1885-1886 la bulle Deus omnipotens
Sous l'image suivante de l'urne reliquaire et de l'autel de la crypte de la cathédrale de Compostelle, des extraits de la bulle suivis d'un lien pour les visiteurs souhaitant en lire ou parcourir le texte intégral.
« Nous approuvons et confirmons par Notre autorité apostolique, de science certaine et de Notre propre mouvement, la sentence de Notre Vénérable Frère, Cardinal archevêque de Compostelle, au sujet de l’identité des saints corps de saint Jacques le Majeur, apôtre, et de ses saints disciples Athanase et Théodore [ … ]
Et puisque la très noble nation espagnole, par la puissance merveilleuse de saint Jacques, a conservé intègre et inviolée la foi catholique, afin que Dieu dans sa miséricorde lui accorde la grâce, par la protection et l'intercession de son Patron, qu'au milieu de tant d'erreurs elle maintienne son âme dans la sainteté de la religion ancestrale et dans l'ardeur de la piété, Nous accordons le très grand privilège [ … ] de jouir de l'indulgence plénière du Jubilé l'année [ … ]aussi pour l'année prochaine, [1885] [ … ]
Donné à Rome, près Saint-Pierre, l'an de l'Incarnation du Seigneur mil huit cent quatre-vingt-quatre, aux calendes de novembre, septième année de Notre Pontificat.(1er novembre 1884) C. CARD. SACCONI, prodataire. F. CARD. CHIGI ».
Ces années saintes n'apportent pas un accroissement significatif du nombre de pèlerins. De 112 et 113 pour ces deux années, il plafonne à 247 les années suivantes, portant à 233 la moyenne annuelle entre 1884 et 1905. Peu de Français parmi tous ces pèlerins, très peu… Pourtant Léon XIII avait officiellement fait part de cette découverte à tout le clergé en demandant aux
« patriarches, archevêques, évêques et autres prélats de publier solennellement ces présentes lettres, chacun dans sa province, diocèse ou cité, afin que cet événement heureux soit partout connu et que tous les chrétiens le célèbrent avec un zèle et une piété plus grande ».
1937-1938 la guerre civile
« Fils du Tonnerre, Seigneur des batailles, Patron des Chevaliers, Semeur de notre Foi, Soutien de notre esprit, reçois l’hommage d’un peuple qui lutte bravement pour suivre le chemin que tu lui as tracé et qui défend sa personnalité et son rang dans le monde ».
Le Jubilé de 1937 se termine pendant bataille de Teruel (15 décembre 1937-22 février 1938).
Le Pape Pie XI décide alors de prolonger l’Année Sainte en 1938. La revue Signo relate :
« A la demande du Cardinal Gomá, de nos prélats et de la Jeunesse de l’Action Catholique Espagnole, Sa Sainteté le Pape Pie XI donne à l’Espagne une preuve d’amour exceptionnelle. Pour la première fois dans l’histoire se prolonge l’Année Sainte de Compostelle. C’est une remarquable distinction. C’est une réponse paternelle à une demande pleine de foi. Sa Sainteté élargit l’Année Sainte 1937 à 1938 afin que, si la guerre prend fin, les jeunes de l’Action Catholique Espagnole puissent réaliser leur souhait le plus cher ».
Le 25 juillet 1938, le général Franco en personne était présent à Compostelle, avec son épouse. L’invocation à saint Jacques fut prononcée par le ministre de l’Intérieur Serrano Surer ; en terminant, il implore saint Jacques de faire
« une Espagne, une, grande et libre, phare du monde et lien entre les nations, généreuse avec les égarés, mais ferme et dure comme Vous devant la trahison et les forces du mal ».
1 - Le cardinal Gomá se distancie ensuite de Franco par son refus de la Phalange. Il meurt en 1940, en disgrâce.
1948, déjà tournée « au-delà du rideau de fer »
Le général Sandoval y Cutoli se souvient :
« chaque étendard a recouvert le tombeau de l’apôtre en même temps qu’il recevait son baiser afin qu’il reste toujours dans ses plis. Chaque nouvelle recrue pourrait ainsi, le jour de la consécration de sa vie à l’Espagne, recevoir, avec l’accolade du saint, l’esprit de la cavalerie espagnole ».
Le 19 juillet, la médaille d’or de la cité de Santiago fut remise à saint Jacques par le maire de la ville au nom de son Conseil.
Pourtant, ce furent des jeunes de toute l’Europe qui se réunirent là.
L’offrande du 25 juillet fut présentée par le général Franco en personne. Dans une très longue allocution1, il retraça l’histoire de la christianisation de l’Espagne, ponctuée des manifestations de l’apôtre jusque dans les derniers combats de Brunette et d’Oviedo, élargissant sa prière finale à toute l’Europe, il demanda à l'apôtre
« que le chemin de Saint-Jacques
s’ouvre au-delà du rideau de fer ».
1954 « la grande marche de la chrétienté occidentale »
1 - Maurice Feltin (1883-1975), archevêque de Sens (1932), de Bordeaux (1936), de Paris (1949). Cardinal en 1953.
2 - Bernard Lafay (1903-1977), docteur en médecine puis homme politique. Grand résistant. En 1954 il était député RPF. Il a été au conseil municipal de Paris de 1944 à sa mort.
3 - Joseph-Marie Martin (1892-1976), pèlerin de Compostelle à pied en 1935 alors qu’il était aumônier des étudiants à Bordeaux, évêque du Puy de 1940 à 1948 puis archevêque de Rouen de 1948 à 1968.
4 - La Croix, 18 et 19 juillet 1954.
« Quand ressuscite la grande marche de la chrétienté occidentale ».On voit poindre dans ce titre les deux idées qui, dans les années 1980, seront les clés de la dynamique conduisant à l’Itinéraire culturel européen.
Pour en savoir plus, voir sous ce lien, l’article paru dans Politiques du pèlerinage, du XVIIe siècle à nos jours