Compostelle et le Brexit, trouver un chemin


Rédigé par le 27 Juin 2016 modifié le 1 Février 2024
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Trois villes symboliques peuvent-elles apporter un chemin pour l'Europe d'après le Brexit ?



1987 - 2016

Créé à Strasbourg en 1949, le Conseil de l’Europe réunit 47 Etats partageant des objectifs communs en matière juridique et culturelle. En 1987, il a proclamé le chemin de Compostelle premier Itinéraire culturel européen, sur la base de l’affirmation suivante « ce chemin a été hautement symbolique dans le processus de construction européenne ». Prise à la demande de l’Espagne, l’année suivant son entrée dans la Communauté européenne le 1er janvier 1986, cette décision donnait une dimension nouvelle à son adhésion à la construction de l’Europe.
 
En Grande Bretagne, entrée dans la Communauté européenne en 1973, le référendum du 23 juin 2016 a donné une majorité aux partisans du Brexit, souhaitant quitter « l’Europe de Bruxelles ».
 
Les symboles portés par ces trois villes, Strasbourg, Compostelle, Bruxelles peuvent-ils ouvrir des perspectives, au lendemain de ce vote ?

Ce que Strasbourg inspire

Strasbourg, haut lieu de la réconciliation franco-allemande, apporte le dynamisme des ennemis d’hier qui, sans oublier le passé, sont capables de le dépasser en s’unissant pour une construction nouvelle. Prise à Strasbourg, la décision de 1987 est à l’origine du pèlerinage contemporain. Elle a « donné naissance à Compostelle », pèlerinage contemporain fréquenté chaque année par des milliers d’Européens jeunes et moins jeunes. Sur les chemins ils apprennent à se connaître, expérimentent le dialogue et le partage, retrouvent le contact avec la nature et apprécient une vie plus frugale. Ne peuvent-ils pas apporter la vision qui manque aux responsables politiques et l’enthousiasme nécessaire à la construction d’une Europe 2.0 ?
 

Compostelle ville phare

Compostelle a acquis la réputation d’avoir « fait l’Europe » en rassemblant sur ses chemins des foules de pèlerins médiévaux. Les historiens ont renoncé à en chercher une introuvable preuve. Mais cette croyance bien ancrée et maintes fois proclamée dans des discours officiels porte des germes mobilisateurs pour la construction européenne. Cette construction ne nécessite plus de conquérir des territoires comme au temps du Matamore, mais des esprits et des cœurs. Le symbole de Compostelle qui fut l’âme de la Reconquista ne peut-il ranimer l’ambition européenne défaillante ?
 
 

Les fonctionnaires de Bruxelles

Bruxelles enfin, aurait sûrement mérité mieux que de devenir le symbole d’une bureaucratie hypertrophiée alourdissant l’Europe plus qu’elle ne la dynamise. N’est-elle pas surtout devenue le symbole du manque de vision et du manque d’ambition des pays membres des organisations européennes ? Le Brexit, intervenant à la fin d’une succession de concessions et de marchandages sans grandeur en est aujourd’hui l’illustration. Mais des milliers d’hommes et de femmes oeuvrent pour l’Europe à Bruxelles. N’ont-ils pas envie d’un travail orienté par des objectifs politiques clairs et des investissements d’avenir plus que par la préparation de normes tatillonnes ou la nécessité de trouver des compromis pour satisfaire Pierre, Paul ou Jacques ?

Un écrit au nom de Jacques, atout pour l'Europe

Jacques ! Ce nom attaché au tombeau de Compostelle, l’est aussi à un document méconnu du premier siècle dont les recommandations en matière économique et sociale sont au cœur des questions soulevées par le Brexit : l’accueil des immigrés, la finance internationale, les paradis fiscaux, la justice sociale, les médias, la peur de l’avenir* . Au-delà des symboles, ce message que porte Compostelle n’est-il pas un atout pour l’Europe ?
 * Voir détails
Si, au Moyen Age, des pèlerins allaient à Compostelle par les chemins de terre, beaucoup, (plus peut-être ?), y allaient par mer, transportés souvent par des bateaux anglais. Marcher et naviguer n’apportent pas les mêmes expériences. Mais ils se rendaient au même sanctuaire. Ils se retrouvaient en un lieu ayant un caractère sacré. Ils partageaient un même esprit auquel se réfèrent les pèlerins contemporains, partageant la même quête d’un monde plus soucieux de l’homme et de la nature. Ces aspirations pourraient-elles inspirer les projets d’une Europe « plus proche des vrais gens » ? La dynamique pèlerine pourrait-elle donner un nouvel élan à l’Europe après le Brexit ?
Oui l’esprit de Compostelle peut permettre de trouver un chemin pour l’Europe.