Compostelle et l'Europe.

2010, année jubilaire, la Galice expose à Paris


Rédigé par le 10 Mai 2010 modifié le 8 Février 2024
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Cette exposition, présentée successivement à Paris, Rome et Santiago, est réalisée par l’agence du Plan Xacobeo du Ministère de la culture et du tourisme du gouvernement autonome de la Région de Galice (Espagne) chargée de la promotion de Compostelle. Le catalogue édité à cette occasion est un panégyrique de l'action de constructeur de l'archevêque Diego Gelmirez au XIIe siècle.



Une publicité de la Galice

Sous le titre Compostelle et l’Europe avec, en sous-titre, L’histoire de Diego Gelmirez, la Xunta de Galice finance, à l’occasion de l’année sainte 2010, une exposition qui, durant cette année, sera présentée successivement à Paris, Rome et Compostelle. L’objet de cette exposition et des documents édités à cette occasion est de mettre en valeur l’action de ce prélat, premier archevêque de Compostelle. Cet enfant de Galice a su servir à la fois son ambition personnelle et la gloire de son diocèse tout en confortant le trône du jeune roi Alphonse VII. Son rôle de constructeur et de mécène est particulièrement mis en évidence à cette occasion : « Gelmirez a établi pour nous les liens avec les principaux centres créateurs de l’art roman » (p. 11). Le choix de mettre l’accent sur ce rôle a sans doute conduit les organisateurs à ne pas suffisamment présenter son action politique ce qui est regrettable car trop réducteur.

A Paris à la Cité de l’architecture et du patrimoine

A Paris, l’exposition est confinée au fond de la salle des moulages de la Cité de l’Architecture et du Patrimoine au palais de Chaillot, sous un vitrail sans aucun rapport avec son objet. Elle bénéficie de la proximité des moulages de l’ancien Musée des Monuments Français. Des bornes placées devant certains de ces moulages font le lien avec l’exposition qui n’est donc visitée qu’après le passage devant les monuments, ce qui n’en facilite pas la compréhension.
Le choix de Paris s’inscrit dans l’histoire contemporaine des réflexions sur le développement de l’art roman initiées par Emile Mâle. Ses travaux ont conduit, à partir de 1927 à la réalisation, par le Musée des Monuments Français, de moulages d’édifices des chemins de Compostelle mentionnés par le Guide du pèlerin, ce qui facilita le choix des monuments associés à l’exposition. Leur lien avec Compostelle avait été concrétisé en 1937 par Francis Salet qui avait fait peindre sur un des murs du musée une gigantesque carte polychrome des chemins de Compostelle tels qu’ils étaient imaginés à cette époque. Cette carte, véritable Monument historique, a malencontreusement été détruite dans l’incendie du musée le 22 juillet 1997.
Une certaine dimension nationaliste n’était pas étrangère à cette mise en avant de l’influence française sur l’art en Espagne. Elle faisait écho à la vision nationaliste de Compostelle et du culte à saint Jacques propre à l’Espagne. Malheureusement, ni l’exposition ni le catalogue ne font allusion à ces dimensions politiques.

Un luxueux catalogue de 432 pages

L’exposition est pérennisée et enrichie par un volumineux et luxueux catalogue traduit en français, anglais, espagnol, italien et galicien, vendu au prix de 59 € qui le rend inabordable au visiteur moyen. Un hors-série, n° 49 de la revue L’objet d’art, également commandé par la Xunta, résume le catalogue pour 8,50 €, à l’intention des lecteurs francophones (une monumentale erreur y fait qu’on y voit deux fois une image de saint Jean à Moissac, mise en lieu et place de saint Jacques !).
La Xunta de Galice a fait appel, pour ce catalogue, à seize auteurs, historiens de l’art ou médiévistes pour la plupart. Onze d’entre eux sont espagnols et/ou membres du « comité des experts du Camino de Santiago », lui-même dépendant de la Xunta. La lecture attentive de leurs textes montre qu’à quelques exceptions près, ils ont répondu honnêtement à une commande, tout en essayant, au détour de quelques phrases, de faire comprendre qu’ils n’ont pas tous renié leurs compétences scientifiques et qu’il faut, au-delà des discours convenus, relativiser la portée de ce qu’ils écrivent.
Car c’est bien un panégyrique que dresse cet ouvrage et c’est pourquoi, dans son analyse, les auteurs ne sont pas cités individuellement. Ils sont considérés comme représentant collectivement la pensée des autorités galiciennes commanditaires.

