De la Fondation à l'Institut, vingt ans de recherche sur saint Jacques et Compostelle


Rédigé par le 5 Janvier 2010 modifié le 1 Avril 2023
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Engagée à la fin du XIXe siècle, la recherche sur le pèlerinage à Compostelle a très peu progressé avant la fin du XXe. Elle reposait sur des croyances ou des hypothèses plus que sur des connaissances.

Le 15 janvier 2000 a été créée une structure de recherche associative dont la responsabilité a été confiée à Denise Péricard-Méa. Après deux années de travail au sein de l'Union des associations jacquaires, créée en mai 2000, cette structure de recherche a été transformée en association indépendante, la Fondation David Parou Saint-Jacques. Nous présentons ci-dessous un résumé de l'histoire des 20 premières années de recherches jacquaires du XXIe siècle.



15 janvier 2000, création d'une structure de recherche des associations

Au cours des années 1980 quelques associations avaient vu le jour, à l'initiative d'anciens pèlerins de Compostelle, pour favoriser la pratique du pèlerinage et aider les futurs pèlerins. Leur nombre a augmenté de façon importante dans les années 1990 et le besoin s'est fait sentir de les regrouper pour qu'elles puissent parler d'une même voix et répondre collectivement, là où cela était nécessaire, aux questions posées par le développement du pèlerinage. A l'automne 1999, l'Association des amis de saint Jacques en Rhône Alpes reprit l'initiative en vue de constituer une fédération d'associations. Le président de la Société des amis de saint Jacques fut associé aux travaux préliminaires et présida, avec le président de Rhône Alpes la seconde réunion qui eut lieu le 15 janvier 2000. Cette réunion, refusant l'idée de fédération jugée par beaucoup comme trop contraignante, décida la création d'une Union d'associations à la structure plus souple.

​Pour manifester le souci de travailler ensemble sur des questions qui nécessitaient une collaboration, la proposition de créer une structure de recherche commune fut acceptée par les associations. Le président de la Société proposa d'en confier la responsabilité à Denise Péricard-Méa, seule universitaire française titulaire d'un doctorat d'histoire sur saint Jacques et Compostelle. Il connaissait ses travaux, pour fréquenter à l'Institut son directeur de thèse. Cette structure reprenait l'idée de René de la Coste-Messelière de faire collaborer des chercheurs professionnels et des pèlerins et allait lui donner un nouvel élan.

Les associations de pèlerins, un milieu peu préparé à la recherche

La structure de recherche bénéficia du soutien de l'association des Amis de saint Jacques en Région Centre dont le président David Parou était un fervent promoteur de la recherche au service du développement régional et de l'animation de la vie associative. Grâce à lui, elle put se mettre au travail rapidement et organiser une première rencontre dès le mois de juillet 2000, à Saint-Jean de Braye, près d'Orléans.
Cette rencontre fut suivie de journées organisées en Arles puis à Lyon, à l'initiative des associations locales et de correspondants pour la recherche. Plusieurs rencontres eurent lieu à Besançon. 
La rencontre la plus importante eut lieu à Saintes en octobre 2002, rassemblant près de 100 personnes. La préparation de cette rencontre mit en évidence la difficulté à faire coexister les préoccupations des chercheurs et celles des pèlerins. L'énorme charge émotive du pèlerinage et les transformations souvent importantes vécues par certains pèlerins rendaient ceux-ci plus sensibles aux légendes et au rêve qu'à la rude discipline de la lecture de documents authentiques. Simultanément il apparaissait que la recherche intéressait de nombreuses personnes en dehors du monde pèlerin.

Une association de chercheurs indépendants

En juillet 2002, la structure de recherche fut transformée en association indépendante regroupant des personnes physiques, chercheurs professionnels et associatifs et érudits locaux. Deux personnes morales manifestèrent leur intérêt, l'Institut Européen des Itinéraires Culturels, pour encourager la recherche et les éditions Tallandier qui préparaient la publication de la première traduction française intégrale du Codex Calixtinus.
 
L'association réunit les noms de David Parou, jeune président disparu prématurément et Saint-Jacques, objet principal de ses recherches. 

