Un prêtre érudit et amoureux du Chemin
Entre mai 1985 et 1987, il édite le bulletin "Camino de Santiago". Absolument tout est l'œuvre de Elías. Il en a été le créateur, le coordinateur, le reporter, l'éditeur, le correspondant et le garçon de courses, le maquettiste et le distributeur.
(Voir le document vidéo de l'AGACS1)
Une paroisse déshéritée.
« Quand je suis arrivé à O Cebreiro – a-t-il lui-même raconté – plus qu’un village, j’ai trouvé un tas de décombres rongés par la misère ».
L'année sainte 1965 vit la construction d'une auberge où le Père Elias put accueillir de premiers pèlerins dont le nombre augmenta avec la promotion des années saintes 1971, 1976, ...
L'énigme de la flèche jaune : la légende
Le très sérieux Centro de Estudios y de Documentación del Camino de Santiago dans son bulletin Bibliografia Jacobea n°17 de 2013 écrit :
Un jour, quand ses occupations étaient moindres - fait rarissime chez lui - il prit une boite de peinture et il commença à baliser le chemin avec des flèches jaunes. Il commença au Somport et à Ibañeta et il termina à Santiago pour que les pèlerins ne s'égarent pas [...]
Il a attiré l'attention du public par son travail de balisage du chemin à l'aide d'un système aussi simple et pratique que les flèches jaunes. Accompagné d'une paire d'enfants de chœur et avec des pots de peinture résistant aux intempéries, il a balisé depuis les Pyrénées jusqu'à Compostelle
Le curé d'O Cebreiro lui même, de ses propres mains et avec la collaboration d'autres volontaires amoureux du Chemin, a balisé, depuis les années 80, la route depuis Roncevaux jusqu'à Saint-Jacques de Compostelle avec la flèche jaune, signe maintenant internationalement connu et reconnu.
- Que faites vous donc ?
- Mais, vous voyez bien, je prépare l'Invasion
Cependant dans le document vidéo de l'AGACS, la voix off semble avertir :
Des légendes courent sur le chemin. Elles dévalent toutes les Pyrénées en rappelant un petit curé, armé de pots de peinture jaune [...]
Et même l'article à la gloire d'Elias Valiña de Xacopedia admet " la collaboration d'autres volontaires amoureux du Chemin".
L'énigme de la flèche jaune : les faits
En 1962, alors que le ministre de l'information et du Tourisme, Manuel Fraga Iribarne, voulait donner à l'année sainte 1965 un éclat tout particulier, un groupe d'habitants de Estella en Navarre, intéressé par le soutien au pèlerin et des activités liées au Camino crée la première association jacquaire espagnole, la
Asociación de Amigos del Camino de Santiago
Centro de Estudios Compostelanos
Un soir d'août 1982, le chanoine Navarro fut très fier de dire à Denise Péricard-Méa5, que c'est grâce à lui qu'elle ne s'était pas perdue dans la brume. C'est lui qui avait marqué de jaune les pierres du chemin qui l'avaient guidée jusqu'au refuge.
Elle me l'a confirmé et m'a indiqué ne pas avoir trouvé d'autre balisage sur le chemin avant celui réalisé par le curé Elias Valiña et ses bénévoles, de son village d'O Cebreiro jusqu'à Compostelle. Mais ce balisage était très fragile, seules des flèches faites de branchages ou de cailloux indiquaient le chemin. A leur départ, il leur avait montré le chemin en leur disant simplement « ensuite vous trouverez des indications ». Et elle s'était émerveillée jusqu'à l'arrivée de trouver ce premier balisage rudimentaire.
Par la suite, le curé d'O Cebreiro a bien utilisé, lui aussi, la peinture jaune.
Un habitant de son village le confirme6 :
Moi, à ce moment là, je travaillais dans les Travaux Publics et puis, il a eu cette lubie, qu'on lui fasse cadeau de pots de peinture jaune, une peinture qui résiste très bien aux intempéries, et c'est comme ça qu'il a commencé à baliser le chemin.
une chose semble sûre : en 1982 sur le Camino Francés
seuls la première étape en Espagne et le chemin galicien étaient balisés,
la première par des marques jaunes, le second par une technique ancestrale.
La première par Javier Navarro, le second par Elias Valiña.
Une question demeure : qui a tracé la première flecha amarilla ?
En 1985, année considérée comme le véritable point de départ du renouveau du chemin, Elias Valiña Sampedro s'est autoproclamé Comisario del Camino de Santiago. Il a ensuite interprété l'origine de ce renouveau à sa façon, ce qui brouille les cartes et le met sous le feu des projecteurs au détriment d'autres acteurs du Chemin.
Mais il demeure le plus infatigable de ses promoteurs en Espagne,
« sachant vendre le chemin comme un expert en marketing moderne dans une Espagne occupée à des affaires plus urgentes7 ».
Lui, venait peindre avec nous, plus exactement il venait nous mettre en mouvement. Il nous mettait en mouvement et puis il partait déjà mettre d'autres en mouvement8.
Notes et liens
1 - Vidéo de l'AGACS (Association des Amis de Saint Jacques de Galice) : Elías Valiña Sampedro ,el renacimiento del camino de Santiago, un sueño convertido en camino, 1929-1989
2 - Xacopedia Elias Valina et la flèche jaune
3 - Andrés Muñoz Garde, président-fondateur de la Asociación de Amigos del Camino de Santiago de Navarra.
4 - Archives de Francisco Beruete, président fondateur de l'Association des amis de Saint-Jacques de Estella
5 - Denise Pericard-Mea a fait le pèlerinage à Compostelle, à cheval avec ses enfants, en juillet-aout 1982
6 - Vidéo de l'AGACS
7 - Article du bulletin du Centro de Estudios y Documentación del camino de Santiago n 17 -2013
8 - Vidéo de l'AGACS, à voir ci-dessous