Une argumentation dépassée

L’argumentation du catalogue, repose sur les affirmations habituelles jamais vérifiées par les historiens :
1 - Il a existé des chemins spécifiques pour se rendre à Compostelle : par exemple, il est assuré que, dans ses voyages, Gelmirez a « suivi différents tronçons des chemins de pèlerinage français » (p.21 et 49) en cette « période spéciale d’ouverture de Compostelle aux chemins d’Europe » (p. 22). Mais comment comprendre cette dernière affirmation ? En quoi cela est-il spécifique de Compostelle ?
2 - Ces chemins étaient parcourus par des foules, ce qu’on retrouve dans ces diverses citations : « au cours du XIe siècle laïcs et clercs, riches et pauvres en nombre croissant, les pèlerins dirigèrent leurs pas vers la ville de l’apôtre » (p. 100), « Le monde entier se rendait à Compostelle (p. 100)…, « l’affluence à Compostelle de pèlerins étrangers » (p. 101). L’affirmation la plus contestable est celle-ci : « les auteurs du sermon CVII, Veneranda dies, une fois énumérés les noms des 74 peuples y compris les Arabes et les Iudei, montrant ainsi que le monde entier se rendait à Compostelle, mentionnèrent expressément les Allemands les Français et les Italiens… et les Anglais et les Grecs… » (p. 100). Pourtant, il est maintenant démontré que cette fameuse liste fut recopiée des Actes des apôtres et qu’elle n’a aucune signification, ni géographique ni numérique. Elle signifie simplement l’identification qui était faite de Compostelle avec la Jérusalem céleste.
3 - Au long de ces chemins, les étapes n’existaient qu’en fonction de Compostelle. Le catalogue propose même cette énormité : « le pèlerinage jacobéen dans des églises dont c’était la raison d’être [Saint-Martial, Conques, Saint-Sernin]… » (p. 54). Peut-on croire à une mauvaise traduction ? Mais on lit plus loin que « d’importants centres de culte français… étaient subordonnés à la tombe espagnole de saint Jacques » (p. 131). Pourtant, il ne faut pas voir là uniquement une volonté expansionniste des seuls Galiciens ! Des Français eux-mêmes se sont faits leurs vassaux depuis le milieu du XXe siècle. D’autres leur ont emboîté le pas sans que l’on puisse le reprocher à l’Espagne. Aujourd’hui, en France, aucun des sanctuaires cités dans le Guide du pèlerin ne dit autre chose : du Puy à Saintes ou à Conques, de Vézelay à Saint-Jean-d’Angély, chacun oublie son histoire propre pour seulement se revendiquer « étape incontournable sur le chemin de Compostelle ». La Xunta ne fait que tirer les marrons du feu, ici au bénéfice de Gelmirez. Qui le lui reprocherait ?
Et Cluny ? Bien sûr, le catalogue reprend « la vieille théorie du rôle fondamental de l’abbaye de Cluny … et de l’influence qu’elle a exercée sur les ateliers de Compostelle » (p. 55). Tout un article lui est consacré : L’art du chemin de Compostelle et de Cluny. Il s’ouvre par un exposé du fait que « au cours du siècle dernier, l’idée selon laquelle l’abbaye bourguignonne de Cluny aurait exercé un patronage très actif des pèlerinages à Saint-Jacques-de-Compostelle eut une très considérable diffusion… idée…qui fut martelée avec une insistance suffisante pour qu’elle s’enfonçât profondément et qu’elle devint un stéréotype de manuel » (p. 250). L’auteur pense, par exemple, que Gelmirez installant une chapelle Saint-Michel dans sa cathédrale a copié celle de Cluny qu’il avait vue. Mais combien de chapelles hautes ont-elles été dédiées à saint Michel dans l’Europe du XIIe siècle !

