santiago, a présenté les trois fêtes de l’apôtre des 25 juillet, 30 décembre et 23 mai, souvenir de Clavijo, à partir d’images inconnues traitant des traditions et des célébrations de ces trois fêtes.
Ofelia Rey Castelao, professeur d’histoire moderne à l'université de Santiago, a présenté L’apôtre saint Jacques et les traditions jacquaires dans le théâtre.
Perrine Perez, étudiante en Histoire de l'Art à Paris IV-Sorbonne a présenté sa maîtrise sur les affiches de promotion du pèlerinage.
Patrimoine mondial, tourisme et chemins
Nathalie Cerezales, docteur en histoire de l’art, a montré comment le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle s’est transformé en un produit touristique, alliant nature, culture et religion. L’un de ses mérites serait en effet d’avoir conservé une certaine authenticité dont les touristes sont friants. Le témoin principal en est le patrimoine culturel à ses abords. La présentation des chemins par le guide Lovely Planet est à ses yeux représentative de l’imaginaire pèlerin.
Les éclairages sur le vocabulaire particulier à l’Unesco et ses procédures apportés par Madame Michèle Prats, Inspectrice générale de l’Equipement honoraire, ancienne vice-présidente d’Icomos-France, ont permis de mieux comprendre le Bien 868. Elle a montré qu'il est illusoire de penser que ce Bien pourrait être enrichi par de nouvelles inscriptions. Sa conclusion a introduit la notion novatrice de co-construction évolutive.
La Valeur Universelle, en particulier dans les Paysages et routes culturels, évolutifs et vivants, est une co-construction, appelée à évoluer, au fur et à mesure des usages et de son appropriation par les habitants et les visiteurs.
Gérard Jugnot, auteur d’une thèse sur la Via Podiensis en 1979, a ensuite montré que ses recherches de la décennie 1970 préfiguraient les conclusions des travaux de Denise Péricard-Méa en 1996, en particulier sur l’existence de chemins et le nombre de pèlerins. Emporté par son enthousiasme pour Compostelle, René de La Coste-Messelière n’en a pas tenu compte. Lui succédant à la présidence de la Société, il a dû faire face à une forte opposition. Mais les temps ont changé et il conclut sur un encourageant
Il est peut-être encore temps de redresser la barre
Elargir la vision du patrimoine
Trois communications ont ouvert des perspectives sur des éléments du patrimoine lié à l’apôtre Jacques en traitant des sujets originaux
Sous le titre « Fêtes historiques en l’honneur l'apôtre saint Jacques à la cathédrale de Santiago de Compostela : images et témoignages littéraires du patrimoine immatériel perdu », Miguel Taïn Guzman, professeur d’histoire de l’art à l'université de Santiago, a présenté les trois fêtes de l’apôtre des 25 juillet, 30 décembre et 23 mai, souvenir de Clavijo, à partir d’images inconnues traitant des traditions et des célébrations de ces trois fêtes.
Ofelia Rey Castelao, professeur d’histoire moderne à l'université de Santiago, a présenté L’apôtre saint Jacques et les traditions jacquaires dans le théâtre.
Perrine Perez, étudiante en Histoire de l'Art à Paris IV-Sorbonne a présenté sa maîtrise sur les affiches de promotion du pèlerinage.
Patrimoine mondial, tourisme et chemins
Nathalie Cerezales, docteur en histoire de l’art, a montré comment le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle s’est transformé en un produit touristique, alliant nature, culture et religion. L’un de ses mérites serait en effet d’avoir conservé une certaine authenticité dont les touristes sont friants. Le témoin principal en est le patrimoine culturel à ses abords. La présentation des chemins par le guide Lovely Planet est à ses yeux représentative de l’imaginaire pèlerin.
Les pas de millions de pèlerins, venus du monde entier et des tréfonds de l’Histoire, résonnent encore sur la Via Podiensis et le Camino francés que vous parcourez à votre tour. Longue colonne vertébrale de l’Europe, le Chemin est aussi une précieuse artère culturelle et artistique, dont vous découvrirez les trésors en chapelet en faisant halte dans les villes qu’il traverse et dont, souvent, il a forgé la renommée et contribué au rayonnement.
Les insuffisances de l'inscription
Des recherches portant sur des monuments inscrits au titre des chemins, ont montré que les hypothèses justifiant leur inscription étaient insuffisamment établies.
La présentation de leurs résultats est complétée d'aperçus sur des biens oubliés du patrimoine mondial.
L'abbaye de Sorde
Olivier Cazabat, Médiateur du patrimoine, a montré, à partir d’une étude historiographique du pèlerinage de Sorde, que Compostelle était parvenue à faire oublier qu'elle fut un pèlerinage local important, dépassant son simple bassin d’influence. Il constate que les pas des pèlerins locaux semblent avoir été progressivement recouverts par ceux des rares pèlerins jacquaires plus médiatiques.
La cathédrale et les basiliques de Bordeaux
La présentation de résultats d'études enrichissant les connaissances sur le patrimoine jacquaire et sur le pèlerinage à Bordeaux ont permis à Samuel Drapeau, docteur en histoire de l’art, de conclure que le renouvellement des connaissances historiques et archéologiques conduit à réinterroger leurs critères de sélection et la cohérence de la construction patrimoniale complexe du Bien 868.
