Compostelle et la Mémoire du monde


le 26 Décembre 2017 modifié le 9 Novembre 2023
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L’UNESCO a lancé en 1992 le programme Mémoire du Monde relatif au patrimoine documentaire de l’humanité. Cet article apporte des informations sur ce programme et sa décision prise en octobre 2017 pour la sauvegarde du Codex Calixtinus de Saint-Jacques-de-Compostelle et autres copies médiévales du Liber Sancti Jacobi.



Le programme Mémoire du monde

L'objectif général du programme Mémoire du monde de l'UNESCO est de protéger et de partager le patrimoine documentaire de l'humanité, et de le rendre accessible à tous.
Il est décliné dans trois domaines :
1 - Faciliter la conservation du patrimoine documentaire mondial avec les techniques les mieux appropriées.
2 - Aider à assurer un accès universel au patrimoine documentaire.
3 - Mieux faire prendre conscience, partout dans le monde, de l'existence et de l'intérêt du patrimoine documentaire.
 

L'inscription du Codex calixtinus

Le 30 Octobre 2017, à l’issue d’une réunion de quatre jours qui s’est tenue au siège de l’UNESCO, du 24 au 27 octobre, le Comité consultatif international (CCI) du Programme Mémoire de Monde de l’UNESCO a recommandé d’inscrire 78 nouveaux éléments au Registre international « Mémoire du monde ».  Parmi ces éléments figure :
The Codex Calixtinus of Santiago de Compostela Cathedral and other medieval copies of the Liber Sancti Jacobi : the Iberian origins of the Jacobian tradition in Europe
Le Codex calixtinus figure dorénavant au Registre de la Mémoire du monde, disctinction qui vient confirmer l'intérêt porté par l'Unesco au pèlerinage à Compostelle. Les justifications apportées pour cette inscription sont les suivantes :
Connu dans toute l’Europe par la légende de Charlemagne, ce manuscrit est présenté comme « une source fondamentale dans l’étude et la connaissance de la religiosité médiévale européenne » et « un véritable trésor de savoir sur l’Europe médiévale ». Il a contribué à la promotion du culte de saint Jacques à Compostelle et de ses chemins, dont il a fait l’une des plus grandes routes de pèlerinage européennes.

" Tout est dans le Guide "

René de La Coste-Messelière avait l’habitude de dire « Tout est dans le Guide ». En France et peut-être ailleurs en Europe, le Codex calixtinus est surtout connu par ce dernier Livre.  Il arrive d'ailleurs fréquemment qu'il soit confondu avec l'ensemble.
Le Conseil de l’Europe avait reconnu, dès 1984, que l’Europe médiévale était couverte de chemins, fréquentés par des millions de pèlerins. N’est-il pas temps de franchir une nouvelle étape ?
Grâce au Guide, le Codex calixtinus a fait rêver. Il peut le faire encore plus. L’Europe n’a pas le monopole des pèlerinages. Cela aussi était dans le rapport de 1984. Dans toutes les religions, dans toutes les cultures, le pèlerinage existe. Voilà un véritable Bien commun de l’Humanité. Le texte qui fait rêver le monde sur Compostelle ne pourrait-il servir de tremplin pour les autres pèlerinages d'Europe et d'ailleurs. Le Conseil de l'Europe a ouvert la voie.

 

Des chemins au véritable patrimoine de l'humanité

L'apôtre Jacques qui est apparu à Charlemagne pour lui demander de venir délivrer son tombeau ne pourrait-il apparaître aux responsables du Patrimoine mondial d'Espagne et de France et d'ailleurs ? Il les inviterait à prendre de la hauteur et à voir autrement l'ensemble des pèlerinages.
Il leur montrerait que les chemins de Compostelle les ont en quelque sorte enfermés et qu'il convient de les libérer.
Il leur demanderait de proposer à l'Unesco une nouvelle VUE, celle du pèlerinage, Bien immatériel de l'humanité, dans toutes les cultures et toutes les religions. L'Unesco ne pourrait-elle pas voir dans l'évocation que fait le Guide  de tant d'autres pèlerinages la raison de cette inscription ?

Le Pèlerinage, dans le sens de démarche pèlerine, n'est-il pas la meilleure réponse au sixième critère nécessaire pour la reconnaissance de la Valeur Universelle Exceptionnelle d'un Bien :
être directement ou matériellement associé à des [...] traditions vivantes, des idées, des croyances  [...] ayant une signification universelle exceptionnelle ?