L’affirmation du haut niveau culturel de Compostelle

La Xunta s’attache aussi à défendre le rôle culturel fondamental de Compostelle. « Si tant de maîtres se sentirent attirés par la ville de l’apôtre, c’est parce que, outre la renommée de son sanctuaire, rayonnait celle de son haut niveau culturel… comme à Salerne, Pavie, Bologne, Laon, Paris, Orléans, Canterbury » (p. 101 et 104). On peut noter une belle auto-satisfaction quand on se souvient que l’Université ne date que du XVIe siècle et qu’elle n’a jamais rivalisé même avec les grandes écoles castillanes. En dehors de l’Historia compostellana, apologie de Gelmirez, quels grands textes connus, en dehors de copies, ont été produits par cette école ? Ne s’est-elle pas simplement distinguée grâce au vide culturel ambiant ? Cette prétendue gloire s’appuie essentiellement sur une argumentation tendant à faire croire à l’origine galicienne du Codex Calixtinus, affirmée par certains des auteurs : « La diffusion des textes du Liber sancti Jacobi est une indicatrice de la diffusion du culte… Dès le XIIe siècle, un pèlerin copie le texte de la Translation…on connaît plus de 300 manuscrits si l’on compte les copies partielles et les traductions » (p.140). Dans la même veine, l’ouvrage affirme que le Codex a été « diffusé en Europe dans une version plus courte et apparemment plus cohérente » (p. 108 et 109). Parfois, quelques nuances se glissent subrepticement : « Il est probable en effet que ce manuscrit ait été rédigé à Compostelle au milieu du XIIe siècle, même si certaines de ses parties pourraient avoir été conçues en d’autres lieux, en France par exemple » (p. 122).
N'est-il pas en outre paradoxal de faire du Codex Calixtinus une oeuvre espagnole et compostellane, alors même que le colophon le dit écrit dans diverses régions européennes, mais non l'Espagne, et mentionne trois villes emblématiques : Rome, Jérusalem et Cluny, sans souffler mot de Compostelle. Comment penser que les Galiciens aient pu pratiquer un tel oubli de soi ? De toute manière ce colophon n'est pas réfuté, ni réfutable. On se contente de le passer sous silence
S’agissant des traductions de ce manuscrit, il est regrettable que la revue publiée pour le public francophone omette d’indiquer qu’il en existe une traduction intégrale en français. Il est vrai que cette traduction est précédée d'une étude qui va à l'encontre des positions galiciennes.

L’architecture et l’art au service de Compostelle

Le catalogue consacre une large place à l’architecture et à l’art des monuments présentés. Dans leurs articles, les historiens d’art évitent les prises de position historiques et politiques et se réfugient derrière de longues et laborieuses comparaisons de styles ou d’inspiration. Des pages entières sont consacrées aux chapiteaux pour prouver l’influence de telle ou telle église sur celle de Compostelle. Il en est de même pour les bas-reliefs, ainsi le saint Jacques de Moissac (1100) précède celui de la porte Miégeville de Toulouse qui précède celui de Compostelle (1111).
Des pages intéressantes mais hors sujet, sont consacrées à l’analyse des images du Codex et de ses rares copies, y compris celles du XIVe siècle. Le récit du vol des reliques de Braga, l’étude du maître-autel du temps de Gelmirez, un long article sur le « fût en granit provenant probablement de la façade du Paradisus », « la réforme grégorienne et l’origine de l’art roman » complètent le catalogue.
Ecrit à propos d’une colonne du musée, « provenant de la porta francigena de la cathédrale et  renvoyant indubitablement à l’Odyssée christianisée » (p. 260), l'article mettant en scène Dante et Ulysse qui arrivent à Compostelle « en suivant les chemins sinueux de l’allégorie » reste énigmatique.

