Institut recherche jacquaire (IRJ)

1963, Henri Roque, la promesse de Burgos, étape73


Rédigé par Denise Péricard-Méa le 24 Août 2020 modifié le 28 Octobre 2020
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En 2010, un article de Plaisirs équestres de 1976 a ouvert deux années d'une recherche passionnante conduisant à la publication du récit d’un pèlerinage franco-espagnol de 1963.




PÈLERINER dé-CONFINÉS
Avec Denise Péricard-Méa et les Constellations Saint-Jacques
Etape n°73

1963-2013, du manuscrit au livre

L’auteur de l'article est Henri Roque, dont je savais qu’il était allé à Compostelle en 1965 mais ignorais ce voyage précédent. Le ton alerte et intéressant de cet article m'incita à trouver la série dont il faisait partie. Sa lecture ouvrait sur bien autre chose qu’un banal récit. Elle mettait en scène un personnage hors du commun, racontait les débuts du tourisme équestre et en même temps montrait comment était née la vogue de Compostelle.


L’étrange pouvoir d’Henri Roque

Récit du maître-randonneur Henri Roque, augmenté de sa biographie et de nombreux témoignages de pèlerins et photos
Récit du maître-randonneur Henri Roque, augmenté de sa biographie et de nombreux témoignages de pèlerins et photos

Eygalières le 28 février 1964
Mon cher Marc
Je ne suis pas un écrivain.
J’aurais cependant voulu que notre voyage à Compostelle laisse un témoignage écrit.
Il faudrait faire un bouquin de ce voyage.
Je pense que l’on peut faire mieux que toute la m   !!!
écrite au sujet de Compostelle jusqu’à présent.


Voilà ce qu’avait écrit Henri Roque à Marc Ambroise-Rendu, l’un des quatre compagnons du voyage. Journaliste, il en avait organisé la publicité en, France. Rendez-vous pris il me donne une énorme pile de documents « Je sais tout le plaisir d'un historien devant ce genre d’archives » ! Parmi toutes les coupures de journaux, deux pépites : ses propres notes de voyage, brutes et… le manuscrit perdu d’Henri Roque. Il m'indique les noms des autres compagnons. Deux avaient des surnoms, le « colonel » et « le comte » et n’étaient plus de ce monde. Le plus jeune, Jean-Pierre Bernadac vivait quelque part en Bretagne. Satisfaction nouvelle pour une médiéviste, chercher et interroger les personnages dont elle publie le récit.


Naissance du tourisme équestre

La meilleure façon de voir et de comprendre un pays c'est de l'observer du haut d'une selle.

Henri Roque (1957)

En 1961, pour dire cette conviction, il n’hésite pas à rallier Paris depuis Eygalières (Bouches-du-Rhône), au mois de février 1961 à l'occasion du « Premier congrès du cheval de sport ». Le 10 mars 1961, il y rencontre Maurice Herzog, Ministre des Sports, et entre dans l’histoire en le saluant par ces mots : « Monsieur le Ministre, le Tourisme Equestre Français vient de naître » !
En 1963, pour démontrer que le tourisme équestre n’est pas une utopie, il organisa la première grande chevauchée des temps modernes vers Compostelle.

Article de La Dépêche du 7 juin 1963
Article de La Dépêche du 7 juin 1963

Naissance du pèlerinage contemporain

Depuis des siècles, des centaines de milliers de Provençaux ont fait ce chemin, comme les musulmans vont à la Mecque. Henri Roque le reprend pour retrouver l’âme de la Provence. Au XIIe siècle c’était des Saintes-Maries que partaient les pèlerins de Compostelle…
Le Provençal vendredi 24 mai 1963

Pour ce catholique fervent, le but n’était pas anodin. Mais il l’était encore moins pour le gouvernement espagnol. En Espagne, la chevauchée servit plus le pèlerinage que l’équitation. Mais c’est en France que ses conséquences furent les plus importantes, au point d’avoir laissé des traces gravées dans le marbre à Paris.


Henri Roque et Compostelle

Accueillis au Somport par le général commandant la cavalerie espagnole, les « pèlerins français » furent accompagnés par quatre officiers, pèlerins espagnols ! Ainsi, dès Jaca un confesseur parlant français leur fut proposé. Henri Roque en fut ravi, la majorité de ses compagnons beaucoup moins. Parti pour une aventure sans lendemain, Henri fut pris par la magie du chemin.
A Burgos, après la réception par Manuel Fraga Iribarne, ministre du tourisme du général Franco, il répond au discours du directeur du tourisme qui préside un dîner somptueux.

« 1965 sera l'Année Sainte compostellane, je vous promets monsieur le directeur d'amener à Santiago beaucoup de pèlerins français, à cheval et en voiture ». Voyez-vous, Burgos est la ville du Cid, pour nous français le Cid évoque la lutte entre le devoir et la passion. Nous nous sommes fait un devoir de parcourir le camino frances mais ce soir, à Burgos, ce devoir est tellement agréable à remplir qu'il en devient une passion
Il revint mais pas comme il l’avait imaginé. Sa promesse avait ouvert la voie à des initiatives d’une autre ampleur. Son attachement pour Compostelle n’en fut pas affecté. Il y retourna une dizaine de fois avant son décès en 1988.  

Et maintenant

Ce fut pour moi un immense plaisir de publier, avec le concours de sa fille Vanina, elle-même grande cavalière, le " bouquin de  ce voyage " dont rêvait Henri. Ce travail m'a offert de nombreuses et merveilleuses rencontres, comme celle de la famille de Coco, le Russe blanc exilé ami et palefrenier d'Henri. J'ai pu l'enrichir de nombreux témoignages et photos et du compte-rendu du commandant de la cavalerie espagnole qui a chevauché avec lui depuis le Somport.
Voici les références de cet ouvrage :

Editions C’est-à-dire,
4 Avenue de l'Observatoire, 04300 Forcalquier
368 pages, format 165 x 230 mm,
collection « mille mots chuchotés »
ISBN 9782918235088 / 26 euros

Les personnes qui auraient des difficultés à l'obtenir chez leur libraire peuvent en informer la Fondation qui fera une commande groupée (occasions sur Amazon hors de prix)

 
La semaine prochaine je donnerai la parole à certains des acteurs ou témoins de cette chevauchée.