Vingt ans de réalisations

En 20 ans la Fondation a publié une vingtaine de livres dont  l'unique traduction française intégrale du Codex Calixtinus, accompagnée d'une longue introduction donnant la genèse de ce manuscrit et d'une postface à caractère historique.
Cet ouvrage, indispensable à la connaissance de la légende de saint Jacques, a été suivi de la publication systématique de récits de voyageurs ayant inclus Compostelle dans leur périple. 
 
A côté de ces éditions de textes, la Fondation a publié régulièrement des études complétant l'apport fondamental qu'avait été la publication, en 2000, de la thèse de doctorat de Denise Péricard-Méa, base de  la poursuite de ses recherches.
Une présentation de tous ces ouvrages est disponible ici.
La Fondation accompagne régulièrement des étudiants dont les travaux "croisent" saint Jacques ou Compostelle, leur apportant une assistance spécialisée, des conseils et l'accès à sa documentation. Les apports de ces étudiants contribuent en échange à l'enrichissement des connaissances. La Fondation les assiste pour la publication de leurs travaux.

Pour commander les livres de la Fondation, ferpel@saint-jacques.info  .

Une présence importante sur Internet

Mais l'apport le plus régulier de la Fondation se fait sur Internet de plusieurs façons.
Le tout premier site de la Fondation a évolué pour devenir un portail ouvrant sur une présence multiforme en évolution permanente dans sa forme mais au contenu enrichi de façon régulière.
Ce site portail ouvre sur l'ensemble des propositions de la Fondation et en particulier sur une dizaine de portails thématiques représentant la base de connaissance la plus importante sur saint Jacques et Compostelle disponible sur Internet.
Pour assurer la pérennité de ses publications électroniques, la Fondation a lancé la première revue électronique consacrée à saint Jacques et Compostelle. Cette revue, éditée avec le concours du CNRS (INIST de Nancy), n'est plus accessible que dans les Archives du Web.
En complément, la Fondation a ouvert un Carnet de recherches qui lui permet de rester en contact avec la communauté des chercheurs en sciences humaines.
Cet effort de publications, en particulier sur Internet, a conduit la Fondation à renoncer à l'organisation de manifestations coûteuses en temps, en énergie et en argent. Recevoir 1000 visiteurs par jour sur ses sites dont environ 10% consacrent une heure à leur visite est infiniment plus rentable que d'organiser un colloque de trois jours pour 100 personnes.
 

Vers l'Institut de Recherche Jacquaire

En 2018, les manifestations organisées à l'occasion du 20e anniversaire de l'inscription des chemins de Compostelle en France au Patrimoine mondial ont permis à plusieurs associations de pèlerins de prendre conscience de la réalité de cette inscription.
Elles ont en effet bien montré que l'inscription concerne 71 monuments ou ensembles immobiliers et seulement 7 tronçons du GR65.
Son caractère limité a conduit les associations qui s'intéressent à leur patrimoine hérité du pèlerinage et des cultes à saint Jacques à s'interroger sur le moyen de faire connaître ce patrimoine " oublié du Patrimoine mondial ".
Elles ont demandé à Denise Péricard-Méa d'animer des journées d'étude sur le thème " enrichir le Patrimoine mondial "
 

 

http://astore.amazon.fr/sainjacqetcom-21


Poursuivre les recherches. Vulgariser leurs résultats

C'est dans l'institut la responsabilité de Denise Péricard-Méa. Elle se manifeste par la publication de lettres périodiques (actuellement lettres de quinzaine).
Elles sont les héritières des lettres quotidiennes nées lors du premier confinement imposé face au Covid.
Ces lettres sont l'occasion d'échanges avec les lecteurs dont les réactions et propositions sont un enrichissement, parfois manifesté par la rédaction d'une lettre.

Pèlerins relatant leur expérience, ou soucieux de connaître le patrimoine Saint-Jacques, étudiants confrontant leurs propres recherches, érudits complétant les lettres de leurs connaissances locales, curieux posant des questions, responsables politiques ou administratifs exposant leurs projets, journalistes désireux de mettre à jour les informations qu'ils transmettent ...
Voila le public des lettres Pèleriner informé de l'Institut de Recherche Jacquaire !