De quand date la Compostela ?


Rédigé par le 2 Avril 2016 modifié le 1 Février 2024
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Nous ne connaissons pas la date de délivrance du premier certificat de pèlerinage nommé Compostela. Sans doute dans la seconde moitié du XXe siècle avec la naissance du pèlerinage contemporain souhaité par Franco. Par contre ses ancêtres sont connus. On peut penser qu'elle est la descendante des attestations que les personnes condamnées au pèlerinage devaient rapporter comme preuve de l'accomplissement de leur peine puis des attestations liées aux réglementations des pèlerinages.



Un certificat de 1321

En voici un exemple du 22 août 1321, « samedi avant la fête de saint Barthélémy apôtre », copie de l’attestation rédigée par le garde de la prévôté de Paris qui affirme avoir vu les cinq certificats délivrés par les sanctuaires où Robert Cassel, comte de Flandres a accompli les pèlerinages auxquels il avait été condamné :
Notre-Dame du Puy, 7 mai 1321 dont les certificats se présentent comme des « lettres scellées de cire verte en un las de fil vert et signée de seing de tabellion publique », Saint-Gilles le 20 mai où il reçut des lettres « signées de seing de tabellion publique », Notre-Dame de Vauvert, 23 mai avec lettres « scellées d’un scel de cire verte à queue double de parchemin et signées de seing de tabellion publique », Saint-Jacques en Galice, 23 juin, lettres « scellées d’un scel de cire verte mis aud. dos du parchemin » et Notre-Dame de Rocamadour où il reçut le 22 juillet des lettres « scellées d’un scel de cire verte ».
(Archives départementales du  Nord, B 259 / 5391)

Une attestation de 1594

Voici une attestation délivrée en 1594 par l'hôpital des Rois catholiques. Certificat (traduit du latin) de Matalina Ruggieri, de Choue (Loir-et-Cher), publié par l’abbé Chambois en 1891 Ce document a été découvert dans les papiers de Jacques de Vendosmois, seigneur d'Alleray et de Choue, officier de la cour de Henri IV. Il lui semble possible qu'elle soit parente de Côme Ruggieri, astrologue de Catherine de Médicis et conspirateur contre Charles IX puis Henri IV.
"Moy subsiné Dinis Suchay, hospitalié du gram hospital de Meunsieur Sanct Jaque certifie à tous ceux qui ces présentes lettres verront que Matalina Rugiere, née et natif de la parace de Chue est venue au voyage à meunsieur San Jaque de Galice qui est à Compostela, qui esqt arrivé le jur des Rogacions (12 mai) an ladite cité de Compostela, laquele a esté malade au grand hospital de San Jaque pendant espace de six semaine, après quela esté guérie de la maladie qui la plu à Dieu, est revenue à la santé, et retornée en son païs. Dinis Suchay."

Le petit Cartel de 1650

 En 1650, la pratique semble établie. Un guide paru à Toulouse cette année-là indique :
"Tous les Pelerins doivent recevoir le Corpus Domini comme à Pasques, et y a Prestres de toute nation pour soy confesser, et reçoivent les Pelerins françois à la chapelle de France, qui est dernier (derrière) le grand autel ... Et puis se mettent confraires de S. jacques, et chacun prend un petit Cartel signé du Cardinal Majour de ladite Eglise. Et se montrent les reliques une ou deux fois le jour seulement."
La délivrance du "petit Cartel" semble, à cette époque, liée à l'adhésion à la confrairie (en fait celle de l'hôpital des Rois catholiques). Une confrérie existe toujours, sans lien avec la Compostela, mais peu de pèlerins en deviennent membres.
 

Une confirmation en 1718

La pratique est confirmée en 1718, par la « Chanson du devoir des pèlerins », extraite du livret Les chansons des pèlerins de S. Jacques, Troyes, 1718, p.21
« A Compostelle, de coutume ancienne, on y prend la portion, mangeant le pain des anges qui descendit du ciel pour notre salvaison, rendant mille louanges au grand roi immortel… Puis chacun se dispose à vouloir retourner » ; Il prend « lettres de témognage et d'attestation… pour la confession

Une pauvresse pèlerine au XVIIIe

Les Archives départementales de Périgueux conservent un rapport de police  daté du 31 juillet 1775. Il concerne une pauvresse nommée Marguerire Descons , née native de Louvigny , en la province de Béarn. Elle arrive de Saint-Jacques en Galice et  désire se rendre à Rome en pèlerinage. A preuve elle exhibe un extrait baptistaire du 15 juin 1746 - elle a donc 29 ans - dûment signé par son curé et contresigné par le vicaire général de l’évêque et seigneur de Lescar et une attestation de pèlerinage :
Don Antoine-Marie Joseph Paramo et Samoza , chanoine de l’église de Saint-Jacques , recteur de la chapelle du roi très chrétien des Français , certifie volontiers que Marie Descoms , alias ” Margarita de la  Com ” est bien venue ” par affection ou par voeu” visiter le tombeau de saint Jacques. Plus, Marguerite, ses dévotions accomplies, s’est confessée. Plus encore, elle a reçu l’absolution et a désiré communier avant de partir vers Rome.
Information parue dans Le Bourdon
 

Un certificat à caractère religieux ?

Le petit Cartel, la chanson des pèlerins et le certificat de la pauvresse font une référence explicite à une pratique religieuse dont atteste le certificat. Les deux autres n'apportent pas la même certitude sur ce critère auquel répondent les Compostela.