Compostelle par la face Nord


Rédigé par le 10 Aout 2017 modifié le 1 Février 2024
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L’article du Figaro nous a été signalé par Jacques Hayaert dont nous reproduisons le message. Les propos d'anciens pèlerins, employés d'Offices du tourisme, rapportés par un de nos adhérents, éclairent la politique de la Galice vis-à-vis du pèlerinage. Nous racontons une anecdote, déjà ancienne, qui montre la continuité de cette politique. Les informations données lors d’une communication aux Xe Lectionnes jacobeas de l’université de Santiago nous ont montré l’origine de cette politique.



Le message de Jacques Hayaert

Ça y est !  plus d’ambigüités  ! les tarifs sont bien  affichés   et pas en catimini  !  LeFigaro de ce jour (lefigaro.fr/voyages/2017/08/04/) !  Pas moins que ça !   80 € par jour c’est donné !
Et lisez bien  ! Carnet de route compris ! Compostela oblige – quand même !        Juste un petit plus pour le portage des bagages  !!!    des BAGAGES !!!!!!!!!!!!!!    
Adieu marche légendaire  !!!!!!!  Laissez passer les touristes    Vrai qu’à force de raconter que le chemin était ouvert à tous et à tout  - on y est bien arrivé ...
Evolution normale, logique  ?   Sans doute ?
La farce continue.... le grand théâtre est ouvert...y a de la place pour tout le monde !

Annonce parue dans Le Figaro

Via Compostela  (04.66.69.05.19).
Camino del Norte, 5 itinéraires au départ de Saint-Jean-Pied-de-Port, Hendaye, Bilbao, Santillana del Mar ou Oviedo.
De 405 € (5 jours) à 965 € (15 jours), hébergement en demi-pension et carnet de route inclus.
Transport des bagages en extra.
Voir l'article sur le site du quotidien

Propos d'Offices du tourisme

Selon les confidences recueillies, les Offices du tourisme considèrent trois catégories de pèlerins :
Les pélerins « comme toi et moi » nous a dit notre ami qui a déjà sillonné la plupart des chemins contemporains. Ils sont dénommés « folkloriques » et sont là pour amuser les touristes mais consomment peu.
Les « touri-peregrini », ce sont ceux qui fréquentent les chemins en se comportant à l’étape comme des touristes dont ils utilisent les services mais sans dépenser beaucoup. Ils représentent encore un marché limité.
Enfin les touristes, ceux qui sont mis sur les chemins par les tour-operators. Ceux-là « on peut leur coller tout ce qu’on veut ». La dernière invention serait le repas traiteur fourni sur le chemin mais pas trop loin du passage des autobus. Ceci conduirait dans certains cas à modifier les tracés des chemins.
Ayant fréquenté pas mal de paroisses espagnoles, notre ami pense que cette politique est encouragée par l’Eglise dont les pèlerinages diocésains profitent des infrastructures touristiques.
 

Le début du développement du pèlerinage

Nous avons déjà informé sur le « vœu » exprimé par Franco. Il l’a fait sous la forme d’une prière adressée à saint Jacques, à la fin de son discours le dimanche 25 juillet 1948. C'est dans les années 1950 puis surtout en vue de l'année 1965 que son gouvernement s’est employé à redonner une nouvelle image à Compostelle. Après que saint Jacques ait été transformé quelques années en « Mata-rojos » (tueur de Rouges).
Il a alors été décidé de porter les efforts sur les années saintes.
 

Une anecdote significative

Dans les années 1990, un pèlerin vendéen arrive à Compostelle avec son âne. Il trouve gîte pour lui et l'âne dans un établissement religieux de la ville où il est reçu gratuitement. Après un peu de repos, il se prépare à aller visiter la cathédrale, laissant brouter l'animal. On lui dit alors :
" Vous y allez seul ? "
" Oui bien sûr "
" Mais prenez donc votre âne, cela amuse les touristes "
 

Compostelle et Lourdes

La comparaison est parfois faite entre Compostelle et Lourdes.
Ce rôle d'attraction touristique dévolu aux pèlerins est propre à Compostelle. Les récentes fêtes du 25 juillet nous ont montré qu'elles sont organisées pour les touristes plus que pour les pèlerins.
Lourdes propose à tous de grandes cérémonies de plein air où pèlerins et touristes sont mêlés. La présence des malades et le recueillement n'empêchent pas leur caractère festif. Personne ne pense à demander aux participants comment ils sont arrivés et à quel titre ils sont là. Pourquoi l'Eglise de Compostelle cantonne-t-elle la fête de saint Jacques aux murs de la cathédrale ? Pourquoi abandonne-t-elle aux marchands les places qui l'entourent ?
Les évêques français " du chemin " ne pourraient--ils suggérer à leur collègue galicien de renouer avec les processions, comme il y en eut jadis.
Certes le domaine du sanctuaire pyrénéen est mieux isolé de la vie de la ville, mais Santiago a su isoler le centre historique du trafic automobile. Il ne devrait pas être impossible de " sanctuariser " les abords du sanctuaire (dont il est toujours proclamé qu'il contient le tombeau de l'apôtre) au moins le jour de sa fête.