Diego Gelmirez et l’Italie

L’Italie n’échappe pas à la promotion forcenée de Compostelle : le vocable San Jacopo d’Altopascio sur la route de Rome au XIe siècle est présenté comme un « indicateur non équivoque de la relation entre la dévotion au saint et le pèlerinage » (p. 57) ; « il semble évident qu’il existait en Italie, dès les dernières décennies du XIe siècle, une dévotion compostellane (!), au moins en ce qui concerne les voies de pèlerinage et les infrastructures d’accueil » (p. 271). Qu'est-ce qu'une dévotion "concernant des voies de pèlerinages" ?
A Rome la relique de saint Jacques donnée à Saint-Chrysogone proviendrait d’un don de Gelmirez à Calixte II qui l’aurait redonnée à un cardinal bienfaiteur de cette église. L’auteure occulte le fait, pourtant mentionné, que Rome « base sa grandeur sur le culte à ses propres reliques d’apôtres ». Celles de saint Jacques ne pouvaient, pour elle, que provenir de Compostelle (p. 271). A propos de Pistoia dont la relique de saint Jacques passe depuis des lustres pour avoir été apportée par Gelmirez, l’auteur de l’article souligne néanmoins que le fait n’est plus vraiment certain : en 1140, on n’a pas trace de Gelmirez dans la ville. C’est d’ailleurs l’année de sa mort. Il s’agirait plutôt, suggère l'article, d’une falsification faite par l’évêque opposé aux bourgeois de la ville.

Des auteurs parfois gênés

Comme ci-dessus et tout au long des articles, les affirmations les plus péremptoires se trouvent souvent infirmées ou pour le moins tempérées par des auteurs gênés qui ponctuent leurs phrases de « nous pourrions conclure que ... », « atelier dirigé sans doute par… », « très probablement », « peut-être que ... », « il semble que ». Ailleurs, « le stéréotype de manuel de l’influence de Cluny est… évidemment un peu éloigné de la réalité… » (p. 250). Pour d’autres, il apparaît discrètement que le Guide du pèlerin ne fut pas un Guide du routard : « Il ne semble pas que les pèlerins se rendant sur la tombe de saint Jacques aient eu ce livret dans leurs bagages à main, selon ce qu’on peut déduire de sa diffusion … » (p.130).
L’auteur va même plus loin : « de fait, on a démontré maintenant que les pèlerins utilisaient les itinéraires de Vézelay et du Puy beaucoup moins que ceux d’Arles ou de Paris, ou plutôt Tours. On pourrait dire que l’auteur du Guide a, d’une certaines manière, " inventé " quelques uns de ces chemins… » (p. 131)… « Les chemins traversant le Massif Central étaient peu connus et peu fréquentés » (p.133). Ces phrases audacieuses sont compensées par celle-ci : c’est le Livre des miracles qui a fait « du chemin un chemin de miracles reliant toute l’Europe à Compostelle » (p. 141) ; mais ce chemin-là n’est que symbolique, non cartographiable.

Dans le domaine artistique, l’influence affichée du « maître-livre de Marcel Durliat, La sculpture romane de la route de Saint-Jacques. De Conques à Compostelle » se trouve tempérée par cette réflexion : « son œuvre est toujours le socle des études… mais les perspectives ont quelque peu changé ... » (p. 232). Comment mieux dire (sans le dire) son désaccord pour cette idée fausse et si largement répandue d’une sculpture romane spécifique aux chemins de Compostelle ? Durliat lui-même ne l’a d’ailleurs pas mise en évidence en dehors du titre de son ouvrage.

