Avec Denise Péricard-Méa et les Constellations Saint-Jacques
Etape n°74 Décision du 25 août 2020
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Henri Roque et Compostelle
Le choix de Compostelle comme but de la chevauchée, ne fut ni anodin ni réfléchi. Il jaillit spontanément d'un esprit, nourri par l'imaginaire entourant le pèlerinage galicien depuis le XIXe siècle. Henri raconte :
« Marc Ambroise-Rendu, grand reporter à Constellation me demande : " et maintenant, où allez-vous aller ? " Je lui réponds " à Compostelle " ».
« Cet antique chemin de Saint-Jacques, on me l'a montré en 1961 dans les Cévennes. A Chambonas tu as le pont construit au Moyen Age par les moines de Saint-Gilles pour les pèlerins de Compostelle. Tu devrais y aller ».
Mais il ajoute :
« Moi, je ne savais pas en 1961 où se trouvait Compostelle ».
Au retour, il est bien conscient de l'importance de sa chevauchée :
Les cinq cavaliers que je guidais, en mai et juin 1963, sur le chemin de Saint-Jacques, ont sûrement fait beaucoup pour la popularité du tombeau de l'Apôtre
Comment le comte se joignit à la chevauchée.
« Jean-Pierre et Marc découvrirent à Paris, une « Société des amis de Saint-Jacques ». Ils y firent connaissance avec René de La Coste-Messelière, le secrétaire de cette société ; un cavalier civil et militaire, connaissant bien les chemins de Saint-Jacques. Il me demanda de l'emmener à Compostelle. Après une chevauchée d'essai à Eygalières, en février 1963, il devint notre compagnon de voyage. Et René, hispanisant et érudit, nous a tout appris sur ce chemin merveilleux.
Le plus long raid hippique depuis un demi-siècle
LA CHEVAUCHEE DE COMPOSTELLE
Du 22 mai 30 juin 1963, cinq cavaliers français tenteront d'accomplir le plus long raid hippique sans doute réalisé depuis le début du siècle. ... La chevauchée sera conduite par Henri Roque, 41 ans, l'un des plus ardents promoteurs du tourisme à cheval.
Le magazine Marie-Claire envoya Christine de Rivoyre, en reportage sur les premières étapes dont je parlerai plus tard. Pour le moment entrons en Espagne avec Henri, René.
« L’entrée d’Espagne »
A la frontière, Henri est fier de l'accueil par le général Joaquin Nogueras, Jefe de la Cria Cabalar, le chef de la remonte de la cavalerie, le patron de tous les chevaux militaires en Espagne.
Un pèlerinage au service du tourisme
Le plus souvent les cavaliers furent accueillis par des foules joyeuses qui les applaudissait et reçus chaleureusement par les autorités. Des sources extérieures ont permis de savoir que parfois ces accueils ne furent pas spontanés mais fortement encouragés. Et là où les accueils furent moins riches, la presse locale ne manqua pas de les embellir.
Henri se réjouit de toutes les manifestations de sympathie et des rencontres officielles. Marc et Jean-Pierre le mirent en garde devant l'appui qu'ils apportaient ainsi au régime mais il n'en eut cure.
Hier, à Estella, c'était la réception un peu guindée des bourgeois, la Navarre intellectuelle qui nous accueillait. Aujourd'hui, à Viana, en ce jour de la Fête-Dieu, c'est la chaleur paysanne, tout le petit peuple qui nous reçoit joyeusement avec son coeur. Viva Navarra ! Viva ! De jeunes hommes montés sur leurs mules viennent à notre rencontre. Leurs bâts sont chargés de botas remplis de vin généreux, le célèbre vino tinto de Rioja, que nous buvons bien volontiers, comme eux, à la régalade.
Dans les journaux, nous occupons 3 à 4 colonnes à la une, parfois une page complète.
El bordon del Peregrino
El Bordon del Pelegrino a été construit en trente jours pour nous accueillir. C'est le premier élément d'un complexe hôtelier. Aujourd'hui, c'est une maison en pierres avec une écurie pour nos chevaux, une grande chambre où l'on a installé des lits neufs avec des draps et des couvertures pour le repos des pèlerins. A côté de ce dortoir, une vaste salle des festins avec une immense cheminée.
Pendant que nous cheminions avec nos muletiers d'escorte, nous étions doublés par des dizaines de cars remplis à craquer. Ils portaient autant de monde sur le toit qu'à l'intérieur. Tous ces braves gens de Viana nous précédaient à El Bordon pour nous faire fête.
Et pendant le repas ...
dehors, la foule chante et les Navarrais avec leur béret rouge de Carlistes attendent, leur fusil sur l'épaule. ...
Viana, l'apothéose, dans ce parador en construction que nous la trouverons, dans ce bivouac avec les requetés qui mangent, boivent et chantent avec nous. La Navarre et la France ont tant de liens communs. Nous avons besoin de connaître ce pays qui nous aime tant
L'exaltation de cette fête populaire, fut suivie par d'autres accueils - peut-être moins arrosés ? - puis vinrent la promesse de Burgos et enfin la gloire et les honneurs à l'arrivée à Compostelle.