Un " écarté " du Patrimoine mondial
Michel Belanger, docteur en histoire, professeur émérite de droit public à l'Université de Bordeaux et adjoint au maire de Gradignan, a présenté le prieuré de Cayac, lieu emblématique de la via Turonensis comme une « pièce maîtresse » pour les « écartés » du Patrimoine mondial dont il a retracé l'histoire foisonnante des origines à nos jours, confirmant l'appui sans failles de la ville de Gradignan pour sa reconnaissance internationale.
Des biens immatériels absents de l'inscription
Enrichissant les perspectives, deux communications apportèrent des résultats de recherches sur des éléments patrimoniaux complètement ignorés de l'inscription.
Les liens entre la Galice et saint Martin de Tours furent présentés par Pablo Nogueira Santiago, docteur en histoire de Paris IV Sorbonne. Il présenta la présence de saint Martin de Tours en Galice en prenant l'exemple des paroisses de Saint-Martin de Noia (La Corogne) et de Saint-Martin de Quiroga (Lugo). Bien que saint Martin de Tours n’ait jamais mis les pieds en Galice, son patronage y est le quatrième plus important.
Enfin, René Escafre, ancien professeur de philosophie, président de la Société d’Etudes des Sept Vallées (Lavedan-Pays de Barèges), présenta ses études des nombreuses confréries Saint-Jacques, surtout confréries de dévotion, beaucoup plus rarement des confréries d’anciens pèlerins de Compostelle.
La présentation de leurs résultats est complétée d'aperçus sur des biens oubliés du patrimoine mondial.
L'abbaye de Sorde
Olivier Cazabat, Médiateur du patrimoine, a montré, à partir d’une étude historiographique du pèlerinage de Sorde, que Compostelle était parvenue à faire oublier qu'elle fut un pèlerinage local important, dépassant son simple bassin d’influence. Il constate que les pas des pèlerins locaux semblent avoir été progressivement recouverts par ceux des rares pèlerins jacquaires plus médiatiques.
La cathédrale et les basiliques de Bordeaux
La présentation de résultats d'études enrichissant les connaissances sur le patrimoine jacquaire et sur le pèlerinage à Bordeaux ont permis à Samuel Drapeau, docteur en histoire de l’art, de conclure que le renouvellement des connaissances historiques et archéologiques conduit à réinterroger leurs critères de sélection et la cohérence de la construction patrimoniale complexe du Bien 868.
Un " écarté " du Patrimoine mondial
Michel Belanger, docteur en histoire, professeur émérite de droit public à l'Université de Bordeaux et adjoint au maire de Gradignan, a présenté le prieuré de Cayac, lieu emblématique de la via Turonensis comme une « pièce maîtresse » pour les « écartés » du Patrimoine mondial dont il a retracé l'histoire foisonnante des origines à nos jours, confirmant l'appui sans failles de la ville de Gradignan pour sa reconnaissance internationale.
Des biens immatériels absents de l'inscription
Enrichissant les perspectives, deux communications apportèrent des résultats de recherches sur des éléments patrimoniaux complètement ignorés de l'inscription.
Les liens entre la Galice et saint Martin de Tours furent présentés par Pablo Nogueira Santiago, docteur en histoire de Paris IV Sorbonne. Il présenta la présence de saint Martin de Tours en Galice en prenant l'exemple des paroisses de Saint-Martin de Noia (La Corogne) et de Saint-Martin de Quiroga (Lugo). Bien que saint Martin de Tours n’ait jamais mis les pieds en Galice, son patronage y est le quatrième plus important.
Enfin, René Escafre, ancien professeur de philosophie, président de la Société d’Etudes des Sept Vallées (Lavedan-Pays de Barèges), présenta ses études des nombreuses confréries Saint-Jacques, surtout confréries de dévotion, beaucoup plus rarement des confréries d’anciens pèlerins de Compostelle.
Revenir aux intuitions du Conseil de l'Europe
Ces journées ont confirmé la richesse, la diversité et l'ouverture du patrimoine lié à saint Jacques et/ou Compostelle. En regard, les monuments et tronçons de chemins inscrits au Patrimoine mondial au titre des chemins de Compostelle sont figés dans leur définition et souvent sans lien ni avec Compostelle ni avec saint Jacques.
Ce constat a conduit à rappeler un appel du Conseil de l’Europe, toujours d’actualité, formulé dans la déclaration de Compostelle d'octobre 1987 :
La conclusion des promoteurs de ces journées est qu'il convient maintenant d'oublier le patrimoine mondial et de concentrer leurs efforts sur tout le patrimoine européen lié à Compostelle et/ou saint Jacques. Ils le feront avec l'objectif de le faire mieux connaître, d'organiser des échanges en Europe et de le mettre en tourisme pour tous ceux qui fréquentent les chemins, de quelque façon que ce soit.
Ce constat a conduit à rappeler un appel du Conseil de l’Europe, toujours d’actualité, formulé dans la déclaration de Compostelle d'octobre 1987 :
Lancer des programmes d'animation culturelle afin de redécouvrir le patrimoine historique, littéraire, musical et artistique créé par les pèlerinages à Saint-Jacques de Compostelle.Il répond au besoin d’enrichissement en invitant à la découverte. Il le place dans une dynamique d’animation culturelle en Europe.
La conclusion des promoteurs de ces journées est qu'il convient maintenant d'oublier le patrimoine mondial et de concentrer leurs efforts sur tout le patrimoine européen lié à Compostelle et/ou saint Jacques. Ils le feront avec l'objectif de le faire mieux connaître, d'organiser des échanges en Europe et de le mettre en tourisme pour tous ceux qui fréquentent les chemins, de quelque façon que ce soit.