Un auteur va même jusqu’à reconnaître que tout cela « sert aux exigences de propagande du siège de Compostelle au début du XIIe siècle » (p. 55). Un article très intéressant sur la vision de Gelmirez retenue par la postérité se termine par : « la Galice actuelle, celle qui fut construite à l’époque contemporaine, doit beaucoup plus à l’œuvre de Gelmirez que ce que l’on pourrait penser… Le souvenir de Gelmirez n’est pas seulement controversé, il semble faire l’objet d’une revanche » (p. 201). Cette revanche est une allusion à ce courant de pensée qui a souvent condamné « l’action démesurée de Gelmirez de faire de Compostelle une seconde Rome, sans chercher le consensus social de la ville…qui aurait conduit à l’échec du projet considéré par les habitants de la ville comme le monument par excellence de son autorité séculière despotique » (p. 17)

Une nouvelle " Historia compostellana " décevante

Pour le visiteur connaissant un peu les débats autour de la diffusion de l’art roman en Europe, le choix de Paris pour la première édition de cette exposition peut paraître contradictoire. Le musée qui l’abrite ne fut-il pas le temple de la promotion de l’origine française de cet art ? Mais cette position franco-française ayant été également contestée par des chercheurs anglo-saxons, le moment a pu paraître opportun et le lieu symbolique pour tordre le cou définitivement à ce point de vue du coq gaulois. Neuf siècles après Gelmirez, le flambeau est repris par la Xunta qui va beaucoup plus loin que lui, affirmant, ce qui est nouveau, que « Gelmirez a ouvert le chemin à destination de Saint-Jacques » (p.9). Le catalogue de cette exposition apparaît alors, en toute simplicité, comme le pendant de l’Historia compostellana !

On aurait pu attendre de cette initiative qu’elle apporte ce qu’a apporté en 1985 le catalogue de l’exposition organisée à Gand, Santiago de Compostela, 1000 ans de pèlerinage européen. Mais en 1985, l’exposition avait un double patronage, celui de l’Espagne et celui de l’association Europalia. Il lui conférait une véritable dimension européenne et permettait l’ouverture de nombreuses pistes de recherches. Ici, tout est bloqué, tout est dit, par le financement exclusif de la Xunta et la grâce de Gelmirez. Compostelle s’autoproclame pour l’éternité, le centre de l’Europe et la détentrice de tous les chemins qui mènent vers elle.
Saint Jacques y a perdu son identité de Galiléen, le voici naturalisé officiellement Galicien (d’ailleurs, en France, quand on parle de lui, on n’hésite pas à écrire Saint-Jacques-de-Compostelle, graphisme de la ville… et non de l’apôtre !). Après tout, quelle importance ! Comme disait le pèlerin Jean de Tournai en 1490, il est au Paradis.

Gelmirez apparaît ici comme un nouveau champion du nationalisme galicien. Cette dimension politique est judicieusement occultée par des débats dont l’objet est présenté comme artistique mais dont le décryptage est aisé. S’il s’était vraiment agi de célébrer la dimension européenne de Compostelle et les hommes qui ont contribué à sa renommée, il eût été possible, par exemple, de mettre en valeur l’influence également forte de l’archevêque Béranger de Landore, au XIVe siècle. Ses faits et gestes ont aussi été consignés par écrit. Compostelle ne lui doit-elle pas une des tours que les pèlerins contemplent en arrivant et qui porte son nom ? Ne serait-il pas à l’origine des années saintes en ayant célébré sa première messe un dimanche 25 juillet dans sa cathédrale conquise à main armée ? Mais il était Français…

Où s’arrêtera l’ambition galicienne ?

Lors de l’année sainte 1965, une association française avait offert à l’Espagne la possibilité de faire d’un monument parisien « la plus haute borne sur le chemin de Compostelle ». Les limites de l’ambition galicienne pouvaient de ce fait dépasser celles de la grande Aquitaine que convoitaient les rois de Castille au XIIe siècle. Encouragée par cette allégeance, la Galice ouvre son ambition à l’Europe. Sans souci des frontières, son Conseil Régional de la Culture et du Tourisme se dit aujourd’hui « conscient de posséder l’un des réseaux de communication les plus anciens » (p. 11). Peut-être l’année sainte 2021 le verra-t-elle proposer d’en assurer l’entretien dans toute l’Europe ?

Article rédigé par Denise Péricard-Méa, relu et complété par Bernard Gicquel