PÈLERINER dé-CONFINÉS
Avec Denise Péricard-Méa et les Constellations Saint-Jacques
Etape n°66
Avec Denise Péricard-Méa et les Constellations Saint-Jacques
Etape n°66
Un élément d'une politique globale
Statue de saint Firmin portée en procession un 7 juillet, jour de la fête locale
Ce voyage s'inscrit dans la politique culturelle de la France en Espagne, pays où les Instituts et Lycées sont des pièces maîtresses. Jumelant religion et culture, les pèlerinages, organisés presque chaque année par Charles Pichon vers divers sanctuaires, apportèrent une contribution à cette politique. François Piétri eut à connaître un autre épisode, mêlant politique et religion, la translation des reliques de saint Firmin, d'Amiens à Pampelune, déjà acceptée durant l'ambassade de Pétain. Navarrais et patron de Pampelune, Firmin était évêque d'Amiens au VIe siècle. A sa mort, il y avait été enseveli.
Un baroud d'honneur sans ostentation sous le signe du Maréchal
L'ambassade de France à Madrid, dans le palais Arenzana, acquis par F.Piétri. (cl.L. Garcia)
Après le débarquement allié en Afrique du Nord (8 nov. 1942) et l'invasion de la zone libre en France (11 nov.), le vent tourne et Piétri louvoie entre les divisions des membres de son ambassade et de la communauté française, partagés désormais entre Vichy, Alger ( Giraud et la Résistance française) et Londres (de Gaulle et la France libre).
Rassembler les Français sous la bannière du Maréchal est une sorte de baroud d'honneur avant la grande explosion qu’il sent venir.
Le projet de voyage à Compostelle devient public en avril 1943 et génère de nombreux courriers avec le Ministère des Affaires étrangères jusqu'à l’automne. L’ambassadeur expose son projet au recteur de la paroisse Saint-Louis des Français de Madrid, le père Azémar, le 30 juillet. On sent dans ses propos son grand souci de la composition du groupe qu’il souhaite « sans limitation ». Mais il pressent des réticences.
Rassembler les Français sous la bannière du Maréchal est une sorte de baroud d'honneur avant la grande explosion qu’il sent venir.
Le projet de voyage à Compostelle devient public en avril 1943 et génère de nombreux courriers avec le Ministère des Affaires étrangères jusqu'à l’automne. L’ambassadeur expose son projet au recteur de la paroisse Saint-Louis des Français de Madrid, le père Azémar, le 30 juillet. On sent dans ses propos son grand souci de la composition du groupe qu’il souhaite « sans limitation ». Mais il pressent des réticences.
« J’aurais l’intention d’organiser à Compostelle une petite manifestation française, le 25 août prochain, jour de la fête de Saint Louis, pour honorer l’année sainte en y associant notre pays, sous le signe du plus vénéré et du plus populaire de ses rois. Le programme consisterait en une messe, dite par vous, à la chapelle Saint-Louis, de la cathédrale, en compagnie sans doute des principaux membres de l’archiconfrérie de Saint-Jacques et en présence, peut-être même, s’il veut bien y consentir, de S. E. l’évêque de Madrid ».
« Le groupe des Français se composerait de : vous et, s’il le peut, l’abbé Roque, les députés de Saint-Louis qui accepteraient de venir, le consul de la Corogne et son personnel, ainsi que les agents consulaires de Galice, le Supérieur du monastère d’Osera à qui j’écrirai spécialement, la colonie de Saint-Jacques, l’ambassadeur (et Madame) avec un ou deux de ses collaborateurs, le consul général de Madrid, M. Verdier directeur de l’Institut de Madrid et un ou deux de ses professeurs ».
« Le groupe des Français se composerait de : vous et, s’il le peut, l’abbé Roque, les députés de Saint-Louis qui accepteraient de venir, le consul de la Corogne et son personnel, ainsi que les agents consulaires de Galice, le Supérieur du monastère d’Osera à qui j’écrirai spécialement, la colonie de Saint-Jacques, l’ambassadeur (et Madame) avec un ou deux de ses collaborateurs, le consul général de Madrid, M. Verdier directeur de l’Institut de Madrid et un ou deux de ses professeurs ».
L'idée d'un cadeau
Piétri souhaite faire « cadeau d’un objet sacré à la chapelle Saint-Louis ». Le père Azémar est le premier à qui il dévoile cette idée.
Le 6 août, il informe Pierre Laval, ministre des Affaires étrangères à Vichy .
« Je souhaiterais pouvoir offrir à la confrérie un bel objet religieux ou tout autre souvenir un peu important et d’un caractère personnel au nom du Maréchal, sous le signe duquel je placerai ce pèlerinage ».
Cette idée d’un objet religieux n’est donc pas celle du Maréchal, bien qu’il n’ait pas hésité à se l’attribuer.
Deux jours plus tard, Laval télégraphie la réponse :
« Le maréchal Pétain offrira à Santiago un objet en argent, vraisemblablement un ciboire, que vous remettrez lors de votre visite officielle ».
Le 12 août, Piétri explique son espoir à Mgr Eijo Garay, évêque de Madrid :
« je crois que ce sera une belle manifestation, quoique modeste, à l’occasion de l’année sainte et une manière, dans le désordre et l’adversité actuels, de reprendre le chemin de Saint-Jacques et l’ancienne coutume de la chrétienté »
Le 13, le consul de France à la Corogne explique à Piétri que, tout compte fait, « l’archevêque estimerait préférable que la remise du cadeau destiné par le Maréchal à la cathédrale se fit par l’intermédiaire du doyen du chapitre et non par celui de l’archiconfrérie ».
Quelles susceptibilités sont en jeu ?
La presse est avertie, sans doute par les soins de Piétri : le Pueblo Gallego titre El embajador de Francia en Espana visitara en breve Santiago. Portara un donativo del mariscal Pétain para la catedral compostelana »
Le 17 août, l’attaché de presse Laffon dévoile clairement les souhaits de l’ambassadeur :
La prochaine Lettre rendra compte de la cérémonie
Quelles susceptibilités sont en jeu ?
La presse est avertie, sans doute par les soins de Piétri : le Pueblo Gallego titre El embajador de Francia en Espana visitara en breve Santiago. Portara un donativo del mariscal Pétain para la catedral compostelana »
Le 17 août, l’attaché de presse Laffon dévoile clairement les souhaits de l’ambassadeur :
« vous tenez à exploiter, sur le plan publicitaire, notre pieux voyage ».
A sa question sur la tenue, Piétri répond : « serai en veston noir. Crois inutile envisager uniforme ».
Pas d’ostentation au nom du Maréchal ! La prochaine Lettre rendra compte de la cérémonie
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Pour en savoir plus sur l'ambassade de François Piétri :
Mes années d'Espagne, 1940-1948, Librairie Plon, Paris, 1954.