Deux ambassadeurs de France en Espagne 1939 – 1944, étape 65


Rédigé par Denise Péricard-Méa le 23 Juin 2020 modifié le 28 Octobre 2020
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PÈLERINER dé-CONFINÉS
Avec Denise Péricard-Méa et les Constellations Saint-Jacques
Etape n°65
Pétain salué par des anciens combattants à son passage du Perthus

Deux ambassadeurs, ont marqué cette période
Philippe Pétain, février 1939 à mai 1940,
François Piétri,  octobre 1940 à août 1944

PHILIPPE PÉTAIN

Pétain vers 1940

Le 27 février 1939 la France reconnaît le gouvernement franquiste.
Le 2 mars, Pétain est nommé ambassadeur. Membre du gouvernement du Front populaire favorable aux républicains, il n’est pas bien reçu. Il est le héros de la guerre de 14 alors que Franco a gagné sa guerre avec l’aide de l’aviation allemande. Son seul souhait était d’obtenir la neutralité de l’Espagne en cas de conflit France-Allemagne, ce qui n’allait pas de soi. Son unique marge de manœuvre était d’œuvrer au rapprochement culturel entre la France et l’Espagne en jouant sur la propagande religieuse. Il donne l’exemple en se rendant à Compostelle le 27 octobre 1939.
Le journal ABC de Madrid en rend compte le lendemain. Voici un résumé de son article :


ABC, 28 octobre 1939
Venant de La Corogne, le maréchal Pétain a visité Compostelle hier. Il était accompagné du consul de France et de plusieurs collaborateurs. Après une réception par les autorités et des résidents français, il a rapidement visité la ville et s'est rendu à la cathédrale. Il est monté derrière l'autel pour vénérer l'image de pierre de l'apôtre.
L'ambassadeur  de France a remis au doyen du chapitre un don pour les employés de la cathédrale. Ensuite il s'est rendu au palais épiscopal où il a été reçu paf l'archevêque.

 

En France, aucun journal ne rapporta ce pèlerinage. Mais les pèlerinages étaient encouragés. Le 9 octobre 1939, Charles Pichon écrit sur papier à en-tête « Pèlerinage national Saint-Louis aux sanctuaires d’Espagne » avec en exergue, une citation imprimée de S. Em. le Cardinal Verdier :

« Allez dans ces pays enchanteurs porter le baiser de la France Catholique à la Catholique Espagne. L’archevêque de Paris vous accompagne de ses souhaits les plus affectueux et, de toute son âme, il vous bénit ».

En mars 1940 ce « Pèlerinage national Saint-Louis » devient le « comité Saint-Louis et Saint-Ferdinand ». Le but de Charles Pichon est clair :

« organiser la propagande en visant surtout les milieux catholiques ».

Pétain appuie toutes les initiatives pèlerines, en particulier celle d’un pèlerinage à Saragosse à Notre-Dame-du-pilier. Le 13 avril 1940, il envoie un télégramme au ministère des Affaires étrangères afin d’obtenir une couverture médiatique : 


« Plusieurs personnalités françaises organisent une participation au pèlerinage du Pilar qui doit avoir lieu à Saragosse les 16, 17, 18 mai. Il y aurait intérêt à donner à cette participation une certaine ampleur ; la présence de la France ne pourra qu’orienter, dans un sens favorable à notre pays, les catholiques espagnols qui luttent contre l’influence nazie. Prière de communiquer au ministère de l’Information ».
 

Pétain est brusquement rappelé à Paris le 13 mai, trois jours après l’offensive allemande. Le 17 il est nommé vice-président du Conseil.


FRANÇOIS PIÉTRI

François Piétri en 1929
 
Comme Pétain, il a œuvré sans relâche à la propagande française, dans tous les domaines. Un exemple : le 5 août 1941, il est reçu à Compostelle par les autorités civiles, militaires et religieuses.
 

En visite à Compostelle

Sa première visite est pour une exposition organisée par la très ancienne « Société économique » qui, depuis la fin du XVIIIe siècle, s’emploie à développer dans la province l’industrie, les arts et l’agriculture, en particulier par la fondation et la dotation d’écoles. En fin d’après-midi, il a un long entretien avec l’archevêque.  Deux jours après, La Croix s’est fait l’écho de cette visite.
 

 


Une année sainte sous le signe du Maréchal

1943 étant une année sainte à Santiago, Piétri échafaude un projet visant à y rassembler tous les Français sous la bannière du Maréchal. Les contacts spirituels, sans lien direct avec l’action politique lui semblent entrer parfaitement dans son rôle de diplomate. Reprendre le chemin de Saint-Jacques permettrait une belle manifestation de nature à servir la propagande française.  Il obtient l’accord du ministère des Affaires étrangères.
 
Ce « Voyage à Compostelle »,
selon le titre du dossier des archives du Ministère
fera l'objet des deux prochaines Lettres
 

Pour en savoir plus :
L'ambassade espagnole de Pétain (mars 1939-mai 1940), de Michel Catala
Vingtième Siècle. Revue d'histoire, Année 1997,pp. 29-42